"...don't be stuck in the every day reality, allow yourself to dream, have faith in your wildest dreams." [AaRON]

"Ne restez pas scotchés à la réalité quotidenne. Permettez-vous de rêver. Croyez en vos rêves les plus fous..." [AaRON]

mardi 9 décembre 2014

HENRY DAVID THOREAU, LE PREMIER ECOLO


"Go confidently in the direction of your dreams. 
Live the life you've imagined." (Henry David Thoreau)

"Allez en confiance vers vos rêves. Vivez la vie que vous avez imaginée." (Henry David Thoreau)

Henry David Thoreau est un écrivain américain qui vécut de 1817 à 1862. Il est surtout connu pour son œuvre majeure, Walden or life in the woods (Walden ou la vie dans les bois), publiée en 1854, essai où il livre ses réflexions sur une vie simple menée loin de la société, dans les bois et à la suite de sa « révolte solitaire ».

Ce livre qui le rendit célèbre fit suite à un autre, moins connu, Civil disobedience (Le livre La Désobéissance civile) (1849), qu’il écrivit en se basant en se fondant sur son expérience personnelle. En effet, en juillet 1846, il avait été emprisonné pour avoir refusé de payer un impôt à l'État américain. Par ce geste, il entendait protester contre l'esclavage qui régnait alors dans le Sud des Etats-Unis et la guerre contre le Mexique. Il ne passe qu'une nuit en prison, car son entourage paie la caution, ce qui le rend furieux. Ce livre, dans lequel il défend l'idée d'une résistance individuelle à un gouvernement jugé injuste, est considéré comme à l'origine du concept contemporain de « non-violence ».

Thoreau n’était pas qu’un doux rêveur comme le pensent trop facilement ceux qui ont lu (ou juste feuilleté) Walden. Il s’est engagé toute sa vie pour les causes qu’il estimait justes : en priorité l’esclavage, bien entendu, faisant des conférences et militant contre les lois sur les esclaves évadés et capturés, louant le travail des abolitionnistes et surtout de John Brown,  mais aussi en faveur de la nature. Thoreau se veut un observateur attentif de la nature et ce surtout dans ses dernières années durant lesquelles il étudie des phénomènes aussi variés que les saisons, la dispersion des essences d'arbres ou encore la botanique. Les différents mouvements écologistes ou les tenants de la décroissance actuels le considèrent comme l'un des pionniers de l'écologie car il ne cesse de replacer l'homme dans son milieu naturel et appelle à un respect de l'environnement.  

dimanche 30 novembre 2014

EXHIBIT B : ART OU STUPIDE PROVOCATION ?



Je pense être quelqu'un de très ouvert aux idées nouvelles, en particulier en art, mais je n'aime pas qu'on essaie de me faire prendre des vessies pour des lanternes. Certes, l'art a toujours intégré une part de provocation : ce fut, en particulier le cas des surréalistes comme Magritte ("Ceci n'est pas une pipe"), Dali, ou Picasso que j'adore ou Duchamp et sa pissotière érigée en oeuvre d'art, où il se fiche manifestement du monde. Mais réduire Duchamp à cette "œuvre" que l'on nous ressert systématiquement à son sujet, est par trop réducteur car il a aussi été un grand artiste avant-gardiste.
Mais Exhibit B, "l'oeuvre" qui est présentée en ce moment au Théâtre Gérard Philippe à St. Denis, me choque.
Pour ceux qui ne seraient pas au courant de son contenu, en voici la présentation qui en est faite sur le site même du théâtre :
"Exhibit B est une installation-performance de l’artiste sud-africain Brett Bailey.
« Exhibit » comme « exhibition » bien sûr, mais aussi pour ce que le terme signifie littéralement : « pièce à conviction ». Série de tableaux vivants évoquant, pour mieux les critiquer, le modèle des zoos humains, l’ensemble fait écho aux expositions ethnographiques et au racisme scientifique qui ont proliféré dès les années 1850 dans les pays colonialistes. Par un voyage dans le temps, Brett Bailey convoque les atrocités commises en Afrique et interroge les politiques actuelles envers les immigrés africains en Europe. Cette proposition d’une grande force plastique et politique est une expérience déroutante et rare pour le spectateur, questionnant son statut même. Ici, aucun objet n’instaure de distance entre celui qui contemple et celui qui est contemplé. C’est, en son principe, le regard posé sur l’altérité qui est réexaminé.
Pour cette série au TGP, Brett Bailey a recruté sept performeurs habitant l'Île-de-France." Il faut préciser en outre que cette exhibition bénéficie du soutien de la Cimade.
Je n’épiloguerai pas sur les raisons qui me font détester ce genre de manifestations. Voici simplement le message que j’ai écrit sur le mur Facebook de D. Gnammankou, chef de file des opposants à cette manifestation. M. Gnammankou est directeur des éditions Dagan, maison parisienne spécialisée sur l’Afrique, et, comme moi, ancien élève de l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales.

« Je ne suis pas noir mais, très sensibilisé par tout ce qui touche les droits de l'homme, quelle que soit son appartenance ethnique, politique ou religieuse. J'ai été très choqué par l'annonce de cette "exposition" et j'ai signé votre pétition. Les reportages que j'en ai vus n'ont fait que me conforter dans cette idée. Même si le propos de "l'artiste" est soi-disant antiraciste (du moins dans son esprit), je ne vois pas en quoi ce genre d'exhibition d'un autre âge peut faire évoluer les mentalités de ceux qui le sont. En outre, le théâtre Gérard Philippe, en se rendant complice de ce genre de discours n'honore pas la mémoire de ce grand acteur que j'admire par-dessus tout. Je ne suis pas à sa place mais je me demande bien ce qu'il aurait pensé de cela. Bien cordialement à vous et à tous ceux qui se sont érigés contre cette manifestation stupide et dangereuse. Roland Comte (Ardèche) »

jeudi 27 novembre 2014

STOP VIOLENCE !

Stop violence against animals is stop violence against humanity. STOP IT, NOW, PEASE for the love of animals, for the love of humanity !

vendredi 21 novembre 2014

"DIAMONDS" BY JOSEF SALVAT



A l'origine cette chanson, écrite par Sia Furler, Benjamin Levin, Mikkel S. Eriksen et Tor Erik Hermansen, est interprétée par la chanteuse barbadienne Rihana et figure sur son 7ème album Unapologetic, sorti en 2012. Elle s'est immédiatement classée en tête des charts internationaux. Elle a été reprise par la marque Sony pour illustrer son clip télé "Bulles" réalisé à l'occasion du lancement de son nouveau téléviseur Sony Ultra HD 4 K. L'interprète du clip Sony est un chanteur récemment apparu, Josef Salvat. Ce nouveau venu de la scène pop est Australien, malgré son nom d'origine catalane. Originaire de Sydney, il a abandonné ses études de droit pour venir enregistrer à Londres.  Les Inrocks le présentent comme un "crooner à la voix blessée" chantant sur des "ambiances electro-instrumentales en clair-obscur."

mercredi 22 octobre 2014

DECES DE CHRISTOPHE DE MARGERIE (PDG DE TOTAL)




Dussé-je choquer mes lecteurs, je ne joindrai pas au concert de louanges que l'on a lues ou entendues depuis la mort accidentelle de Christophe de Margerie, annoncée hier, dans le crash de son avion privé sur un aéroport russe. 

Je ne connaissais de l'homme que ce qu'en ont montré les médias lors des différents scandales qui ont émaillé sa présidence à la tête de Total et dont nous ne rappellerons que les plus graves :

 raffinerie de Donges, 2008; AZF, 2001; delta du Niger, lobbying pour l'extraction des gaz de schistes, scandales "Pétrole contre nourriture"; Birmanie, etc.) 

