Hommage à Olympe de Gouges
Olympe de Gouges, de son vrai nom
Marie Gouze, était née à Montauban le 7 mai 1748. Elle est morte guillotinée à Paris le 3 novembre 1793. Femme de
lettres, devenue femme politique, elle est considérée comme l'une des
pionnières du féminisme français.
Auteure de la Déclaration des
droits de la femme et de la citoyenne, elle a laissé de nombreux écrits en
faveur des droits civils et politiques des femmes et de l’abolition de
l’esclavage des Noirs.
Dans la Déclaration des droits de
la femme et de la citoyenne, l’auteure exige la pleine assimilation légale,
politique et sociale des femmes. Le texte a été rédigé en septembre 1791 sur le
modèle de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen proclamée le 27
août 1789, et publié dans la brochure Les Droits de la femme, adressée à la
reine Marie-Antoinette [Texte intégral de 24 pages sur Gallica].
Premier document à évoquer l’égalité juridique et
légale des femmes par rapport aux hommes, la Déclaration des droits de la femme
et de la citoyenne a été rédigée afin d’être présentée à l’Assemblée nationale
le 28 octobre 1791 pour y être adoptée. Ce texte constitue un pastiche critique
de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, qui énumère des droits
ne s’appliquant qu’aux hommes, alors que les femmes ne disposaient pas du droit
de vote, de l’accès aux institutions publiques, aux libertés professionnelles,
aux droits de propriété, etc. Olympe de Gouges y défend, non sans ironie à
l’égard des préjugés masculins, la cause des femmes, écrivant ainsi que « la
femme naît libre et demeure égale en droits à l’homme ». Ainsi se voyait
dénoncé le fait que la Révolution oubliait les femmes dans son projet de
liberté et d’égalité. Ce projet fut refusé par la Convention.
Rappelons qu’il fallut attendre
octobre 1945 pour que les femmes aient enfin le droit de vote plein et entier
en France. Par comparaison, de nombreux pays nous ont largement devancé :
- - Nouvelle-Zélande (1893)
- - Australie (1901)
- - Finlande (1906)
- - Norvège (1913)
- - Danemark et Islande (1915)
- - Arménie, Hongrie, Canada, Autriche, Allemagne (1918)
- - Russie, Tchécoslovaquie, Pologne, Géorgie, Azerbaïdjan (1918)
- - Pays-Bas, Luxembourg, Belgique, Suède (1919)
- - Etats-Unis, Albanie (1920)
- - Mongolie (1924)
- - Inde, Liban (1926)
- - Grande-Bretagne et Irlande (1928)
- - Equateur, Afrique du Sud (femmes blanches uniquement), Grèce (1929)
- - Portugal (1930)
- - Espagne (1931)
- - Roumanie, Thaïlande, Maldives, Uruguay, Brésil (1932)
- - Cuba, Turquie (1934)
- - Birmanie, Philippines (1935)
- - Bolivie, Ouzbékistan (1938)
- - Salvador (1939)
- - Québec (1940)
- - République Dominicaine (1942)
- - France (1944 effectif en 1945), Bulgarie, etc.
- [Liste non exhaustive]
- Aujourd’hui, le seul pays au monde à interdire le vote des femmes est… le Vatican et, bien que la législation de ce pays se soit récemment assouplie, l’Arabie Saoudite.
Le texte
élaboré par Olympe de Gouges, refusé par la Convention, est resté sans valeur
légale et resta à l’état de projet. D’une part, il n’avait paru qu’en cinq
exemplaires et il a été politiquement complètement ignoré tandis que, de
l’autre, il a été dit que « la Déclaration a fait sensation dans toute la
France, et même à l’étranger. » Il fallut attendre 1840 pour que quelques
extraits de cette Déclaration soient publiés, et l'intégralité du texte ne l'a
été qu'en 1986, par Benoîte Groult. L’importance historique de la Déclaration
des droits de la femme et de la citoyenne réside dans son statut de première
déclaration universelle des droits humains qui élève une exigence
universellement valable à la fois pour les hommes et les femmes. De cette
façon, la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 qui n’avait
été arrêtée que pour une moitié de l’humanité, sans avoir été légitimée par
l’autre moitié, se trouvait, en réalité, dépassée alors qu’elle continue à être
transmise, dans la conscience historique moderne, comme la base des droits de
l’homme. La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne constitue, de
ce fait, un brillant plaidoyer radical en faveur des revendications féminines
et une proclamation authentique de l’universalisation des droits humains.
