"...don't be stuck in the every day reality, allow yourself to dream, have faith in your wildest dreams." [AaRON]

"Ne restez pas scotchés à la réalité quotidenne. Permettez-vous de rêver. Croyez en vos rêves les plus fous..." [AaRON]

vendredi 20 avril 2012

HOMMAGE A RAYMOND AUBRAC

Raymond Aubrac - autoportrait
Raymond Aubrac est mort le 10 avril 2012, à l'âge de 97 ans. Cinq ans après son épouse, Lucie, qui, par un coup de main digne des meilleurs romans, l'avait libéré des griffes de Klaus Barbie, en plein Lyon. Telerama a publié, dans son n°3249 du 18/04/2012, un bel article de Gilles Heuré intitulé "Raymond Aubrac, l'oeil du juste". Cet article est illustré d'une photo prise de lui-même par Raymond Aubrac dans un miroir. C'était peu de temps avant d'entrer dans la résistance.

Voici un extrait de cet article :

"Fixer son image, mais ne pas dévoiler son visage. Rester caché, n'apparaître que comme une silhouette, mais regarder devant soi. A quoi rêvait-il, Raymond Aubrac, jeune homme de 27 ans, quand il fit cet autoportrait, en 1941, à Lyon, ville où sévissait la Gestapo de Klaus Barbie ? Le résistant semblait prendre date (...) Deux ans plus tard, l'anonymat tombe et le combattant du mouvement Libération Sud, le membre de l'état-major de l'Armée secrète est arrêté par les Allemands. Puis il s'évade, grâce au coup de main ahurissant que conduit sa femme, Lucie. A la Libération, Raymond Aubrac ne se contente pas de figurer dans le glorieux album de la France résistante, dont certains voudront toujours froisser les épisodes et déchirer les images. [Il] contribue à bâtir un pays nouveau au sein du Conseil National de la Résistance (CNR). D'autres images surgissent, dans une France à genoux après quatre années d'Occupation : la Sécurité sociale, le rétablissement de la démocratie politique, économique et sociale (...) A 97 ans, le 2 avril dernier, dans un manifeste cosigné notamment par Stéphane Hessel, Raymond Aubrac regarde toujours autour de lui et voit une République menacée, un démantèlement social qui réfute "l'état d'esprit" de la Libération, des droits civiques contestés. Disparu le 10 avril dernier, le photographe de 1941 nous invite toujours à ouvrir les yeux."


Je voudrais ajouter que Raymond et Lucie Aubrac ont, jusqu'à peu, continué à intervenir dans les établissements scolaires pour informer les jeunes générations de ce qu'avait été leur combat pendant la Résistance. Après avoir vu une de leurs interventions, j'avais eu le projet de les inviter dans l'établissement où je travaillais. L'âge n'avait pas non plus mis fin à leur engagement et leur lucidité politique : à l'occasion du 60ème anniversaire de l'adoption du programme du Conseil National de la Résistance, en 2004, ils avaient signé, aux côtés d'autres grands résistants, comme Maurice Kriegel-Valrimont, Daniel Cordier et Germaine Tillion*, un "appel aux jeunes générations à réagir devant la remise en cause du socle des conquêtes sociales de la Libération et à faire vivre et retransmettre l'héritage de la Résistance et ses idéaux toujours actuels de démocratie économique, sociale et culturelle."

Devant la triste image que donnent nos actuels gouvernants, Lucie et Raymond Aubrac, par leur vie exemplaire, leurs engagements, leur probité morale et intellectuelle, doivent rester des phares vers lesquels  diriger nos regards par ces temps de confusion. N'oublions pas, jamais, de nous référer à leur exemple lumineux et digne.  

* Qui fut mon directeur de thèse à l'Ecole des Hautes Etudes et pour laquelle j'ai le plus grand respect mais aussi beaucoup d'affection.

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