- collusion avec le régime d'Omar Bongo au Gabon
- scandale "Pétrole contre nourriture" avec l'Irak (années 1990)
- collaboration avec la junte militaire birmane (depuis 1999)
- marée noire de l'Erika (1999)
- explosion d'AZF (2001)
- scandale iranien (1996-2003)
- pollution Cray Valley (2009)
- corruption en Libye
- pollution du delta du Niger
- lobbying acharné pour l'exploitation des gaz de schistes

A cela, il faut ajouter les savants montages financiers qui permettent à Total, entreprise dont le siège social est en France, de n'avoir payé, en 2009 et 2010, aucun impôt sur les sociétés dans notre pays malgré un profit de 10 milliards d'euros ! 

On nous objectera que M. de Margerie n'est PDG de Total que depuis 2010 et qu'il a hérité d'une longue tradition d'affaires en tout genre de son prédécesseur Thierry Desmarest. Mais c'est un peu trop vite oublier que, sous la présidence de Th. Desmarest (1995-2007), C. de Margerie n'était peut-être pas PDG mais directeur général avant de devenir PDG. 

Alors, les hommages qui lui ont été rendus par le président de la République et les principaux  responsables politiques français, qui ne peuvent pas ne pas connaître tout cela sont purement et simplement indécents.

Gérard Filoche, ancien syndicaliste, devenu député PS a dit, dans un tweet polémique et, depuis, on assiste à une curée en règle contre lui. Sans doute son tweet aurait mérité d'être plus réfléchi et ses propos pesés mais, sur le fond, je lui donne raison car Christophe de Margerie était tout sauf un honnête homme :

- "un citoyen engagé, un champion français" (Emmanuel Macron)
- "un généreux mécène" (François Hollande)
- "Un personnage chaleureux et amical" (Michel Sapin)

pour ne citer que ceux-là. 

En ce qui me concerne, j'ai plutôt envie d'honorer la mémoire aux victimes humaines de toutes les pratiques criminelles du groupe Total, aux saccages environnementaux dont il est responsable, non seulement en France mais à l'étranger. Je ne pense pas, hélas, que son successeur gèrera la multinationale avec plus de respect ni pour les victimes ni pour l'environnement mais je ne pense pas non plus qu'il soit justifié, pour nos responsables politiques, d'ériger en saint un homme qui n'était, ni plus ni moins qu'un des fers de lance les plus aiguisés du capitalisme le plus cynique et le plus prédateur.    


samedi 11 octobre 2014

MALALA PRIX NOBEL DE LA PAIX 2014




Le Comité Nobel vient, une nouvelle fois, de faire preuve d'intelligence (cela n'a pas toujours été le cas, hélas*), en décernant le Prix Nobel de la Paix 2014 à Malala Yousafzaï, la jeune pakistanaise de 17 ans qui, en raison de son engagement pour l'éducation des jeunes filles, avait reçu, il y a deux ans, une balle dans la tête alors qu'elle était dans le bus scolaire qui la ramenait de l'école. Dans le coma, entre la vie et la mort, la jeune fille avait été évacuée dans un hôpital de Birmingham, en Angleterre, où elle reprit conscience six jours plus tard. Un miracle dont, dans son autobiographie sobrement intitulée « Moi, Malala », qui est devenue un bestseller mondial, elle a remercié Allah.

Son histoire a bouleversé une partie de l'opinion publique, y compris dans son pays. Depuis cinq ans, la plus jeune femme jamais nobélisée a fait de l'école pour tous – filles et garçons – son combat. Dans son livre, comme elle l'avait fait dès 2009 sous pseudonyme sur le blog en ourdou de la BBC "Journal d'une écolière pakistanaise", Malala Yousafzaï témoigne de l'emprise de talibans dans sa vallée pakistanaise. Elle y évoque notamment les flagellations publiques, la destruction des écoles pour filles, l'interdiction de la télévision, de la danse et de la musique. Jusqu'à la décision de sa famille de fuir en 2009, comme un million d'autres personnes, alors que des combats font rage entre talibans et troupes pakistanaises. Réfugiée en Grande-Bretagne où elle a pu retrouver une vie normale, Malala a poursuivi son combat. Invité, le 12 juillet 2013, à prendre la parole à la tribune de l'ONU, elle y a déclaré que "les extrémismes ont peur des livres et des stylos. Le pouvoir de l'éducation les effraie". Son discours fut salué par une standing ovation. Un an avant de recevoir le Nobel, Malala Yousafzaï recevait le Prix Sakharov pour la liberté de pensée, remis par le Parlement européen. Au micro de France Inter, elle traçait ainsi son avenir : "Je deviendrai Premier ministre du Pakistan et j'œuvrerai à l'éducation de chaque enfant". Son héroïne s'appelle Benazir Bhutto, ancienne Premier ministre pakistanaise. L'histoire de Malala ne fait que commencer.

Le co-lauréat du Prix Nobel 2014 est Kailash Satyarthi, militant indien du droit des enfants et du droit à l'éducation, qui a fondé en 1980 l'association Bachpan Bachao Andolan, « Mouvement pour sauver l'enfance » grâce à laquelle de nombreuses familles de l'esclavage dans les usines où elles devaient travailler pour rembourser leur prêt. Il est devenu avocat du droit des enfants. Il est aussi à la tête de la Global March Against Child Labor, « Marche mondiale contre le travail des enfants ».

* Rappelons quelques jolis ratages :

- Kissinger (1973)
- Rabin (1994)

- ou même Barack Obama (2009) 

CINEMA : LES AILES DU DESIR de Wim Wenders


J'ai repris, dans mon nouveau blog cinéma, un article que j'avais publié en 2011 sur le merveilleux film de Wim Wenders, Les ailes du désir. Si vous l'avez vu, vous n'avez pas oublié que les héros en sont deux anges qui sont les témoins impuissants de la vie des humains qu'ils contemplent depuis les hauteurs de Berlin.
Si vous ne l'avez pas encore vu, je vous conseille de le voir sans tarder. Ce film est une pure merveille de poésie et de nostalgie.

dimanche 28 septembre 2014

CINEMA : "NOS ETOILES CONTRAIRES"



Cela faisait plusieurs mois que je n'étais pas allé au cinéma car aucun des films qui étaient programmés ici ne m'avait emballé.

Je voudrais vous parler aujourd'hui d'un  film magnifique que je viens de voir : "Nos étoiles contraires" de Josh Boone. Ce film vient de sortir mais je ne sais pas s'il restera longtemps à l'affiche. En effet, le jour où je l'ai vu, nous étions deux dans la salle (il faut dire qu'il était en VO), mais tout de même !

Lire la présentation et la critique complète sur mon site cinéma Cinérock07.

"DITES A TOUT LE MONDE CE QUE JE SUIS DEVENUE"


Photo de Camille Claudel à 20 ans, auteur inconnu, 1884 

Mon amie Mireille Laporte, qui vit en Italie et avec qui nous communiquons via Facebook, a mis en ligne cette lettre datée du 15 juin 1918, qu'écrivit Camille Claudel, alors internée à l'asile d'aliénés de Montfavet (Vaucluse) au Dr. Michaux pour lui demander d'intervenir pour la faire libérer. 

Cette émouvante lettre, "véritable cri de souffrance et appel au secours pour fuir la misère sordide qui l’étouffe et finalement, l’emportera" a d’abord été publiée sur le site de Des Lettres puis, reprise sur celui du Nouvel Observateur/Rue89. 

Monsieur le Docteur,

Vous ne vous souvenez peut-être plus de votre ex-cliente et voisine, Mlle Claudel, qui fut enlevée de chez elle le 13 mars 1913 et transportée dans les asiles d’aliénés d’où elle ne sortira peut-être jamais.

Cela fait cinq ans, bientôt six, que je subis cet affreux martyre.

Je fus d’abord transportée dans l’asile d’aliénés de Ville-Evrard puis, de là, dans celui de Montdevergues près Montfavet (Vaucluse).

Inutile de vous dépeindre quelles furent mes souffrances.

