Son nom ne vous dira peut-être rien sauf si, abonnés de Telerama, vous avez prêté attention à la couverture du n°3299 qui lui est consacrée. Aaron Schwartz était un brillant jeune homme de 27 ans qui s'est suicidé à New York, le 11 janvier 2013. Il était sous le coup d'un procès fédéral pour fraude électronique avec, en cas de condamnation, une peine d'emprisonnement qui aurait pu aller jusqu'à 35 ans et une amende d'1 million de dollars. Fils d'un informaticien, il avait reçu, à l'âge de 13 ans, le prix ArsDigitalPrize qui récompense un jeune ayant créé des "sites non commerciaux, utiles, éducatifs et collaboratifs." Le prix était un voyage au MIT (Massachussetts Institute of Technology), l'un des plus prestigieux centres de recherches avancées des Etats-Unis. A 14 ans, Aaron participe à la mise au point du format RSS. En 2002, il lance le premier blog non officiel sur Google. En 2007, il met au point Jottit qui permet de créer une page web aussi simplement que l'on tape une lettre. C'est en juillet 2011 que ses ennuis judiciaires commencent, après qu'il ait téléchargé et mis à la disposition de tous les internautes 4,8 millions d'articles scientifiques disponibles dans la base JSTOR, système d'archivage en ligne de publications universitaires et scientifiques. JSTOR est une "charity" sans but lucratif. Ce n'est pas elle qui a porté plainte contre Aaron Schwarz mais une femme, le procureur Carmen M. Ortiz, nommée en 2009 par Barak Obama.
Le jour même de son décès, la famille d'Aaron a mis en ligne le texte suivant :
« Aaron’s
death is not simply a personal tragedy. It is the product of a criminal justice
system rife with intimidation and prosecutorial overreach. Decisions made by
officials in the Massachusetts U.S. Attorney’s office and at MIT contributed to
his death. The US Attorney’s office pursued an exceptionally harsh array of
charges, carrying potentially over 30 years in prison, to punish an alleged
crime that had no victims. Meanwhile, unlike JSTOR, MIT refused to stand up for
Aaron and its own community’s most cherished principles. »
« La mort d'Aaron n'est pas seulement une tragédie
personnelle. C'est le résultat d'un système judiciaire où l'intimidation et les
poursuites excessives abondent. Les décisions prises par le bureau du procureur
au Massachusetts et le MIT ont contribué à sa mort. Le procureur des États-Unis
a poursuivi pour un nombre de chefs d'accusation particulièrement sévères,
menaçant de jusqu'à plus de 30 ans de prison, pour punir un crime allégué qui
n'a pas fait de victime. Tandis que, et contrairement au JSTOR, le MIT a refusé
de défendre Aaron et ce faisant les principes mêmes, ceux-là les plus chéris,
de sa communauté. » (Traduction libre)
Aaron était, pour le système, un dangereux criminel, luttant pour la liberté d'expression, de conscience, pour la mise en commun des idées et des connaissances, c'était donc, comme Julian Assange, fondateur de Wikileaks, un homme bien plus à craindre qu'un terroriste poseur de bombes, qu'un serial-killer ou qu'un trafiquant de drogue.
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