"...don't be stuck in the every day reality, allow yourself to dream, have faith in your wildest dreams." [AaRON]

"Ne restez pas scotchés à la réalité quotidenne. Permettez-vous de rêver. Croyez en vos rêves les plus fous..." [AaRON]

samedi 22 juin 2019

AaRON : U-Turn (Lili)



Le clip-vidéo qui accompagnait ce post a été plusieurs fois supprimé. Etant Ardéchois de naissance et don particulièrement têtu, je la remets une nouvelle fois en ligne.


J'ai entendu "U-Turn" d'AaRON, par hasard. J'ai acheté le CD car j'ai immédiatement accroché avec ce morceau. Je ne savais rien d'autre sur ce groupe - ni même qu'il était français ! car il chante en anglais) et encore moins que U-Turn avait servi de BOF (bande originale du film) à "Je vais bien, ne t'en fais pas" de Philippe Lioret, sorti à l'automne 2006.

Pour ce film, voir sur mon blog cinéma Cinérock07. 

J'ai eu envie de traduire le texte de l'anglais au français. En le faisant, j'ai aussi eu envie d'en savoir plus sur ces musiciens et voici ce que je viens de trouver :

"Les vices et vertus d'AaRON"

Rencontre avec un tandem français qui navigue dans les eaux troubles de la mélancolie trip-hop.
"AaRON, pour Artificial Animals Riding On Neverland." Soit des «animaux artificiels qui chevauchent des pays imaginaires». Mais c'est aussi un nom qui figure sur plusieurs toiles de Basquiat, un peintre qui avait pris la ville pour terrain de jeux (...). Moins onirique mais pas moins énigmatique, AaRON est un captivant duo pop français composé de Simon Buret (chant, paroles) et Olivier Coursier (piano, programmations, guitares). Pas révolutionnaire pour autant mais suffisamment intriguant grâce à leurs airs qui naviguent en eaux troubles. AaRON a connu une destinée qui tient du conte de fées contemporain. De celle que l'industrie du disque adore citer pour prouver que les groupes indépendants peuvent défier les lois du marketing en tout temps. Et plus particulièrement en ces jours de concentration accélérée du marché. « Il pourrait y avoir eu une méchante sorcière dans notre histoire. Mais aucune n'a pointé le bout de son nez. Entre nous, le rapport a été fusionnel. AaRON, c'est d'abord une véritable amitié musicale, une rencontre rare autour de sensibilités communes. » En mars dernier, quelques jours seulement après leur premier concert qui leur a provoqué « des sensations aussi intenses que magiques grâce à l'énergie circulaire qui s'est soudain propagée dans leurs cœurs et dans la salle », les deux larrons d'AaRON étaient en promotion à Genève. Décontractés, en noir de la tête aux pieds, ils devisent calmement une fois encore sur la genèse de leur succès. L'histoire d'AaRON, au même titre que son répertoire liminaire en forme de passerelle vers l'imaginaire, devrait longtemps encore fonctionner comme une machine à fantasmes. Au Paléo Festival, en la matière, Simon et Olivier, 26 et 30 ans, gueules d'anges, ne pouvaient mieux tomber. En quelques mois, le répertoire essentiellement anglophone d'Artificial Animals Riding On Neverland s'est écoulé à quelque 150000 copies. Le festival vaudois pourrait encore accélérer cette succes story débutée grâce à « U-Turn (Lili) », chanson séditieuse figurant sur la bande-son du film "Je vais bien, ne t'en fais pas" de Philippe Loiret (plus d'un million de spectateurs). Et qui résume à merveille l'esprit d'un tandem évoquant les heures sombres de la mélancolie trip-hop. Une vie rêvée en tout cas pour ces visages émaciés, profils de mannequins, qui ont su tisser une redoutable unité entre sentiments, musiques et textes chagrins. « La fin d'une relation amoureuse a débouché sur une histoire d'amitié, c'est quand même merveilleux, explique Simon Buret, qui s'est nourri de sa désillusion sentimentale entre autres pour alimenter les textes. » Avant de poursuivre : « La mélancolie que dégage notre projet ne ressemble en revanche pas à de la tristesse absolue. C'est plutôt la transcription d'obsessions, de rages intérieures. Notre palette instrumentale devait, comme dans la musique classique, l'opéra ou les BO cinématographiques, refléter une émotion et un sentiment précis. » (...) Noctambule et venimeux, les morceaux accidentés qui se dévoilent ainsi derrière une pochette mettant en scène une sirène androgyne échouée sur une falaise accueillent donc des histoires de cœur tout aussi cabossées. Charriées d'une voix sombre et typée qui semble détachée, elles parlent surtout d'une profonde solitude, de mensonges, de trahisons, de faux-semblants. Rarement de paradis, à moins qu'il ne soit artificiel. (...) La dramaturgie qui sous-tend la moindre inflexion d'AaRON ressemble, elle, sur scène, à des beautés crépusculaires, enluminées par instants par un violoncelle et un jeu d'ombres et lumières. Simon Buret est habituellement comédien. Ce qui contribue à imposer une présence, un climat de série noire. Bienvenue dans le cocon vicié d'AaRON."  © Olivier Horner - Le Temps, 2007 - Mercredi 25 juillet 2007 - Rubrique: Culture .