J’ai écrit dernièrement à monsieur Adam, avocat, à qui vous aviez bien voulu me recommander, et qui a plaidé autrefois pour moi avec tant de succès ; je le prie de vouloir bien s’occuper de moi.
Mais dans cette circonstance, vos bons conseils me seraient nécessaires car vous êtes un homme de grande expérience et, comme docteur en médecine, très au courant de la question. Je vous prie donc de vouloir bien causer de moi avec monsieur Adam et de réfléchir à ce que vous pourriez faire pour moi.

Du côté de ma famille il n’y a rien à faire ; sous l’influence de mauvaises personnes, ma mère, mon frère [Paul Claudel] et ma sœur n’écoutent que les calomnies dont on m’a couverte.
On me reproche (ô crime épouvantable) d’avoir vécu toute seule, de passer ma vie avec des chats, d’avoir la manie de la persécution ! C’est sur la foi de ces accusations que je suis incarcérée depuis cinq ans et demi comme une criminelle, privée de liberté, privée de nourriture, de feu et des plus élémentaires commodités.

J’ai expliqué à monsieur Adam, dans une longue lettre, les autres motifs qui ont contribué à mon incarcération ; je vous prie de la lire attentivement pour vous rendre compte des tenants et aboutissants de cette affaire.

Peut-être pourriez-vous comme docteur en médecine user de votre influence en ma faveur. Dans tous les cas, si on ne veut pas me rendre ma liberté de suite, je préfèrerais être transférée à la Salpêtrière ou à Sainte-Anne ou dans un hôpital ordinaire, où vous puissiez venir me voir et vous rendre compte de ma santé.

On donne ici pour moi 150 francs par mois et il faut voir comme je suis traitée : mes parents ne s’occupent pas de moi et ne répondent à mes plaintes que par le mutisme le plus complet, ainsi on fait de moi ce qu’on veut. C’est affreux d’être abandonnée de cette façon, je ne puis résister au chagrin qui m’accable.

Enfin j’espère que vous pourrez faire quelque chose pour moi et il est bien entendu que si vous avez quelques frais à faire, vous voudrez bien en faire la note et je vous rembourserai intégralement.

J’espère que vous n’avez pas eu de malheur à déplorer par suite de cette maudite guerre, que monsieur votre fils n’a pas eu à souffrir dans les tranchées et que madame Michaux et vos deux jeunes filles sont en bonne santé.

Il y a une chose que je vous demande aussi : c’est, quand vous irez dans la famille Merklen, de dire à tout le monde ce que je suis devenue.

Maman et ma sœur ont donné l’ordre de me séquestrer de la façon la plus complète, aucune de mes lettres ne part, aucune visite ne pénètre.

A la faveur de tout cela, ma sœur s’est emparée de mon héritage et tient beaucoup à ce que je ne sorte jamais de prison. Aussi je vous prie de ne pas m’écrire ici et de ne pas dire que je vous ai écrit, car je vous écris en secret contre les règlements de l’établissement et si on le savait, on me ferait bien des ennuis !

Si quelquefois, vous croyez possible de venir me voir, comme mon docteur, cela me ferait bien plaisir de causer avec vous ; en vous adressant au docteur Clément, il vous donnerait l’autorisation.
Enfin je m’en remets à votre sagesse et à votre inspiration ; mais je n’y compte pas beaucoup car ici c’est bien loin et vous êtes toujours si occupé que je doute que vous puissiez entreprendre un pareil voyage.

Je vous en prie : faites tout ce que vous pourrez pour moi car vous m’avez montré plusieurs fois que vous aviez beaucoup de prudence et j’ai bien confiance en vous.
Recevez, monsieur le Docteur, mes meilleurs souvenirs

C. Claudel

Je dois vous mettre en garde contre les balivernes dont on se sert pour prolonger ma séquestration. On prétend que l’on va me laisser enfermée jusqu’à la fin de la guerre ; c’est une blague et un moyen de m’abuser par de fausses promesses car cette guerre-là n’est pas pour finir et d’ici-là je serai finie moi-même. Ah ! si vous saviez ce qu’il faut endurer ! C’est à faire frémir ! Si quelquefois je ne pouvais plus vous écrire, veuillez tout de même ne pas m’abandonner et agir si vous pouvez le plus tôt possible.

Ce qui gêne dans cette circonstance, c’est l’influence secrète des étrangers qui se sont emparés de mon atelier et qui tiennent maman dans leurs griffes pour l’empêcher de venir me voir."

Ce véritable appel au secours d'une femme qui avait visiblement toute sa raison, n'eut pas l'impact souhaité par son auteur puisqu'elle mourut en 1943, vraisemblablement de malnutrition, dans ce terrible endroit où elle vécut 30 ans d'enfer.  

Pourtant, dès le mois suivant son internement, une grande campagne de presse dénonçant les conditions arbitraires de sa "séquestration légale" mais rien n'y fit, même pas l'intervention d'Auguste Rodin qui lutta jusqu'à sa mort, en 1917, pour la faire libérer. La loi du 30 juin 1838 sur les aliénés qui rendait possible l'internement arbitraire pour raison psychiatrique à l'initiative de la famille ou d'une autorité quelconque, n'a été modifiée qu'en 1968 mais est malgré tout restée en vigueur jusqu'à l'adoption d'une nouvelle loi, le 27 juin 1990 !


mardi 23 septembre 2014

IRAN : 91 COUPS DE FOUET POUR UN CLIP VIDEO !

Six mois de prison et 91 coups de fouet pour avoir dansé sur “Happy” de Pharrell Williams
L’été dernier, la chanson “Happy” (Heureux) de Pharrell Williams avait fait un tabac  dans le monde entier… Pour leur malheur, elle a aussi donné l’idée à six jeunes iraniens de poster une vidéo sur internet où ils ne faisaient rien de plus grave que de chanter et de danser sur la musique de la chanson. Malheureusement pour eux, cela n’a pas plu aux arriérés qui dirigent l’Iran. Six d’entre eux sont condamnés à six mois de prison et 91 coups de fouet, et le septième à un an de prison en plus des 91 coups de fouet. La raison d’une telle punition, une jeune femme apparaît sur la vidéo vêtue à l’occidentale ! 

Amnesty International s’est élevé contre la condamnation. Heureusement, leur vie n’est pas menacée pour l’instant puisque la condamnation est suspendue pour une durée de trois ans mais elle peut être appliquée si la moindre offense similaire est commise.

Au cours de leur détention, les sept jeunes ont été forcés de s’excuser sur une chaîne de télévision nationale pour avoir diffusé ce qui a été qualifié de “clip vulgaire offensant la chasteté publique” par le chef de la police iranienne. Au cours d’une interview avec Masih Alinejad, journaliste iranienne exilée à Londres, le frère de l’une des jeunes filles de la vidéo rapporte que les autorités iraniennes ont pénétré dans leur demeure familiale, attaqué sa sœur et confisqué ses possessions, dont son ordinateur et son téléphone. L’interview, menée sur le site Soundcloud, a été retranscrite et traduite sur le site de Dazed : “La vidéo a été tournée pour mettre en scène le bonheur. Ce n’était même pas fait dans le but d’oublier les problèmes du pays, mais juste pour montrer qu’il faut apprécier les moments positifs que nous offre la vie.”

Quant à l’auteur de la chanson, Pharrell Williams, il a déclaré sur sa page Facebook se sentir “plus que triste que ces gamins aient été arrêtés pour avoir essayé de diffuser le bonheur″.

Merci aux Inrocks pour l'information en grande partie issue de l'article signé Fleur Burlet. 

QUI VEUT PRENDRE LA DEFENSE DE M. CHAT ?

