"...don't be stuck in the every day reality, allow yourself to dream, have faith in your wildest dreams." [AaRON]

"Ne restez pas scotchés à la réalité quotidenne. Permettez-vous de rêver. Croyez en vos rêves les plus fous..." [AaRON]

vendredi 11 décembre 2020

Le Jardin des Finzi-Contini (1970)


"Le jardin des Finzi Contini" est adapté d'un court roman, ou d'une longue nouvelle, de l'écrivain italien antifasciste Giorgio BASSANI, publié en 1962. Il raconte les relations entre jeunes gens de la bonne société  juive de Ferrare, dans les années 30, au début du fascisme. Le film a remporté l'Ours d'or à Berlin en 1971 et l'Oscar du meilleur film étranger l'année suivante.

Bassani n'a pas été associé au scénario et a critiqué le film car, selon lui, il était trop éloigné de son roman, ce qui n'est pas faux : le livre commence plus tôt que le film et raconte les brèves rencontres entre Micol et son frère Alberto, les enfants de la famille Finzi-Contini, à la synagogue et lors des examens qu'ils viennent passer en candidats libres au collège de la ville, avec les autres écoliers de Ferrare. Cette partie est quasi absente du film, sauf sous la forme de courts flashes-back, difficiles à comprendre pour qui n'a pas lu le livre. Le film, lui, ne commence vraiment qu'au début de l'été 1938, alors que les lois raciales promulguées par Mussolini interdisent aux jeunes gens juifs d'utiliser les courts de tennis publics de Ferrare. A Ferrare, tout le monde connaît les Finzi-Contini, grands bourgeois retranchés derrière les murs de leur  immense parc (qui joue un bien plus grand rôle dans le livre que dans le film, où il n'apparaît que comme un vague décor). La famille Finzi-Contini possédant son propre court, elle ouvre l'accès de son parc, jusqu'alors interdit, aux amis de leurs enfants et leur permet de venir s'y entraîner. Au cours des mois qui suivent, les visites du héros, Giorgio (qui n'est autre que l'auteur du livre), vont se faire quotidiennes et l'amour va naître entre lui et le belle Micol (interprétée dans le film par Dominique Sanda, alors au faîte de sa splendeur et de sa jeunesse) alors que son frère Alberto (Helmut Berger) se meurt doucement d'une maladie non précisée. Dans le film, l'amour de Giorgio pour Micol, qui ne le considère que comme un ami, et le fait qu'il découvre qu'elle le "trompe" avec le meilleur ami de son frère, Malnate, un garçon plus âgé, plus mûr (qu'elle a d'abord repoussé), est mis en évidence, alors que ces relations sont simplement suggérées dans le livre, ce qui a sans doute déplu à Bassani, dont l'écriture, tout en finesse, s'accorde mal avec la lecture qu'en a fait Vittorio de Sica, malgré toutes ses qualités de réalisateur.  
En Italie, le régime fasciste multiplie les mesures vexatoires contre les juifs mais la famille Finzi-Contini, pilier de l'’aristocratie de Ferrare depuis des générations, se croit à l'abri et refuse de croire qu'elle puisse être menacée alors que, hors les murs, le pire se prépare…. 
Le film se clôt sur la description de l'arrestation de la famille Finzi-Contini et du père de Giorgio, et leur rassemblement dans les locaux de l'école de Ferrare avant d'être déportés, ce que le livre laisse seulement entendre.
Le film a reçu, dès sa sortie, un accueil chaleureux. Il faut dire que son réalisateur n'était pas n'importe qui puisqu'il s'agissait de Vittorio de Sica, alors au sommet de sa gloire. Certains critiques l'ont cependant trouvé d'un romantisme extrême, à la limite de la mièvrerie et de la sensiblerie, ce qui ne se justifie qu'en partie, à la fin du film, avec le décès d'Alberto, presqu'immédiatement suivi de l'arrestation de la famille Finzi-Contini et de son enfermement dans l'école, concluant sur une note beaucoup plus sombre.
Dernière remarque. Certains pourraient rechigner à revoir un film qui a près de 30 ans. Ce serait dommage car c'est une œuvre qui, à la différence de beaucoup, n'a pas pris une ride. Ses héros sont toujours et resteront à jamais jeunes et beaux et les terribles évènements qu'ils rappellent seront, toujours, hélas, d'actualité (il n'est que de voir ce qui s'est passé, il y a moins de 10 ans, en ex-Yougoslavie). Le film a en outre été entièrement restauré en 2007 et on peut le trouver en DVD.  Mais, avant tout, lisez le livre de Bassani qui apporte des dimensions qui n'apparaissent pas dans le film.
Je terminerai sur la musique de ce film dont le générique nous dit qu'elle a été composée par Bill Conti et Manuel de Sica, le fils de Vittorio, mais il n'est nulle part fait mention du chant que l'on entend à la fin, alors que les Juifs, enfermés dans l'école, attendent d'être emmenés. La scène est très touchante : Micol, consolant sa grand-mère, qui a perdu l'esprit, regarde par la fenêtre de son ancienne salle de classe et son regard se porte, au-delà des remparts et du château de Ferrare, vers les frondaisons du parc de sa maison familiale. A ce moment-là commence un chant funèbre en hébreu qui se poursuit sur le générique de fin. Curieusement, ni le titre ni l'auteur de ce chant ne sont pourtant crédités dans ce générique.

Avec l'aide de nombreux internautes, en particulier ceux du site Trouve ta musique (remerciements particuliers à  tigrealionne, Bouchon et Finzi), que je vous recommande si vous ne parvenez pas à identifier une musique que vous avez entendue, j'y suis arrivé: il s'agit du "Chant des morts - ou aux morts - d'Auschwitz" (En hébreu "El Male Rahamim"), qui fut composé et interprété par un musicien juif, avant d'être exécuté en 1941. Il a été réenregistré par Jordi Savall sur un double album d'une qualité exceptionnelle intitulé "Jérusalem, la ville des deux paix"   
      

mercredi 2 décembre 2020

LAMENT FOR THE VALLEY composé par Sir Karl JENKINS

“Lament for the Valley” (dite aussi Cantata Memoria) de Sir Karl Jenkins

Cette œuvre écrite en 2016 pour voix d’enfants et orchestre par Sir Karl Jenkins, un musicien gallois, a été composée en hommage aux victimes de la catastrophe d’Aberfan (Pays de Galles) en mémoire des 116 enfants et des 28 adultes de l’école de Pantglas Junior School d’Aberfan ensevelis par le glissement d’un terril le 21 octobre 1966.

Cette œuvre extraordinairement émouvante et très difficile a été superbement interprétée au violon par Raphaël  (13 ans) lors de la demi-finale de la saison 7 de Prodiges, mardi 1er décembre 2020 sur France 2.