"...don't be stuck in the every day reality, allow yourself to dream, have faith in your wildest dreams." [AaRON]

"Ne restez pas scotchés à la réalité quotidenne. Permettez-vous de rêver. Croyez en vos rêves les plus fous..." [AaRON]

mardi 2 août 2022

LE BAL DES LAZE par Michel POLNAREFF (Chanson française-1968)

Mon frère Yvon adorait (et adore toujours) cette chanson. Tout récemment, je l'ai trouvée sur Youtube illustrée d'une vidéo d'un bal sans doute tirée d'un film que je n'ai pas identifié. Les paroles de cette chanson, l'une des plus réussies du chanteur, ont été co-écrites par Polnareff et Pierre Delanoë mais la mélodie, appuyée par une musique d'orgue, est de Polnareff. Voici ce qu'en dit Bertrand Dicale, l'un des meilleurs spécialistes de la musique de variété française : « La mélodie au pas ample et élégant, le dialogue de l'orgue classique et de la basse électrique, l'ambiance du texte — mi-Lawrence, mi-Brontë —, tout est magnifique et révolutionnaire ». 

Le bal des Laze (par Michel Polnareff)


 Je serai pendu demain matin

Ma vie n'était pas faite

Pour les châteaux.

Tout est arrivé ce soir de juin

On donnait une fête

Dans le château.

 

Dans le château de Laze

Le plus grand bal de Londres

Lord et Lady de Laze

Recevaient le grand monde

Diamants, rubis, topazes

Et blanches robes longues

Caché dans le jardin

Moi je serrais les poings

Je regardais danser

Jane et son fiancé.

 

Je serai pendu demain au jour

Dommage pour la fille

De ce château.

Car je crois qu'elle aimait bien l'amour

Que l'on faisait tranquille

Loin du château.

 

Dans le château de Laze

Pour les vingt ans de Jane

Lord et Lady de Laze

Avaient reçu la Reine

Moi le fou que l'on toise

Moi je crevais de haine

Caché dans le jardin

Moi je serrais les poings

Je regardais danser

Jane et son fiancé.

 

Je serai pendu demain matin

Ça fera quatre lignes

Dans les journaux.

Je ne suis qu'un vulgaire assassin

Un vagabond indigne

De ce château.

 

Dans le château de Laze

Peut-être bien que Jane

A l'heure où l'on m'écrase

Aura un peu de peine

Mais ma dernière phrase

Sera pour qu'on me plaigne

Puisqu'on va lui donner

Un autre fiancé

Et que je n' pourrai pas

Supprimer celui-là

(Paroles de Michel Polnareff et Pierre Delanoë, musique de Michel Polnareff)

Le Bal des Laze est le deuxième album de Michel Polnareff, sorti en 1968. La chanson « Le bal des Laze » figure en 10e position sur l’album bien qu’elle lui donne son titre. Le parolier Pierre Delanoë signe là l'un de ses textes les plus poétiques mais aussi les plus sombres. La chanson est l'équivalent d'une confession, d'une autobiographie présentée à la première personne : un roturier amoureux de Jane de Laze, une aristocrate anglaise avec laquelle il a eu une liaison secrète, assiste, caché dans le jardin du château des Laze, au bal donné en l’honneur des fiançailles de Jane et du prétendant que lui ont choisi ses parents. Après avoir tué le fiancé, le narrateur est condamné à mort. À la veille de son châtiment, il se désole de n’avoir pu tuer le nouveau fiancé de Jane.

La chanson n’a pas eu un succès immédiat car son thème, la mort d’un criminel qui ne se repent pas, a empêché les radios de l’époque de la diffuser. Ils lui ont préféré une autre chanson du même album, une pitrerie sans queue ni tête, « Y’a qu’un ch’veu » qui est devenue, par la grâce des discothèques, le tube de l’été 1968, au grand dam de Polnareff, qui croyait dur comme fer au succès (mérité) du Bal des Laze.   

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