J'ai appris ce matin en écoutant France Inter le décès d'Yves
Bonnefoy à l'âge de 93 ans.
J’ai souvent, dans ce blog, parlé de ce poète, écrivain, grand amateur de peinture et humaniste, et cité des extraits de L’Arrière-Pays, sa plus belle et plus grande œuvre, dans
laquelle je trouvais, au cours de mes lectures et de mes relectures, beaucoup
d’éléments dont je ressentais la justesse au fond de moi.
En lisant la biographie qui lui est consacrée sur Wikipedia, je tombe sur ce
passage :
L’été avaient lieu
chaque année les voyages, évoqués dans L'Arrière-Pays,
chez ses grands-parents à Toirac, dans le Lot, où s'était retiré Auguste Maury,
le grand-père instituteur. C'est dans cet essai qu'Yves Bonnefoy a aussi évoqué
la première irruption du sentiment d'exil et du néant qui brisa l'état initial
de plénitude de l'adolescence :
« Je me souviens :
quand on allait chercher le lait à la ferme et qu'il brillait en bougeant sur
le chemin du retour, sous les étoiles. Il y avait un moment difficile, à un
certain tournant, où l'on enfonçait dans le noir de murs trop serrés et de
l'herbe. Puis on passait à vingt mètres de la maison neuve éclairée. C'est à
une fenêtre de cette maison que j'ai vu une fois, se découpant sur le fond
d'une paroi nue, la silhouette obscure d'un homme. Il était de dos, un peu
incliné, il semblait parler. Et ce fut pour moi l'Étranger. »
— Un rêve fait à
Mantoue (1967)
Je me suis essayé à lire plusieurs de ses autres ouvrages. Je
ne vous cacherai pas que j’ai « séché » à la lecture de son premier
livre, publié en 1953, intitulé « Du
mouvement et de l’immobilité de Douve », qui m’a, à vrai dire, assez
déplu par son côté morbide (peut-être en raison d’une trop grande influence de
Baudelaire, qui avait été le sujet de son DES).
Je n’ai pas eu beaucoup plus de
succès avec les autres recueils de poésie dans lesquels je me suis aventuré. Je
me suis beaucoup plus retrouvé dans ses travaux critiques, en particulier ceux
consacrés aux peintres et à la peinture, marqués par une insatiable curiosité
et parcourus de fulgurances impressionnantes.
Mais, pour moi, comme je l’ai dit, l’ouvrage qui m’a le plus
marqué, qui est resté longtemps sur mon chevet et que je relis encore régulièrement,
est L’Arrière-Pays, publié en 1972 avec des illustrations aux éditions Skira à Genève et
republié depuis dans une collection de poche plus accessible chez Folio poésie. Je ne saurais trop vous conseiller de l'acquérir, de le lire et de le méditer.
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