J'aimais bien Jean d'Ormesson, comme on aime bien un vieil ami un peu original, que l'on admire même si on ne partage pas toutes ses idées. Ce qui était le cas. Je suis viscéralement de gauche et d'Ormesson était de droite. Je ne l'ai pas connu, si ce n'est à travers ses livres (que j'ai peu lus) mais surtout à travers ses interviews que je ne ratais jamais lorsque je tombais dessus. C'était un être d'une telle culture, d'une telle intelligence et portant sur tout un regard si profondément joyeux et optimiste que l'on ne pouvait que l'aimer. Et par-dessus tout, il avait un tel humour que, dans sa bouche, même les choses les plus graves étaient allégées.
Par de nombreux côtés (si ce n'est pour ses convictions politiques, diamétralement opposées), il me faisait penser à un autre personnage exceptionnel, Stéphane Hessel. Tous deux étaient des êtres exquis, d'une culture sans bornes, curieux de tout, ce qu'au siècle des Lumières, on qualifiait d'honnêtes hommes.
Il y a peu d'êtres de ce genre. Ils sont précieux. Et, lorsqu'ils s'en vont, ils laissent un grand vide.
"Une certaine légèreté demande plus d'efforts que la pesanteur, les leçons de morale, la gravité, l'ennui qui s'en dégage. Mais elle est liée aussi à une certaine grâce, au charme, au plaisir."
(Entretien avec Pascale Frey, 1994)
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