Je vous invite à méditer cette phrase qui clôt la dernière de l'album d'AaRon :

"...always keep in mind that life is a great thing, everything hard has its positive side, don't be stuck in the every day reality, allow yourself to dream, have faith in your wildest dreams." soit, en français : "... garde toujours à l'esprit que la vie est une grande chose, tous les mauvais coups du sort ont un aspect positif, ne t'attache pas à la réalité quotidienne, permets-toi de rêver, aies foi en tes rêves les plus fous." C'est une philosophie que je partage. Aussi, j'ai repris une partie de cette phrase pour mettre en exergue de mon blog.

U-TURN (Lili)

Lili, take another walk out of your fake world
please put all the drugs out of your hand
you'll see that you can breathe without no back up
so much stuff you got to understand
for every step in any walk
any town of any thought
i'll be your guide
for every street of any scene
any place you've never been
i'll be your guide

Lili, you know there's still a place for people like us
the same blood runs in every hand
you see its not the wings that make the angel
just have to move the bats out of your head
for every step in any walkany town of any thought
i'll be your guide
for every street of any scene
any place you've never been
i'll be your guide

Lili, easy as a kiss we'll find an answer
put all your fears back in the shade
don't become a ghost without no colour
cause you're the best paint life ever made

Merci (thanks to) : http://musique.ados.fr/AaRON/U-Turn-Lili-t109573.html pour le texte en anglais.
Ma fidèle "conseillère en traductions", Marie-Cécile Oubrier m'a proposé quelques améliorations que j'ai intégrées dans ma traduction.

Fais demi-tour ! Lili
Fais un pas hors de ton monde artificiel
S'il te plaît, laisse tomber toutes ces drogues
Tu verras que tu peux t'en passer
Y'a tant de trucs que tu dois comprendre
A chaque pas que tu feras,
Dans chaque ville où tu iras,
A chaque pensée que tu auras,
Je serai là
Dans chaque rue où tu iras,
Dans chaque endroit
Où tu te rendras,
Je serai là

Lili, tu sais, il y a toujours une place pour les gens comme nous,
Le même sang coule dans nos veines
Tu sais, ce ne sont pas les ailes qui font les anges (1)
Chasse ces idées noires de ta tête
A chaque pas que tu feras
Dans chaque rue où tu iras
A chaque pensée que tu auras,
Je serai là
Dans chaque rue de chaque endroit
Dans tous les lieux où tu iras
Je serai là

Lili, nous trouverons la réponse aussi aisément qu'un baiser
Rejette toutes tes peurs loin dans l'obscurité
Ne deviens pas un fantôme incolore
Car tu es la plus belle œuvre d'art que la vie ait jamais faite

(1) Je sais que la bonne traduction serait : "L'habit ne fait pas le moine" mais je garde la traduction mot-à-mot de l'anglais car je la trouve beaucoup plus poétique et adaptée au sens de la chanson.
[Merci pour son aide et ses conseils à Marie-Cécile Oubrier]

dimanche 2 juin 2019

HOMMAGE A MICHEL SERRES


Le philosophe Michel Serres est mort le 1er juin 2019 à l’âge de 88 ans.

Il était né le 1er septembre 1930 à Agen. S'étant en particulier intéressé aux sciences en tant qu'enseignant-chercheur, membre de l'Académie française et de l'Académie européenne des sciences et des arts, il a publié plus d'une 100e d'ouvrages. Sa curiosité naturelle et sans tabou l’amena à s’intéresser à un grand nombre de sujets allant des mathématiques à l’histoire des sciences, en passant par Hergé (Hergé mon ami) et Jules Verne (Conversations avec Jules Verne), les ponts, l’art, les anges, l'informatique et même le luxe (Van Cleef et Arpels) ! Il dissertait de tous ces sujets avec une intelligence rare et une ouverture d’esprit absolue. Quel que soit le thème abordé, il n’était jamais ni pontifiant ni ennuyeux et ses propos vous faisaient vous sentir plus intelligent - ce qui est le propre des gens vraiment intelligents - et vous motivaient à aller de l’avant. Son regard d'enfant émerveillé, malicieux, sa simplicité et sa gentillesse, en faisaient quelqu’un dont on aurait voulu être l’ami.  

J'ai vendu beaucoup de ses ouvrages (et en ai lu quelques uns) alors que j'étais libraire. Certains, comme Le Contrat naturel (où il abordait la place de l'homme dans la nature) ou La légende des anges (qui traitait, non des anges à proprement parler, mais du rôle des médiateurs) connurent des chiffres de vente exceptionnels pour des ouvrages d'un tel niveau intellectuel. En pensant à lui, il me revient cette phrase que prononça en 1960 Amadou Hampâté Bâ, devant les membres de l'Unesco, à propos de la richesse de la culture orale de l'Afrique : "Un vieillard qui meurt, c'est une bibliothèque qui brûle". La disparition d'un esprit brillant comme l'était Michel Serres est dramatique car un homme comme lui, malgré tout ce qu'il a apporté à la pensée, avait encore tant à lui (à nous) apporter. Pour moi, il rejoint au panthéon des personnes qui, pour moi, ont été des exemples et des inspirateurs (je pense à Germaine Tillion, Arthur C. Clarke, Stéphane Hessel, Ray Bradbury pour ne citer qu'eux...)     

Au revoir, Michel Serres, votre optimisme, votre intelligence, votre humour nous manqueront  !