"...don't be stuck in the every day reality, allow yourself to dream, have faith in your wildest dreams." [AaRON]

"Ne restez pas scotchés à la réalité quotidenne. Permettez-vous de rêver. Croyez en vos rêves les plus fous..." [AaRON]

samedi 16 novembre 2013

CINEMA : L'EXTRAVAGANT VOYAGE DU JEUNE ET PRODIGIEUX T.S.SPIVET


J'ai eu un véritable coup de coeur avec ce film au titre impossible "L'extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet" du réalisateur français Jean-Pierre Jeunet. Dans l'esprit de Hugo Cabret, c'est un film que je conseille à tous ceux qui ont conservé le sens de l'émerveillement.

J'en parle plus longuement sur mon blog cinéma : Cinérock07

dimanche 3 novembre 2013

LETTRE OUVERTE A MME NATACHA POLONY

Veuillez excuser mon long silence sur ce blog. Tous ceux qui me connaissent en savent les raisons. Ca va enfin mieux et les choses reprennent leur cours. Ce n'est pas parce que je me suis tu que je me suis aussi bouché les yeux et les oreilles. Bien au contraire.



Je voudrais vous faire part d'une réaction que m'a suscité une réflexion idiote d'une chroniqueuse qui intervient toutes les semaines dans l'émission de Laurent Ruquier "On n'est pas couché". Très souvent, ses remarques coupantes, acerbes, son ton supérieur et persifleur m'ont indisposé, d'autant plus que, comme elle est cultivée et intelligente et qu'elle a le sens de la repartie, il faut être aguerri pour lui river son clou. Il est clair que, comme le dirait élégamment Guy Bedos (sans parler de son fils Nicolas, souvent encore plus cru!), "elle n'est pas la moitié d'une c...e") : agrégée de lettres modernes, diplômée de Sciences Po. Cela ne l'autorise pas, bien au contraire, à dire n'importe quoi. Et c'est là le drame ! Je constate de plus en plus, dans ce que l'on désigne par l'expression bien française de "talk-show", une recrudescence exponentielle de ces personnes qui, parce qu'ils passent à la télé et n'ont aucun contradicteur qui ose les affronter (pour un tas de raisons qu'il serait trop long d'énumérer ici), se croient autorisés à dire n'importe quoi sur quelque sujet que ce soit.

Or tout n'est pas permis.

Je rappelle les faits : Mme Polony a mis sur son compte Twitter une photo représentant une mendiante (supposée Roumaine), le bas du corps enveloppé dans une couverture griffée Givenchy, accompagnée du commentaire suivant :  

"Leonarda de retour en France pour la fashionweek"

Suite à la levée de boucliers soulevée par cette phrase, Natacha Polony a retiré la photo en ajoutant :

"Bon, une photo insolite envoyée par un ami et un trait d'humour pas très drôle. C'est tout." 

Certains ont pris ce nouveau commentaire pour une excuse. Ce n'est pas mon avis. Si elle veut s'excuser, je lui suggère d'adopter une formule toute simple et qui ne portera à aucune autre interprétation. Elle pourrait dire, tout simplement :

"Je vous prie de m'excuser. Mon commentaire de cette photo était stupide et je le regrette." 

Point.

Tout le monde a le droit de se tromper et de faire des commentaires stupides, surtout avec l'usage immodéré que font nos contemporains des réseaux sociaux et des téléphones portables. On voit, on réagit sur l'instant et on se croit autorisé (surtout lorsqu'on a une certaine notoriété) à dire n'importe quoi pour faire un bon mot et épater la galerie sans réfléchir aux conséquences. Or, une personne connue est beaucoup plus exposée que vous et moi aux réactions des internautes et les conséquences du moindre dérapage peuvent être dévastatrices. Désormais, le conseil que nous donnaient nos grands-parents de "tourner notre langue sept fois dans notre bouche avant de parler" prend encore tout son sens.

C'est pourquoi, ce qui me choque dans cette affaire, ce n'est pas le commentaire initial de Mme. Polony, écrit sur le coup, sans réfléchir aux conséquences, c'est son second, qu'elle présente comme une excuse. Le "C'est tout" était de reste. Il est particulièrement choquant et bien dans l'esprit de la dame. Chez Ruquier, elle clôt souvent ses commentaires par ce genre d'expression lapidaire, accompagnée d'un sourire appuyé (l'air de dire : "Je t'ai bien eu, mon coco, c'est qui la plus forte ?") clouant ainsi le bec à son interlocuteur qui n'y peut mais. Dans le cas qui nous occupe, alors qu'elle a eu tout le temps de réfléchir, cela dénote tout simplement du mépris. Mépris des critiques méritées que la blanche colombe qu'elle est a reçues et surtout mépris pour son sujet : cette pauvre femme quémendant quelques sous enroulée dans une couverture Givenchy (sans doute fausse).

"C'est tout." Non, ce n'est pas tout, Mme. Polony, loin de là ! En terminant votre phrase par "C'est tout", vous avez l'air de dire que ce n'est rien, que c'est une broutille.

Or, ce n'est pas rien :  dites-vous que ce n'est pas rien pour les 130 000 hommes, femmes et enfants anonymes qui ont faim et froid dans notre pays et ravalent leur fierté pour quémander ainsi dans la rue (voir ici les données sur les SDF en France). Ce n'est pas rien pour ces 960 000 personnes qui vont demander de l'aide aux Restos du coeur (chiffres 2012-2013). C'est sûr, avec vos 1400 € par émission (et je ne parle que de votre "prestation" - je devrais plutôt dire "votre caquetage" - chez Ruquier !), vous vivez dans un autre monde. C'est cela le drame : le fossé qui se creuse de plus en plus entre les gens comme vous et les laissés pour compte.

Je n'ai rien de personnel contre vous, Mme. Polony. Ce que je ressens, vis-à-vis de ce genre de propos qui se veulent des traits d'esprit, c'est un grand malaise.

Et je ne peux m'empêcher de penser qu'on n'est pas loin de ce qui se passait à la veille de la Révolution française : d'un côté, les riches qui se défient en bons mots à la cour d'un roi qui n'était pas pire que son prédecesseur mais dont on sait comment il a fini, et les pauvres, qui triment et crèvent de faim et de froid.

Vous, justement, qui êtes intelligente et cultivée, qui émettez (parfois) des idées de gauche, vous devriez réfléchir d'autant plus.

Et si mes propos vous blessent, pensez à tous ceux que vos propos ont blessés.