[Suite du post du 03/08/2013]
Nicolas de Staël - La route
"La nuit, lorsque je rêve, je pars dans un autre monde vivre des aventures qui ne sont pas toujours agréables ni drôles, elles sont même souvent effrayantes ou traumatisantes, mais elles sont. Alors que ma vie de tous les jours, malgré tous les intérêts qui sont les miens, me paraît fade, incomplète, entre parenthèses. Bien sûr, je ne me plains pas. J'ai un toit sur la tête, de quoi manger, j'ai des amis. Je vis. Je ne montre rien. Mais pour moi cette vie quotidienne qui se déroule est insipide, incomplète, sans beaucoup d'intérêt. Je sais que j'ai encore tant à faire et que le temps passe très rapidement, trop rapidement sans que je puisse réaliser quoique ce soit tant je suis englué dans la réalité comme si j'étais pris dans des sables mouvants. J'ai peu de bouger de crainte de m'enfoncer davantage et d'être englouti dans le néant et cette peur me paralyse. Comment mieux l'exprimer ? J'ai peu de vivre sachant que rien de ce que je ferai dans ce que l'on appelle la réalité ne me rapprochera de cet autre monde qui est celui de mes rêves et qui représente pour moi la seule réalité. C'est aussi pourquoi je suis fasciné par des auteurs comme Rilke ou des peintres comme Nicolas de Staël qui ont passé leur vie à chercher, à se chercher, ou à chercher à dépeindre cet autre monde qui était leur réalité. Pour les deux (Rilke est mort épuisé par sa quête, Staël s'est suicidé en se jetant du haut de son atelier à Antibes), ce fut un échec. Sauf qu'ils ont laissé une oeuvre magnifique, ce qui ne sera pas mon cas."
"C'est comme si mon vrai moi était ailleurs"
Tom dans "La femme du Ve" de Douglas Kennedy
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