Le Comité Nobel vient, une
nouvelle fois, de faire preuve d'intelligence (cela n'a pas toujours été le
cas, hélas*), en décernant le Prix Nobel de la Paix 2014 à Malala Yousafzaï, la
jeune pakistanaise de 17 ans qui, en raison de son engagement pour l'éducation
des jeunes filles, avait reçu, il y a deux ans, une balle dans la tête alors
qu'elle était dans le bus scolaire qui la ramenait de l'école. Dans le coma,
entre la vie et la mort, la jeune fille avait été évacuée dans un hôpital de
Birmingham, en Angleterre, où elle reprit conscience six jours plus tard. Un
miracle dont, dans son autobiographie sobrement intitulée « Moi, Malala »,
qui est devenue un bestseller mondial, elle a remercié Allah.
Son histoire a bouleversé une
partie de l'opinion publique, y compris dans son pays. Depuis cinq ans, la plus
jeune femme jamais nobélisée a fait de l'école pour tous – filles et garçons –
son combat. Dans son livre, comme elle l'avait fait dès 2009 sous pseudonyme
sur le blog en ourdou de la BBC "Journal d'une écolière pakistanaise",
Malala Yousafzaï témoigne de l'emprise de talibans dans sa vallée pakistanaise.
Elle y évoque notamment les flagellations publiques, la destruction des écoles
pour filles, l'interdiction de la télévision, de la danse et de la musique. Jusqu'à
la décision de sa famille de fuir en 2009, comme un million d'autres personnes,
alors que des combats font rage entre talibans et troupes pakistanaises. Réfugiée
en Grande-Bretagne où elle a pu retrouver une vie normale, Malala a poursuivi
son combat. Invité, le 12 juillet 2013, à prendre la parole à la tribune de
l'ONU, elle y a déclaré que "les extrémismes ont peur des livres et des
stylos. Le pouvoir de l'éducation les effraie". Son discours fut salué par
une standing ovation. Un an avant de recevoir le Nobel, Malala Yousafzaï
recevait le Prix Sakharov pour la liberté de pensée, remis par le Parlement
européen. Au micro de France Inter, elle traçait ainsi son avenir : "Je
deviendrai Premier ministre du Pakistan et j'œuvrerai à l'éducation de chaque
enfant". Son héroïne s'appelle Benazir Bhutto, ancienne Premier ministre
pakistanaise. L'histoire de Malala ne fait que commencer.
Le co-lauréat du Prix Nobel 2014 est
Kailash Satyarthi, militant indien du droit des enfants et du droit à
l'éducation, qui a fondé en 1980 l'association Bachpan Bachao Andolan, «
Mouvement pour sauver l'enfance » grâce à laquelle de nombreuses familles de
l'esclavage dans les usines où elles devaient travailler pour rembourser leur
prêt. Il est devenu avocat du droit des enfants. Il est aussi à la tête de la
Global March Against Child Labor, « Marche mondiale contre le travail des
enfants ».
* Rappelons quelques jolis ratages :
- Kissinger (1973)
- Rabin (1994)
- ou même Barack Obama (2009)
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