M. Chat au Centre Pompidou

M. CHAT (« Monsieur Chat ») est la création graphique du graffeur Thoma Vuille. Cet artiste de street art franco-suisse est né à Boudry dans le canton de Neuchâtel le 16 juillet 1977. Il est le créateur du personnage de M. CHAT, un chat jaune orangé réalisé à la peinture acrylique dans une démarche alliant optimisme, transgression et culture de proximité. Ce personnage énigmatique arbore toujours un énorme sourire. À partir de 2003, des ailes blanches lui poussent sur le dos. Il est généralement peint sur des murs, à des endroits inaccessibles. Les premières apparitions de M. Chat remontent à 1997 dans les rues d'Orléans où, en 2003, Thoma Vuille a créé l’espace d’art contemporain Galerie Wall (aujourd’hui fermé).  En France, outre Orléans, on a pu voir M. Chat sur les murs de Rennes, Nantes, Tours, Trouville-sur-Mer, Blois, La Rochelle, l'Île de Ré, Sète, Saint-Étienne, Hénin-Beaumont.  M. Chat est aussi célèbre à l’étranger. On retrouve son sourire espiègle dans de nombreux s pays européens (Angleterre, Allemagne, Espagne, Pays-Bas, Suisse, Bosnie Herzégovine...) mais aussi à New York, Hong Kong, Macao, Séoul, Hué, Dakar, etc.

Récemment, la RATP qui ne se singularise pas par son humour, lui a fait un procès pour avoir tagué lastation du métro Châtelet à Paris. Elle lui réclame 1800 € de dommages et intérêt pour dégradation d’un mur… Comble du ridicule, le mur de plâtre qui a été joliment décoré par un M. Chat hilare est en réfection et doit être prochainement recouvert de carreaux de faïence !

Si vous voulez prendre la défense de M. Chat, signez la pétition sur Change.org (déjà 18000 signatures, dont la mienne !)


vendredi 12 septembre 2014

L'IMAGINATION SELON ALBERT EINSTEIN


Auteur anonyme


Extrait du Carnet noir.

Phrase, entendue dans la série fantastique Teen Wolf (29/08/2014) :

"Imagination is more important than knowledge" 
(Albert Einstein)

[L'imagination est plus importante que la connaissance - ou le savoir]

jeudi 11 septembre 2014

SIMON & GARFUNKEL : SCARBOROUGH FAIR



Scarborough fair (La foire de Scarborough)

Are you going to Scarborough Fair?

Vas-tu à la foire de Scarborough ?

Parsley, sage, rosemary & thyme

Persil, sauge, romarin et thym

Remember me to one who lives there

Rappelle-moi au souvenir de celle que tu y trouveras

She once was a true love of mine

Un jour, elle fut l'amour de ma vie

Tell her to make me a cambric shirt

Dis-lui de me faire une chemise de batiste (1)

(On the side of a hill in the deep forest green)

Sur la pente d’une colline, au plus profond de la forêt

Parsley, sage, rosemary & thyme

Persil, sauge, romarin et thym

(Tracing a sparrow on snow-crested ground)

(J’ai suivi les traces d’un moineau dans la neige)

Without no seams nor needlework

Sans couture ni travaux d’aiguille (2)

(Blankets and bedclothes a child of the mountains)

(Couvertures et draps, un enfant des montagnes...)

Then she'll be a true love of mine

Alors elle redeviendra le seul amour de ma vie

(Sleeps unaware of the clarion call) 

(... dort inconscient de l’appel du clairon) (3)

Tell her to find me an acre of land 

Dis-lui de me trouver une acre de terre (4)

(On the side of a hill, a sprinkling of leaves)

(Sur la pente de la colline, une fine couche de feuilles)

Parsley, sage, rosemary, & thyme

Persil, sauge, romarin et thym

(Washed is the ground with so many tears)

(Le sol est délavé par tant de larmes)

Between the salt water and the sea strand

Entre l’eau salée et la grève

(A soldier cleans and polishes a gun)

(Un soldat nettoie et polit son arme)

Then she'll be a true love of mine

Alors, elle redeviendra le seul amour de ma vie

Tell her to reap it in a sickle of leather

Dis-lui de faire la récolte avec une faucille en cuir (5)

(War bellows, blazing in scarlet battalions)

(La guerre mugit, explosant en bataillons sanglants)

Parsley, sage, rosemary & thyme

Persil, sauge, romarin et thym

(Generals order their soldiers to kill)

(Les généraux ordonnent à leurs soldats de massacrer)

And to gather it all in a bunch of heather

Et de lier la récolte avec un brin de bruyère)

(And to fight for a cause they've long ago forgotten)

(Et de lutter pour une cause qu'ils ont oubliée depuis longtemps)

Then she'll be a true love of mine

Alors, elle redeviendra le seul amour de ma vie

Are you going to Scarborough Fair?

Vas-tu à la foire de Scarborough ?

Parsley, sage, rosemary & thyme

Persil, sauge, romarin et thym

Remember me to one who lives there

Rappelle-moi au souvenir de celle qui y habite

She once was a true love of mine.

Un jour, elle fut le seul amour de ma vie.

(1) La batiste est une fine toile de lin ou de coton, utilisée pour réaliser des chemises.  
(2) Une chemise de batiste sans couture : un linceul.
(3) "Dort inconscient de l'appel du clairon" : Le soldat est mort sur le champ de bataille. Il n'entend plus le clairon. 
(4) Une acre est une unité de mesure très ancienne encore usitée dans les pays anglo-saxons. Elle vaut 40,47 ares soit 4047 m². On pense qu'elle vient de l'ancienne mesure romaine correspondant probalement à la surface d'un champ (aecer) que l'on pouvait labourer en un jour. 
(5) Comme la chemise de batiste sans couture, il est impossible de moissonner avec une "faucille en cuir", ou de lier une récolte avec un brin de bruyère.  

Histoire et sens de la chanson

« Scarborough Fair » est, à l’origine, une chanson traditionnelle anglaise. Simon et Garfunkel l’ont rendue célèbre en la reprenant sur leur album « Parsley, Sage, Rosemary and Thyme » publié en 1966. « Scarborough Fair » date de la fin du Moyen Âge. 

Au XVe siècle, la commune de Scarborough était célèbre pour sa grande foire annuelle qui commençait le 15 août et  durait plus d’un mois. La chanson se compose de deux parties. Dans la première partie, l'homme prétend imposer une tâche impossible à la femme (faire une chemise sans couture, moissonner avec une faucille en cuir, attacher la récolte avec un brin de bruyère, etc.) car il sait que son amour est perdu à jamais. La deuxième partie (Oh will you find me an acre of land, plough it, sow it, reap it, … "Trouve-moi une acre de terre, laboure-la, sème-la, récolte-la…") est la réponse, moqueuse, de la jeune-femme aux exigences de son fiancé. Mais les herbes citées comme un refrain (persil, sauge, romarin et thym) évoquent la mort.  En effet, au Moyen-âge, le persil était associé à l'au-delà ; les Grecs l'utilisaient lors des cérémonies funéraires car ils croyaient que cette plante poussait seulement là où le sang du jeune Archémore avait été répandu lorsqu'il fut tué par un serpent. La sauge, quant à elle, était associée à l'immortalité. Le romarin, lui, était censé éloigner les mauvais esprits et les mauvais rêves. Le thym, enfin, était symbole de courage. 

C'est certainement le sens profond d'une chanson qui, malgré son air enjoué, est beaucoup plus profonde qu'il y paraît. L'album sur lequel se trouve la chanson est sorti en 1966. Les allusions au soldat, au combat et à la mort n'existent pas dans le texte original et ont été ajoutées par Simon & Garfunkel par référence à la guerre du Viet Nâm dans laquelle les Etats-Unis entrèrent en 1965 et qui traumatisa toute une génération. Leur analyse nous met sur la voie : De la colline où il est mort, voyant passer un marchand qui se rend à la foire de Scarborough, le jeune soldat lui demande de dire à sa bien-aimée (au seul amour de sa vie qu'il ne reverra pas) de lui préparer une chemise sans coutures (un linceul) et de lui procurer une acre de terre (pour enterrer son corps), qu’elle labourera, sèmera et arrosera de ses larmes ("Washed is the ground with so many tears").   

