Suite du post A.-C. CLARKE "Chants de la terre lointaine" (24/08/2007)
Chants de la terre lointaine, disque de Mike Oldfield Voir la vidéo à la date du 03/01/2009
J'ai parlé de cette oeuvre de science-fiction mais aussi de la musique qui a été créée par Mike Oldfield pour l'accompagner. Voici le texte, traduit par mes soins, qui a été écrit par le musicien pour présenter son oeuvre.
Mike Oldfield (2002)
"Voici plusieurs années maintenant que j'expérimente l'ordinateur graphique comme partie du processus d'élaboration musicale.
"Souvent, alors que je travaillais sur un morceau, je visualisais en même temps des images qui semblaient naturellement naître de la musique. Pendant que je travaillais sur les "Chants de la Terre lointaine", surgissait en moi un double processus où certaines images créées par l'ordinateur m'aidaient à imaginer la musique. Ce CD-Rom représente un croquis visuel des idées et des images qui m'ont traversé l'esprit alors que j'étais en train d'écrire et de composer cet album.""
Dans "Genesis", le texte est un extrait de citations par Bill ANDERS du Livre de la Genèse à bord d'Apollo 8 alors qu'elle était en orbite autour de la lune, à Noël 1968, avec à son bord les astronautes James LOVELL et Frank BORMAN." (Mike OLDFIELD, octobre 1994)
Sur Mike Oldfield, voir :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Mike_Oldfield Arthur C. Clarke en 2002 à Ceylan (pour son 86e anniversaire)
"Chants de la Terre lointaine" est mon livre préféré. Sa genèse est curieuse et, en fait, unique. Très tôt, en 1957, l'année où s'ouvrit l'ère spatiale, la phrase "Ce sont les chants de la Terre lointaine" se mit à marteler mon esprit comme surgie de nulle part. Cette phrase ne cessa de me tourner dans la tête, à l'image de ce qu'allait faire le spoutnik dans le ciel environ six mois plus tard. La seule façon que je trouvai de m'en débarasser fut de me mettre à ma machine et de taper une nouvelle de 12 000 mots qui fut publiée l'année suivante dans un magazine américain de S.F.
"Tout cela resta en l'état jusqu'en 1983, date à laquelle je décidai de développer la nouvelle et d'en faire un livre à part entière. Je me lançai ainsi à moi-même un défi : était-il possible d'écrire une oeuvre d'imagination sur le voyage interstellaire, qui soit aussi un roman scientifiquement fondé, dans lequel on admettrait que la vitesse limite étant fixée par la vitesse de la lumière, les voyages dans l'espace prendraient des dizaines, voire des centaines d'années ?
"L'écriture avança avec une lenteur correspondante et il me fallut plus de deux ans avant qu'il soit prêt à être remis aux éditeurs. Pendant ce temps, j'avais presqu'entièrement laissé tomber l'histoire initiale dont seuls demeuraient le lieu et l'idée de base.
"Cela aurait fait, pensai-je, un merveilleux film et cette idée intéressa un temps Michael PHILLIPS ("Rencontres du troisième type", etc.).
"Dans l'introduction du roman, je me réferrai à Star Trek et j'affirmai qu'aucun "warp 6" ne vous conduirai jamais d'un lieu à l'autre en une semaine, temps nécessaire pour voirà temps le prochain épisode de la série. Je concluai en disant que le Grand Architecte de l'Univers n'avait pas prévu cela dans ses plans.
"L'une des occupations majeures des auteurs de S.F. n'est-elle pas d'aller au-delà de limites qui, un jour ou l'autre s'avèreront dépassées ? Témoin cet article paru dans un journal de Mai 1994, "Gravité classique et gravité quantique", que vous ne risquez pas de trouver chez votre marchand de journaux : "Longtemps cliché de S.F., le "warp" transporta des "multitudes de personnages de fiction à travers des années- "lumière d'espace interstellaire dans le même temps qu'il "vous fallait, à vous et à moi, pour vous rendre chez l'épicier du coin. Malheureusement pour les véritables "voyageurs de l'espace, cela n'a longtemps été qu'un rêve au "regard des lois de la physique. Maintenant, tout a changé "... Miguel ALCUBIERRE, physicien à l'Université de Cardiff "au Pays de Galles, décrit un scénario qui présente une "étrange ressemblance avec la propulsion "warp" de la S.F. "Avec la propulsion "warp" de Miguel ALCUBIERRE, nous "pourrions atteindre n'importe quel endroit de l'univers dans "un temps aussi court qu'il nous plaira ! Ce mode de "propulsion est rendu possible grâce aux subtilités de la "théorie générale de la relativité d'Einstein."
"J'espère que Mr. ALCUBIERRE a raison, mais je reste quelque peu sceptique. En effet, si le warp 6 est réellement possible, où sont les touristes ?
"Une autre prévision théorique des "Chants de la Terre lointaine, l'ascenseur céleste, a mieux marché. Le construire nécessiterait un matériau suffisamment solide pour relier une station en orbite fixe à l'équateur terrestre pour ne pas être sectionné par la force de la gravitation terrestre. Un tel matériau a été découvert en 1993 par les chimistes de l'Université de Rice (Texas). Il s'agit d'une forme tubulaire de C 60 [carbonne 60], mieux connue sous le nom de "Buckminsterfullerene". Or, c'est par une extraordinaire coïncidence, que "Bucky" FULLER en personne avait rédigé les notes additives de mon livre "Les fontaines du Paradis", le roman où je mets en oeuvre l'idée de l'ascenseur céleste. Je regrette tant qu'il n'ait pu vivre assez pour voir la découverte du matériau qui porte son nom et qui aurait pu rendre son rêve possible !
"Le livre se termine sur un concert. Je fus enthousiaste lorsque Mike OLDFIELD me dit qu'il souhaitait s'en inspirer pour composer une suite musicale. J'avais été particulièrement impressionné par la musique qu'il avait composée pour les "Killing Fields" [Champs Mortels], et maintenant, après avoir entendu le CD des "Chants de la Terre lointaine", je sais qu'il a comblé toutes mes attentes.
"Bienvenue, Mike, une nouvelle fois dans l'espace : il y a toujours de la place là-haut ! "
"Les Chants de la Terre lointaine étaient dédiés à ma famille d'adoption Sri Lankaise. Comme celle-ci s'est agrandie au cours des dix dernières années, je dois mettre à jour la dédicace que portait mon livre :
A Cherene, Tamara et Melinda,
Hector et Valérie
Pour l'amour et pour la loyauté."
(Arthur C. Clarke)
Sur Arthur C. Clarke, voir le site (en anglais) : http://www.lightmillennium.org/2004_newyear/acc_86th_birthday.html
En français : http://fr.wikipedia.org/wiki/Arthur_C._Clarke