Grenade, nov. 1918
"Aujourd'hui je sens dans mon coeur
"Un vague frisson d'étoiles,
"Mais mon sentier se perd
"Dans l'âme du brouillard.
"Le jour me tranche les ailes,
"La douleur et la tristesse
"Submergent mes souvenirs
"Dans la source de l'idée.
"Toutes les roses sont blanches,
"Aussi blanches que ma peine;
"Ces roses n'étaient pas blanches,
"Mais il a neigé sur elles
"Qui étaient couleur d'iris.
"Il neige aussi sur nos âmes.
(...)
"Fondra-t-elle cette neige,
"Quand la mort viendra nous prendre ?
"Connaîtrons-nous d'autres neiges,
"D'autres roses plus parfaites ?
"Sur nous la paix viendra-t-elle ?
(...)
"Si l'espérance s'éteint,
"Si Babel se recommence,
"Quelle torche éclairera
"Nos chemins sur cette terre ?
(...)
"Si la mort est bien la mort,
"Que deviendront les poètes
"Et les choses endormies
"Dont personne ne se souvient ?
"Ô soleil des espérances !
"Eau claire ! Lune nouvelle !
"Fraîcheur des petits enfants !
"Âme rude de la pierre !
"Aujourd'hui je sens dans mon coeur
"Un vague frisson d'étoiles
"Et toutes les roses sont
"Aussi blanches que ma peine."
Extrait de "Chanson d'Automne" de Federico GARCIA LORCA, Poésies I (Livres de poèmes, Mon village) traduction d'André Belamich et Claude Couffon. Paris, Gallimard, 1954-1983 (coll. Poésie/Gallimard)
Federico Garcia Lorca a été assassiné par les franquistes dans le petit village de Viznar, à quelques kilomètres au sud de Grenade, à l'aube du 17 août 1936.
je viens de découvrir votre écrin...
RépondreSupprimerbien joli et touchant.
Merci.
Supprimermerci pour ce poème
RépondreSupprimerreflet de douleurs et d'interrogations,par un auteur d'une grande sensibilité
Merci à vous pour ce commentaire.
Supprimer