[RC avec l'aide de Maryse M.]

CARNET NOIR : LE RÊVE PAR OSCAR WILDE


Extrait de mon Carnet noir

Voici une citation que j'ai entendue dans un film de Yann Samuell  vu sur France 2 le 8 Juillet 2014. Le film s'intitulait l'Age de raison. Sophie Marceau y prononçait cette phrase qu'elle attribuait à Oscar Wilde:

"Il est important d'avoir des rêves assez grands pour ne pas les perdre de vue."  

En fait, la citation exacte serait "Wisdom means to have sufficiently big dreams so as not to lose sight of them while pursuing them." 

Autrement dit : La sagesse consiste dans le fait d'avoir des rêves suffisamment grands pour qu'on ne puisse pas les perdre de vue lorsqu'on les poursuit." (Mais, malgré mes recherches, je n'ai pas réussi à identifier l'oeuvre d'où cette citation était tirée.)

lundi 8 septembre 2014

"NOUS AVONS TREBUCHE DANS LE TEMPS..."


Illustration provenant du site "La Taverne de l'étrange"

Je viens de terminer la lecture de "Demain" de Guillaume Musso où le héros, Matthew, qui vit à Boston, achète un ordinateur d'occasion qui le met en communication avec Emma, une jeune new-yorkaise. Mais le hic, c'est que si Emma vit en 2010, Matthew, lui, vit en 2011.

J'ai toujours été passionné par le temps, le décalage temporel, et les nouvelles technologies. Dans ce livre, j'ai relevé une phrase en particulier que je vous livre :

"Pas plus que vous, je ne suis en mesure de comprendre cette distorsion du temps. Sans doute y a-t-il des phénomènes qui résistent à toute explication logique ou scientificque et c'est ce que nous expérimentons tous les deux. 
"Nous avons 'trébuché' dans le temps, comme disait Einstein." 

J'aime beaucoup cette idée de "trébucher dans le temps". Je ne sais pas vraiment si Einstein l'a utilisée mais j'ai envie d'approfondir.

Il y a quelques années, j'avais lu un roman de Jacques Attali qui s'intitulait "Au-delà de nulle part" qui mettait en scène un jeune scientifique américain recevant sur sa messagerie électronique, un e-mail émis depuis l'avenir, le mettant en garde contre la destruction de la planète par une comète qui devait frapper la terre, entraînant la destruction de toute civilisation. J'avais lu et relu ce livre plusieurs dois tant il m'avait passionné et j'avais même écrit à l'auteur (qui m'avait répondu) pour le féliciter.

En faisant une rapide recherche sur Internet à partir des mots-clé "Einstein" et "Trébucher dans le temps", je suis tombé sur cet article dont je transcris cet extrait :

"Utopie fascinante ou une réalité à venir… ? En août 1901, deux Anglaises, Miss Moberly et Miss Jourdain décident de visiter Versailles pour la première fois. Elles se dirigent ainsi vers les jardins du Petit Trianon, où se trouve le fameux Hameau de la Reine. Elles parcourent les allées ombragées, tout en croisant de nombreux visiteurs. C’est alors qu’elles vont connaître une aventure extraordinaire qui va bouleverser leur vie. En effet, les deux Anglaises vont franchir les barrières du temps et se retrouver à l’époque de Louis XVI et de Marie-Antoinette, en 1789. Puis, un deuxième voyage dans le temps reproduit le même phénomène, lorsque Miss Jourdain retourne à Versailles, le 21 janvier 1902.
Cocteau écrira : « leur aventure est sans doute la plus considérable de toutes les époques et il est dommage que la science répugne à ces phénomènes exceptionnels, car sinon elle en éclairerait considérablement sa lanterne ». « Il paraîtrait, écrit encore Cocteau, qu’une récente découverte apporte la preuve que le kiosque vu par les dames d’Oxford aurait été prévu et jamais exécuté par le jardinier paysagiste anglais de la reine Marie-Antoinette, en 1789. Cela compliquerait l’énigme et lui vaudrait un intérêt nouveau, celui du libre arbitre en tant que possibilités diverses composant la matière fixe que l’espace et le temps nous découlent. Ce qui aurait pu être ou ce qui pourrait être possédant de par ce principe, la même puissance projective que ce qui a été ou que ce qui est ».
Avec cette hypothèse, le débat va plus loin, puisqu’il admettrait l’existence visuelle du kiosque décrit avec précision par les demoiselles, que celui-ci ait été ou non matérialisé. Interrogé, paraît-il, sur l’histoire de ces deux Anglaises, Einstein aurait répondu : « Alors, si c’est vrai, elles ont trébuché dans le temps ! » Ainsi pour lui, on peut « trébucher dans le temps comme on rate une marche d’escalier ». Il peut donc arriver que des personnages du passé viennent ainsi s’égarer dans notre présent et parmi nous. (…) »


[Extrait de l’article non signé « Le voyage dans le temps » 6 avril 2012 publié sur le site La Taverne de l’étrange]

jeudi 7 août 2014

DES PRECISIONS SUR LE CLIP "LE VENT NOUS PORTERA" DE NOIR DESIR


Clip de la chanson de Noir désir « Le vent nous portera »

Le clip qui accompagne la chanson a beaucoup intrigué. Depuis que j'ai créé ce post, en 2008, j'ai reçu de très nombreux commentaires dont je n'ai gardé que certains (voir ci-dessous "commentaires"). Beaucoup de lecteurs m'ont posé des questions auxquelles je n'ai pas su répondre : lieu du tournage, nom de l'enfant, etc. Jusqu'au modèle de robe que porte l'actrice... Voici la meilleure synthèse que j’ai pu, à ce jour, rédiger. Si vous détenez des éléments que je n’aurais pas  pu trouver, des précisions ou si vous souhaitez rectifier des erreurs que j’aurais pu commettre, écrivez-moi.

Présentation

Le vent nous portera est une chanson du groupe Noir Désir sortie le 28 août 2001 en single et publiée sur l'album Des visages des figures le 11 septembre 2001, le jour même des terribles attentats du World Trade Center. Le vent nous portera est le premier titre sorti en single après six semaines de diffusions régulières sur les radios Oui FM, RTL2 et Europe 2 à partir du 18 juillet. Ce titre, sur lequel participe Manu Chao à la guitare et Akosh Szelevényi à la clarinette basse, marque un renouvellement stylistique du groupe avec une musique plus apaisée, moins rock, ce qui a été reproché au groupe par les puristes mais l’a au contraire paradoxalement imposé auprès du grand public. Le titre est accompagné sur la face B d'un morceau instrumental Moriyn Moriyn. Ce single est le plus vendu de l'histoire du groupe avec plus de 250 000 exemplaires vendus obtenant le label Disque d'or.

Le clip

Réalisé par le duo Alex et Martin (Alexandre Courtes et Martin Fougerol), actuellement séparé, et produit par Robin Accard, le clip, d’une facture très classique mais au contenu énigmatique, a beaucoup fait pour le succès de la chanson.

Sur une plage de sable, on voit une jeune femme emportée par le vent, sous les yeux impuissants d’un jeune garçon.  Il existerait une version moins sombre à ce clip, où le garçon retrouve la jeune femme mais nous n'avons jamais pu la visionner, la seule semblant exister étant la plus tragique : dans le clip, la jeune femme disparaît, laissant le jeune garçon seul, désemparé, sur la plage. L’actrice qui joue le rôle de la jeune femme est Rebecca Hampton, une actrice devenue célèbre pour son rôle de Céline Frémont dans l’inusable série de FR3 « Plus belle la vie ». Dans le clip, elle est brune alors qu’elle est naturellement blonde. Le clip a été récompensé comme « Vidéo-clip de l’année » aux Victoires de la Musique 2002.