En 1793, elle
s’en était vivement prise à ceux qu’elle tenait pour responsables des atrocités
des 2 et 3 septembre 1793. Elle désignait particulièrement Marat, qu'elle
traite d' «avorton de l'humanité ». Soupçonnant Robespierre d’aspirer à la
dictature, elle l’interpella dans plusieurs écrits, ce qui lui valut une
dénonciation de Bourdon de l'Oise au club des Jacobins.
Dans ses
écrits du printemps 1793, elle dénonça la montée en puissance de la dictature
montagnarde avec la mise en place d’un Comité de salut public, le 6 avril 1793,
qui s’arrogeait le pouvoir d’envoyer les députés en prison. Après la mise en
accusation du parti girondin tout entier à la Convention, le 2 juin 1793, elle
adressa au président de la Convention une lettre où elle s’indignait de cette
mesure attentatoire aux principes démocratiques (9 juin 1793), mais ce courrier
fut censuré en cours de lecture. S’étant mise en contravention avec la loi de
mars 1793 sur la répression des écrits remettant en cause le principe
républicain – elle composa une affiche à caractère fédéraliste ou girondin sous
le titre de Les Trois urnes ou le Salut de la patrie, par un voyageur aérien –.
Elle fut arrêtée le 20 juillet 1793, jour de l'affichage du texte, et déférée
le 6 août 1793 devant le tribunal révolutionnaire qui l’inculpa.
Malade des
suites d’une blessure infectée reçue à la prison de l’abbaye de
Saint-Germain-des-Prés. Désirant se justifier des accusations pesant contre
elle, elle réclama sa mise en jugement dans deux affiches qu’elle avait réussi
à faire sortir clandestinement de prison et à faire imprimer. Ces affiches – «
Olympe de Gouges au Tribunal révolutionnaire » et « Une patriote persécutée »,
son dernier texte – furent largement diffusées et remarquées par les
inspecteurs de police en civil qui les signalent dans leurs rapports.
Traduite au
Tribunal au matin du 2 novembre, soit quarante-huit heures après l’exécution de
ses amis Girondins, elle fut interrogée sommairement. Privée d’avocat, elle se
défendit avec adresse et intelligence. Condamnée à la peine de mort pour avoir tenté
de rétablir un gouvernement autre que « un et indivisible », elle se déclara
enceinte. Les médecins consultés se montrèrent dans l’incapacité de se
prononcer, mais Fouquier-Tinville décida qu’il n’y avait pas grossesse. Le
jugement était exécutoire, et la condamnée profita des quelques instants qui
lui restaient pour écrire une ultime lettre à son fils, laquelle fut
interceptée. D’après un inspecteur de police en civil, le citoyen Prévost,
présent à l’exécution, et d’après le Journal de Perlet ainsi que d’autres
témoignages, elle monta sur l’échafaud avec courage et dignité. Elle s'écriera,
avant que la lame ne tombe : « Enfants de la Patrie vous vengerez ma mort. »
Elle avait alors 45 ans.
Le procureur
de la Commune de Paris, Pierre-Gaspard Chaumette, applaudissant à l’exécution
de plusieurs femmes et fustigeant leur mémoire, évoque cette « virago, la
femme-homme, l’impudente Olympe de Gouges qui la première institua des sociétés
de femmes, abandonna les soins de son ménage, voulut politiquer et commit des
crimes [...] Tous ces êtres immoraux ont été anéantis sous le fer vengeur des
lois. Et vous voudriez les imiter ? Non ! Vous sentirez que vous ne serez
vraiment intéressantes et dignes d’estime que lorsque vous serez ce que la nature
a voulu que vous fussiez. Nous voulons que les femmes soient respectées, c’est
pourquoi nous les forcerons à se respecter elles-mêmes. »
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"Nous voulons que les femmes soient respectées, ...." c'est à n'en pas croire nos oreilles !
RépondreSupprimermerci pour toute cette documentation