[J'avais commencé à rédiger ce post à chaud il y a plusieurs mois. Depuis, beaucoup d'événements se sont produits, dont l'assassinat des journalistes de Charlie Hebdo. Après ce traumatisme qui a touché chacun de nous, et la réaction salutaire et quasi unanime du pays, j'avais espéré un sursaut. Mais les choses vont de mal en pis : ce gouvernement, que j'ai contribué à élire et auquel j'ai cru, montre chaque jour un peu plus qu'il ne sait rien faire d'autre ni de mieux que celui auquel il a succédé. Voilà pourquoi ce post, bien que je l'aie commencé il y a presqu'un an, est toujours d'actualité. Et croyez bien que je le regrette.]
Je ne me suis pas encore exprimé sur la mort de Rémi Fraisse, 21 ans, étudiant en botanique, membre de France Nature Environnement, tué le 25 octobre 2014 par une grenade offensive tirée par les gendarmes lors des manifestations contre le barrage de Sivens dans le Tarn.
Je ne peux m'empêcher de faire le parallèle avec celle de Christophe de Margerie, le PDG de Total, intervenue quelques jours plus tôt. Je ne suis pas le seul à avoir noté que cette dernière avait été accueillie, à part quelques opinions discordantes (et remarquées), par un concert d'hommages et de louanges dithyrambiques de la part de la classe politique, toutes tendances confondues, alors que le décès de Rémi Fraisse a été accueilli, lui, par le silence assourdissant des mêmes, pour ne citer que ceux qui sont en première ligne, à savoir le président de la République, le ministre de l'Intérieur (Bernard Cazeneuve) ou le Premier Ministre (Manuel Valls), ils ont fait preuve à l'annonce du drame d'une froideur révoltante, pour se rattraper comme ils ont pu dans leurs déclarations ultérieures devant la levée de boucliers que leurs premières réactions (ou plutôt non-réactions) avaient soulevée.
Tout cela me rappelle de très mauvais souvenirs : en 1970, alors que j'étais étudiant à Grenoble, lors du retrait des policiers du campus universitaire, une grenade offensive avait été tirée dans la résidence universitaire où j'avais une chambre, soufflant le hall vitré et le véhicule du concierge, l'épargnant par miracle lui-même, sa femme et son fils de 10 ans qui regardaient tranquillement le spectacle. Ces événements suivaient de peu le bombardement du restaurant universitaire Barnave, où je me trouvais à l'heure du repas avec des camarades qui ne demandaient rien à personne. Là aussi, le hasard nous avait été favorable car il aurait fort bien pu y avoir des morts, certains étudiants pris au piège au 1er étage (où se trouvait la salle de restaurant), asphyxiés et aveuglés par les gaz auraient très bien pu, dans la panique, se défenestrer. Heureusement, à ma connaissance, les choses s'étaient terminées sans drame.
Mais on ne peut s'empêcher de penser que certains termes sont bien mal employés, comme celui de "forces de l'ordre". En l’occurrence, ce sont elles, censées établir ou rétablir l'ordre, qui le perturbent. C'est ce qu'il s'est passé à Grenoble alors que j'étais en fac, c'est aussi ce qu'il s'est passé à Sivens (avec, pour résultat la mort d'un innocent), c'est ce qu'il risque bientôt de se passer à Notre-Dame des Landes où l'Etat, malgré l'opposition et l'incompréhension que soulève ce projet absurde d'un nouvel aéroport superflu, s'enferre pour complaire à un ancien 1er ministre remercié et quelques "élus" qui s'accrochent à leurs idées dépassées, mais surtout aux barrons du capitalisme (de moins en moins) triomphant, entre autres Vinci et Bouygues... qui comptaient bien se remplir les poches d'argent public puisque c'est comme cela que ça marche en France depuis des décennies.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Nous vous remercions de vos commentaires mais nous vous indiquons que, sur ce blog les commentaires reçus sont automatiquement modérés et que seront systématiquement supprimés tous propos de caractère injurieux, violent, raciste, à caractère sexuel ou attentatoire aux bonnes moeurs. Merci de votre compréhension.