Description du clip

Les premières images ne laissent en rien deviner la fin terrible du clip : elles représentent une plage  que le vent balaie, révélant la couverture d’un livre enfoui dans le sable. Le vent s'intensifie. Sous la force du vent, la couverture s’ouvre et les feuilles défilent. Un premier dessin en noir et blanc représentant deux jeunes gens apparaît furtivement puis un second dessin, une ébauche de paysage de dunes qui va se transformer en un paysage réel et coloré. A l’horizon, une jeune femme, tenant un jeune garçon par la main, apparaît. La femme tient un cabas avec des affaires de plage. Le jeune garçon, souriant, lui lâche la main et court joyeusement vers la mer pendant qu’elle dispose la natte à l’abri d’une dune. Puis elle rappelle le garçon qui fait des allers-retours sur la plage afin de lui donner ses jouets, un seau et une pelle. Ils se serrent tendrement dans les bras puis le garçon repart vers la plage avec ses jouets pendant que la jeune femme sort un livre de son cabas et s’installe pour lire. Pendant ce temps, le garçon commence à creuser le sable.  Au bout d’un moment, la jeune femme s’inquiète de ne plus voir l'enfant et elle abandonne sa lecture pour aller le chercher. L’enfant a fait un trou très profond et il est presqu'nfoui dans le sable. Il se tourne vers la jeune femme. D’un coup, le ciel est devenu sombre et le vent s’est levé. Le petit garçon, accoudé au rebord du trou, regarde la femme s’éloigner vers la dune et son image s’estompe peu à peu. Puis le garçon monte au sommet du tas de sable qu’il a accumulé, en réalité une véritable petite montagne, et s’attelle à modeler un château, ou plutôt une sorte de ville fantastique. La femme, qui a regagné sa natte continue à lire, le surveillant de loin. Puis elle s’endort. Le ciel se couvre à nouveau et le vent souffle encore plus fort. La femme se réveille en pleine tempête de sable. Elle appelle le garçonnet qui s’est réfugié dans une arche du château qu'il a bâti et l’appelle de son côté. Le vent emporte les affaires de plage et commence à détruire le château. Toujours plus violent, il entraîne la femme qui s’agrippe au sable et l'emporte dans ses tourbillons. La dernière image montre le garçon, seul sur la plage, désemparé. La tempête s’est calmée et il regarde l’océan.

Ce clip, qui commence dans la joie se termine tragiquement et préfigure étrangement à la fois les événements du 11 septembre 2001 qui devaient marquer un tournant irréversible dans le destin de  l'humanité, mais aussi le destin personnel de Bertand Cantat, le chanteur charismatique du groupe Noir Désir, arrivé avec cette chanson au sommet de sa gloire, qui marqua aussi sa chute vertigineuse après qu'il a assassiné dans un accès de rage sa compagne Marie Trintignant.   

mercredi 6 août 2014

COLDPLAY : "TROUBLE"

"Trouble" by Coldplay 

Oh, no, I see
Oh, non, je vois 
A spider web, it's tangled up with me,
Une toile d’araignée dans laquelle je suis englué. 
And I lost my head,
Et j’ai pété les plombs
The thought of all the stupid things I'd said,
 J’ai honte pour toutes les bêtises que j’ai pu dire. 

Oh, no, what's this?
Oh, qu’est-ce que c’est que ça ? 
A spider web, and I'm caught in the middle,
Une toile d’araignée, et je suis pris en plein milieu 
So I turned to run,
Aussi, j’ai fait marche arrière pour m’enfuir 
The thought of all the stupid things I've done,
J’ai honte de toutes les bêtises que j’ai faites.

And I never meant to cause you trouble,
Je n’ai jamais voulu te causer de problèmes 
And I never meant to do you wrong,
Et je n’ai jamais voulu te faire du mal 
And I, well, if I ever caused you trouble,
Et, bon, si je t’ai un jour fait des ennuis 
Oh no, I never meant to do you harm.
Oh, non, je n’ai jamais voulu te blesser. 

Oh, no, I see
Oh, non, je vois 
A spider web, and it's me in the middle,
Une toile d’araignée et c’est moi au milieu 
So I twist and turn,
J’ai beau me tourner et me retourner, 
Here am I in my little bubble,
Ici, je suis dans ma petite bulle 
Singing out...
Chantant à tue-tête…

I never meant to cause you trouble,
Je n’ai jamais voulu te causer des problèmes, 
And I never meant to do you wrong,
Et je n’ai jamais voulu te faire du mal, 
And I, well, if I ever caused you trouble,
Et, bon, si je t’ai un jour fait des ennuis, 
Oh, no, I never meant to do you harm.
Oh, je n’ai jamais voulu te blesser. 

 They spun a web for me,
 Ils ont tissé une toile pour moi, 
They spun a web for me,
Ils ont tissé une toile pour moi, 
They spun a web for me.
Ils ont tissé une toile pour moi.

[Traduit par mes soins]

lundi 4 août 2014

VISITES DE L'ETE : FONDATION MAEGHT A ST. PAUL-DE-VENCE


Visiter la fondation Maeght[1]  est toujours pour moi un enchantement. C'est toujours avec une joie immense que je retourne dans cet endroit magique que j'ai découvert dans les années 70-80, grâce à mon amie Denise Bonjour, de Nice. L'architecture de la fondation s’intègre parfaitement au site, ombragé de majestueux pins parasols dont la verticalité forme un contrepoint à l’horizontalité des bâtiments de l’architecte catalan Josep Lluίs Sert[2]. L’environnement, à l’écart de la folie de la Côte d’Azur en été, est unique.

J’y suis allé, cette année avec Maman et Arthur, notre petit pigeon handicapé, qui est, depuis deux ans, de toutes nos visites et de nos voyages, ce qui en fait le pigeon le plus cultivé du monde ! Et il est bien accepté partout, sauf dans un seul musée, à Gênes, en Italie, où on nous refusa l’entrée.   

Le parc, avec ses étranges sculptures (Miró, Calder), plait à tous, et particulièrement aux enfants. Cette année, la Fondation fêtait ses 50 ans (elle a été inaugurée le 28 juillet 1964). Après avoir traversé la pelouse, où se dressent les œuvres de Calder et de Mirò, nous allons revoir avec émotion l’Homme qui marche de Giacometti, qui orne le patio, et caresser avec tendresse le marbre poli de l’Oiseau lunaire de Mirò.

        Giacometti sculpta ses premiers « hommes qui marchent » en 1947, au lendemain de la 2ème guerre mondiale qui a certainement encore plus bouleversé les artistes de cette époque, à la sensibilité exacerbée, que le reste de l’humanité. L’Homme qui marche de St. Paul a été réalisé en 1960 et installé à la Fondation dès son ouverture, en 1964 : on a des photos montrant Giacometti, qui, comme Bonnard, Braque et Miró, faisait partie du 1er cercle d’amis d’Aimé et de Marguerite Maeght, mettre la dernière main à ses sculptures dans le patio, en 1963. Les premières lithographies de Mirò, grand ami des Maeght, furent tirées, dès 1964, sur les presses de l’imprimerie Arte créée par Aimé Maeght.



Après être passés devant le bassin aux poissons en mosaïque du bassin de Georges Braque, où se reflètent les impluviums immaculés, évoquant des ailes d’oiseau marin, conçus par l’architecte visionnaire pour récupérer l’eau de pluie, rare sur cette colline aride, nous entrons dans les vastes salles lumineuses où le calme rappelle celle d’un monastère. On y flâne en toute tranquillité dans une ambiance décontractée et sereine. Je revois avec plaisir les œuvres de Miró, de Chagall, de Kandinsky dont on a du mal à croire que certaines ont plus d’un demi-siècle, tant elles sont toujours aussi actuelles, joyeuses et colorées. 


