"...don't be stuck in the every day reality, allow yourself to dream, have faith in your wildest dreams." [AaRON]

"Ne restez pas scotchés à la réalité quotidenne. Permettez-vous de rêver. Croyez en vos rêves les plus fous..." [AaRON]

dimanche 2 septembre 2012

"CHANGER LA VIE" DE JEAN GUEHENNO


Je viens de relire un livre que j'avais découvert alors que j'effectuais ma 2nde au Lycée Jean-Baptiste Say à Paris dans les années 60. Je l'avais emprunté à la bibliothèque du lycée et j'avais commencé à la lire dans le métro en rentrant chez les gens qui m'hébergeaient. Et je l'y avais perdu. Je n'avais jamais pu le terminer. Je l'ai oublié pendant plusieurs années et, lorsque j'ai voulu le relire, il était devenu introuvable. Puis, alors que je travaillais comme libraire, il m'était repassé entre les mains car il avait été réédité dans une collection de semi-poche, Les cahiers rouges, chez Grasset.

J'avais commencé à le relire mais, à ce moment là, je n'y avais pas retrouvé la magie qui m'avait tant plu à l'époque où j'étais lycéen. C'est très curieux, ce sentiment que l'on peut avoir parfois, face à un livre. Un livre doit s'accorder à l'humeur du lecteur et il faut trouver le moment adéquat pour qu'il vous accroche. Il ne faut pas insister, le moment se représentera toujours...

Donc, dans le cas de "Changer la vie", il avait gentiment rejoint mon purgatoire personnel, dans les rayons très encombrés de ma bibliothèque. J'ai même failli m'en dessaisir et puis, je ne sais pas, je l'ai rouvert et je me suis mis à le lire. Et j'ai retrouvé la même envie de tourner la page, la même harmonie avec l'auteur que j'avais ressentie lorsque j'avais 15 ans.

Je l'ai lu (relu) avec plaisir, y retrouvant des phrases que j'avais déjà soulignées.

Je constate qu'outre ses souvenirs d'enfance, par lequel l'auteur commence son livre, qui est une sorte d'autobiographie, j'y trouve des propos étonnamment d'actualité.

Jean Guéhenno, je l'avais oublié, était un homme politiquement et socialement engagé. Il était ce que l'on pourrait appeler un "chrétien de gauche". Il a eu une vie extraordinaire.

Né dans une famille d'ouvriers pauvres au fin fond de la Bretagne à la fin du XIXème siècle, il connut cette période de transition qui a fait passer, non sans une terrible casse sociale, la France rurale dans l'ère industrielle.
Ayant dû quitter le collège à 14 ans, il s'est hissé, à force de volonté, à un statut social supérieur, préparant seul, tout en travaillant dans une usine, le baccalauréat qu'il obtint en 1907, puis grâce à une bourse, il entra à khâgne et passa une licence de philosophie. En 1911, il fut reçu à l'Ecole Normale Supérieure de la rue d'Ulm, une des institutions les plus prestigieuses de notre pays. 1914, la guerre, qui mit fin à la carrière et aux espoirs de toute une génération de jeunes gens, lui permit de se lancer dans l'écriture. Après la guerre, il  dirigea la revue Europe, co-fonda les Lettres françaises, et collabora à un nombre incalculables de journaux. Il finira sa vie en faisant des tournées de conférences dans le monde entier, en Europe, en Afrique, en Amérique du Nord et du Sud, où on le reçut avec les honneurs dans de nombreuses universités.

"Changer la vie" est non seulement le titre de ce livre-testament, mais ce fut aussi le mot d'ordre qui dirigea sa vie : "Ces trois mots l'ont hanté toute sa vie. Ils représentent sa foi et son rêve : changer la vie des hommes, c'est les arracher à la misère et, par la culture, qui ne doit être refusée à personne, les amener à la conscience." [Préambule à Changer la vie]          

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