Il serait étonnant que mes lecteurs aient entendu parler de Sara Teasdale. C'était une poétesse américaine, née en 1884 et morte,
suicidée, en 1933. Je l'ai découverte grâce à l'un de ses poèmes énigmatiques repris
par Ray Bradbury dans son chef d'oeuvre Chroniques martiennes.
En le lisant, je me suis même
demandé si Sara Teasdale n'était pas une pure invention de l'auteur mais
Wikipedia m'a démontré le contraire. Le poème dont il s'agit apparaît dans
l'avant dernier chapitre du livre, au moment où la maison abandonnée par ses habitants
terriens, s'autodétruit. Avant que le feu ne commence à la consumer
entièrement, l'ordinateur central propose à ses habitants (qui sont déjà partis)
de leur faire entendre un poème mais, n'obtenant pas de réponse, il en programme
d'office la diffusion.
Il s’agit de Il viendra des pluies douces de
Sara Teasdale. Je trouve ce poème magnifique et parfaitement en adéquation avec
le texte de Bradbury. En voici le texte original et sa traduction :
There will come soft rains
and the smell of the ground,
Il viendra des pluies douces et
l'odeur de la terre,
And swallows circling with their
shimmering sound;
Et des cercles d'hirondelles
stridulant dans le ciel,
And frogs in the pool singing at
night,
Des grenouilles dans les mares
qui chanteront la nuit
And wild plum trees in tremulous
white;
Et des pruniers sauvages palpitant
de blancheur;
Robins will wear their feathery
fire,
Les rouges-gorges enflant leur
plumage de feu
Whistling their whims on a low
fence-wire;
Siffleront à loisir perchés sur
les clôtures.
And not one will know of the war,
not one
Et personne ne saura rien de la
guerre qui fait rage,
Will care at last when it is
done.
Nul ne s'inquiètera quand en
viendra la fin.
Not one would mind, neither bird
nor tree,
Nul ne se souciera qu'il soit
arbre ou oiseau
If mankind perished utterly;
De voir exterminé jusqu'au
dernier des hommes
And Spring herself when she woke
at dawn
Et le printemps lui-même en
s'éveillant à l'aube
Would scarcely know that we were
gone.
Ne soupçonnera même pas que nous
sommes partis.
Ce poème provient du recueil Flame and Shadow (Flamme et Ombre), publié en 1920. Le
poète imagine la Nature revendiquant ses droits sur la Terre après que
l'humanité en ait été balayée par une guerre.
J’ai légèrement modifié la
traduction d’Henri Robillot, le traducteur de la première édition des Chroniques martiennes lorsque celles-ci ont été publiées en français par
Denoël en 1955.
Sur ce poème en particulier, voir Wikipedia : There willcome soft rains (en anglais)
Article plus complet en anglais
sur Sara Teasdale sur Wikipedia.
Oui bonjour,
RépondreSupprimerJe dois dire que j'ai aussi lu ce livre et que je suis tombé sous le charme de cette poésie. Je vous en propose donc la traduction revisitée.
"Viendront de douces pluies.
Viendront de douces pluies et des parfums de terre,
Et des stridulations d'hirondelles dans l'air ;
Des grenouilles en voix, la nuit, aux marécages,
Et de blanc trémolos dans les pruniers sauvages ;
Les rouges-gorges dans le feu de leur parure
Siffleront leurs lubies sur un fil de clôture ;
Et nul n'aura eu vent d'une guerre en ce monde
Ni souci que se taise, enfin, sa voix immonde.
Nul ne s'inquiètera, arbre ou oiseau, qu'importe,
Si l'humanité n'est rien plus que lettre morte ;
Et le Printemps, à l'aube, en retrouvant ses sens,
Ne remarquera pas, ou si peu, notre absence."
Bien à vous
Je me demandais également si cette poétesse existait, merci pour la découverte ;)
RépondreSupprimerEt le printemps lui même, en s'éveillant à l'aube, ne remarquera pas notre éternele absence.
RépondreSupprimerJ'adore ces 2 dernières phrases.
C'est très beau en effet.
SupprimerBonjour,
RépondreSupprimerje prépare, pour le courant de cette année aux éditions l'Escalier une traduction française de Flamme and shadow.
Je suis intéressé. Tenez-moi au courant.
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