Je ne me lasse pas des perspectives que l’on découvre, depuis les salles vers l’extérieur, mais aussi de l’extérieur vers l’intérieur. J’ai eu la chance, cette année, de pouvoir monter sur les terrasses d’où l’on découvre le patio, les fontaines et le labyrinthe de Miró, qui lui aussi date des premières années de la Fondation. La Fondation est accrochée en balcon et, à travers les arbres, on devine en-dessous le village de Saint Paul et au-delà, la Méditerranée.


Pendant que nous attendions qu’une table se libère dans la cafeteria, le minuscule Café F, nous avons attendu sur la pelouse, Arthur contemplant avec étonnement, le majestueux stabile de Calder.

Puis, nous sommes allés passer un long moment de recueillement dans la pénombre de la petite chapelle Saint Bernard, décorée d’un vitrail bleu-sombre de Georges Braque.  La chapelle fut l’un des premiers éléments à être construits sur le site - ou plutôt reconstruit - car un vestige de chapelle, dédiée à saint Bernard, préexistait à cet emplacement. Or, Aimé et Marguerite, lorsqu’ils décidèrent de la construction de la Fondation qui porte leur nom, venaient de perdre leur fils de 11 ans, Bernard, d’une leucémie. Ils étaient dévastés lorsque leur ami, peintre Bonnard, leur conseilla de « se lancer, de faire quelque chose pour dépasser leur peine ». Sans doute virent-ils, dans l’existence de cette chapelle, un signe ? La Fondation Maeght que nous connaissons, si gaie, si chaleureuse, n’aurait peut-être jamais existé sans ce terrible drame…   

Si vous devez visiter un seul musée, visitez la Fondation Maeght, qui est bien plus qu’un musée, une œuvre vivante, fruit de l’amour d’un couple de mécènes extraordinaires pour l’art contemporain, en constante évolution et qui, malgré son demi-siècle d’existence, n’a jamais été aussi jeune, aussi dynamique.

En conclusion, je voudrais citer un extrait du discours d’André Malraux, ministre de la Culture du général de Gaulle, qu’il prononça pour l’inauguration de la Fondation, le 28 juillet 1964, car il me semble bien résumer, avec la flamboyance visionnaire du grand homme, ce que voulurent réaliser Marguerite et Aimé Maeght en construisant leur fondation :

« Madame, Monsieur,

« Vous venez de tenter ici, par le fait que vous avez tenté de résumer probablement la suite des amours d’une vie, par le fait que les peintres qui sont là se trouvent être tous à quelque degré ou bien des poètes ou bien des hommes qui expriment puissamment la poésie de notre temps, vous avez tenté de faire quelque chose qui n’est en aucune façon un palais, en aucune façon un lieu de décor et, disons-le tout de suite parce que le malentendu va croître et embellir, en aucune façon un musée.

« Ceci n’est pas un musée […] Mais ici est tenté, avec un résultat que nous n’avons pas à juger et qui appartient à la postérité, est tenté quelque chose qui n’a jamais été tenté : créer l’univers, créer instinctivement et par l’amour, l’univers dans lequel l’Art Moderne pourrait trouver à la fois sa place et cet arrière-monde qui s’est appelé autrefois le surnaturel. »

Roland Comte (Juillet 2014, texte revu en octobre 2023)

Notes 

[1] Se prononce [mag].

[2] Architecte du Pavillon de l'Espagne à l'Exposition internationale de Paris (1937) où fut exposé le célèbre Guernica de Picasso. Il est aussi le concepteur de l’atelier de Joan Mirò à Palma de Majorque (1956) et de la Fondation Mirò à Barcelone (1975). 

Fondation Maeght 623, chemin des Gardettes 06570 St. Paul-de-Vence (04 93 32 81 63) contact@fondation-maeght.com 

samedi 2 août 2014

VISITES DE L'ETE : VILLA NOAILLES A HYERES

Villa Noailles (cliché de R. Comte)

J'ai profité de quelques jours passés sur la Côte d'Azur pour aller visiter la Villa Noailles à Hyères. J'en connaissais l'existence mais je n'y étais encore jamais allé. Elle a été construite à partir de fin 1923 par l'architecte français (malgré son nom) Robert 'Rob' Mallet-Stevens sur les indications de Charles et Marie-Laure de Noailles, sur un terrain que Charles avait eu de sa mère sur les hauteurs de Hyères, immédiatement en-dessous des ruines du château médiéval. La villa s'étendit peu à peu par l'adjonction d'annexes qui lui firent couvrir une superficie de 1800 m² jusqu'en 1933. Architecturalement, même si elle intègre des techniques avant-gardistes pour l'époque, la villa n'a rien de remarquable : ce n'est qu'une succession de pièces (la plupart très petites) reliées par un labyrinthe de couloirs étroits et d'escaliers. Seule la situation, sur les collines dominant la baie d'Hyères, est magnifique. 

Charles de Noailles et Salvador Dali
Mais la villa vaut surtout par la personnalité extraordinaire des mécènes qui l'ont fait construire et surtout par les amis qu'ils y ont découverts, accueillis, hébergés, aidés... En littérature, citons Jean Cocteau, l'ami d'enfance de Marie-Laure, Aldous Huxley, Mauriac, René Char, André-Pierre de Mandiargues, Gide, Jean Paulhan, piliers de la NRF; mais aussi les surréalistes, à commencer par André Breton, Paul Eluard ou René Crevel, grand ami des Noailles. Il y a eu aussi quelqu'un que le grand public connaît moins mais dont le nom et l'oeuvre sont liés, pour un ethnologue comme moi, à la création du Musée de l'Homme qu'il fonda en 1937. 


En art, ils furent les amis de Chagall, Braque Lipchitz, Juan Gris, Léger, Derain, de Chirico, Picasso mais aussi Miro, Tanguy, Masson, Klee, Max Ernst, Dali ou encore Nicolas de Staël. Ils furent même les premiers à acquérir, dès 1925, une oeuvre de Piet Mondrian ou de Brancusi auquel ils demandent d'étudier une version monumentale de l'Oiseau dans l'Espace pour leur villa. Dès 1929, ils repèrent aussi Alberto Giacometti qui, à 26 ans seulement, était encore un inconnu dans le milieu de l'art.  

Charles et Marie-Laure de Noailles

Une longue série de portraits peints de Marie-Laure, inaugurée par un dessin réalisé par Picasso en 1921, se poursuit tout au long de sa vie avec Dora Maar, Balthus, Giacometti mais aussi par des photos de Doisneau, Brassai et Man Ray. 

A l'époque des Noailles, la villa fut aussi le cadre de nombreuses manifestations, bals, soirées qui furent le prétexte de commandes à des musiciens (Francis Poulenc, Georges Auric, Darius Milhaud), des danseurs ou chorégraphes (Serge Lifar, Roland Petit). 

Si quelques mécènes s'intéressent alors au cinéma d'avant-garde, il n'existe rien de comparable à l'investissement (et aux risques !) que prirent les Noailles, en finançant de jeunes réalisateurs aussi controversés que Buñuel et Dali qui finalisèrent le scénario de l'Age d'or à Hyères en 1930. Ce film créa lors de sa sortie un terrible scandale, dont Charles de Noailles ne se releva jamais tout à fait, et fut aussitôt interdit par le censure. La même année, les Noailles financèrent aussi la réalisation du film de Jean Cocteau du Sang d'un poète (musique de Georges Auric, costumes de Coco Chanel) qui, sans soulever un scandale d'une intensité comparable au film de Buñuel, souleva aussi de nombreuses critiques.    

A la fin des années 60, Marie-Laure de Noailles encouragea Pierre Clementi, surtout connu en tant qu'acteur (de Pasolini, en particulier) à passer à la réalisation de ses propres films. 

Pierre Clémenti
Bref, il serait plus facile de dresser la liste des personnalités qui n'ont pas fréquenté les Noailles que le contraire. 

Malheureusement, après la mort de Marie-Laure, en 1970, la villa, dépouillée de ses meubles et de ses œuvres d'art, est abandonnée. Rachetée par la ville en 1973, elle est classée MH en 1975, il faut cependant attendre 1986 pour qu'un projet de restauration se mette enfin en place. Celui-ci, terminé en 2003, la Villa est rendue accessible au public et des expositions y sont organisées. 

Lorsqu'on visite la Villa Noailles actuellement, on a cependant l'impression, malgré les efforts de ceux qui s'en occupent avec dévouement, d'une "coquille vide". Les centaines de documents photographiques exposés, s'ils sont passionnants par ce qu'ils révèlent de la fabuleuse épopée de la villa et du couple Noailles, ne parviennent pas à redonner son âme à un écrin qui a perdu ce qui faisait sa vie. 

Si vous passez dans la région, il faut cependant consacrer une heure ou deux à la Villa Noailles, surtout pour ce qu'elle a représenté dans l'histoire de l'art moderne et de l'art contemporain.      

jeudi 17 juillet 2014

HOMMAGE A HERVE CHRISTIANI

Je viens d'apprendre le décès d'Hervé Christiani, l'interprète d'"Il est libre Max", une chanson que j'ai beaucoup aimée et qui m'a accompagné pendant des années.

   

Paroles

Il met de la magie mine de rien dans tout c' qu'il fait
Il a l' sourire facile même pour les imbéciles
Il s'amuse bien il tombe jamais dans les pièges
Il s’laisse pas étourdir par les néons des manèges
Il vit sa vie sans s'occuper des grimaces
Que font autour de lui les poissons dans la nasse
{Refrain:}
Il est libre Max
Il est libre Max
Y en a même qui disent qu'ils l'ont vu voler

Il travaille un p'tit peu quand son corps est d'accord
Pour lui faut pas s'en faire il sait doser son effort
Dans l' panier d' crabes, il joue pas les homards
Il cherche pas à tout prix à faire des bulles dans la mare
{Refrain}
Il r'garde autour de lui avec les yeux de l'amour
Avant qu't'aies rien pu dire il t'aime déjà au départ
Il fait pas de bruit, il joue pas du tambour
Mais la statue de marbre lui sourit dans la cour
{Refrain}
Et bien sûr toutes les filles lui font leurs yeux de velours
Lui pour leur faire plaisir il raconte des histoires
Il les emmène par-delà les labours
Chevaucher les licornes à la tombée du soir
{Refrain}
Comme il a pas d'argent pour faire le grand voyageur
Il va parler souvent aux habitants de son cœur
Qu'est-ce qu'y s'racontent, c'est ça qu'il faudrait savoir
Pour avoir comme lui autant d'amour dans l' regard


Il est libre Max… 

mardi 15 juillet 2014

LA FONDATION MAEGHT FÊTE SES 50 ANS

J'ai découvert la Fondation Maeght à St. Paul-de-Vence voici de nombreuses années. J'y suis retourné plusieurs fois car c'est un endroit merveilleux : les superbes bâtiments modernes dus à l'architecte catalan Josep Luis Sert sont dispersés dans la pinède et les jardins sont truffés de sculptures de Miro, Giacometti et Calder, tous artistes que j'affectionne particulièrement.

mercredi 25 juin 2014

DOROTHEA TANNING, MAX ERNST ET LE RÊVE


Dorothea Tanning et Max Ernst et le  Capricorne (Sedona, Arizona, 1948)

Le premier à m’avoir parlé de MaxErnst fut André Griffon dans les années 80. Je travaillais alors à Largentière et André m’avait appris que Max Ernst avait été enfermé quelque temps dans la prison de Largentière et y avait peint, peintures qu’il avait données au policier qui le gardait à l’époque. Pour être franc, à ce moment-là, le nom de Max Ernst ne m’était pas totalement inconnu mais il ne m’évoquait pas grand-chose non plus. Cette conversation avec André m’est revenue lorsque, préparant, à partir de 2006, les spectacles de théâtre du collège, j’ai découvert que la « prison » dont il m’avait parlé devait être ce minuscule réduit humide et sans fenêtre qui servait à entreposer les chaises dans la salle polyvalente où nous tentions tant bien que mal (plutôt mal, d’ailleurs), de réaliser nos spectacles.
J’en ai appris davantage sur MaxErnst lorsque, devenu libraire, j’ai eu un client, G. L. (il se reconnaîtra), qui cherchait de la documentation sur la maison que Max Ernst avait habitée à Saint-Martin d’Ardèche pendant la période de guerre avec Leonora Carrington. Ernst l’avait décorée de reliefs et de sculptures dont beaucoup ont été dispersés, comme d’ailleurs un grand nombre de ses œuvres. Ce client cherchait de la documentation sur Ernst car l’une de ses amies avait été chargée de mettre en valeur, en vue d’y réaliser un musée, la maison d’Eaubonne (Val d’Oise) où avaient habité Eluard et Gala, et qu’avait décorée Max Ernst.
J’avais alors cherché des renseignements sur la maison de St. Martin d’Ardèche et j’avais appris qu’elle avait été vendue, ne se visitait pas et que la plupart des décors réalisés par Ernst avaient été détruits ou vendus (deux d’entre eux  auraient été achetés par un musée de Lausanne).
Lors de ces recherches, je suis tombé sur un livre « Max Ernst, sculptures, maisons, paysages » écrit par Werner Spies (Ed. du Centre Pompidou) où j’appris pas mal de choses sur Max Ernst, ses itinérances en France et aux Etats-Unis, ses œuvres, la maison d’Eaubonne et celle de St. Martin d’Ardèche.
Il y a quelques jours, j’ai fait un rêve où je rencontrais Dorothea Tanning. Dorothea Tanning fut la dernière épouse d’Ernst et s’est éteinte en janvier 2012, à l’âge de 101 ans.
Lorsque j’ai fait ce rêve, je ne pensais pas du tout à Max Ernst et, d’ailleurs, je ne reliais pas immédiatement les deux noms.
Curieusement, alors que je ne suis pas particulièrement attiré par les peintures ou les dessins d’Ernst (ce serait même plutôt le contraire), son œuvre, en particulier ses sculptures, me fascine. 

En tant qu’homme, il a eu, comme beaucoup de ses contemporains, un parcours extraordinaire. Artistiquement, il a tout tenté, tout essayé et énormément de ses œuvres ont disparu et il n’en reste au mieux que quelques mauvaises photos en noir et blanc. Mais ce n’est pas tant son œuvre qui m’interpelle mais sa vie. Ernst a eu un parcours hors du commun : né Allemand, il a rejoint l’univers des dadaïstes et des surréalistes, toujours plus près des premiers, d’ailleurs, que des seconds avec qui il a toujours eu des relations plus ou moins épineuses. Après avoir été marié une première fois en 1918 avec Louise (ou Luise) Straus, une historienne d’art, avec qui il eut un fils, Jimmy, il épousa en 1927 Marie-Berthe Aurenche et résida dans la maison de ses beaux-parents à Vesseaux (Ardèche) dont il avait « décoré », comme à son habitude, murs et volets. Il ne reste bien entendu rien de ces œuvres dont les propriétaires se sont empressés de se débarrasser après le départ de leur éphémère gendre. Puis, en 1937, il rencontra Leonora Carrington qui acheta pour eux la maison de St. Martin d’Ardèche. En 1938, il rencontra Peggy Guggenheim qui lui acheta plusieurs œuvres pour son musée de Londres. Interné en 1939 au camp  des Milles il réussit à quitter la France avec elle et l’épousa une fois arrivé aux Etats-Unis, en 1942. Le mariage entre deux personnalités aussi opposés fut, comme on peut l’imaginer, un échec et Max Ernst épousa Dorothea Tanning, sa 4ème épouse donc, avec qui il resta jusqu’à sa mort, à Paris, en 1976. C’est pendant leur séjour à Sedona, dans le désert d’Arizona, qu’il réalisa ses œuvres les plus emblématiques, en particulier son fameux Capricorne.