J'ai découvert cet auteur et ce roman grâce à mon amie Fabienne, professeur d'espagnol au collège où j'enseigne. Je n'avais jamais entendu parler avant ni de l'auteur, ni du roman. Je l'ai lu en espagnol qui est, en quelque sorte, ma 2ème langue de coeur.
Carlos Ruiz Zafon est catalan et l'action du roman se passe à Barcelone dans les années 50, peu près la terrible période de la guerre civile espagnole qui a si durement marqué la ville. Un libraire amoureux des livres amène son fils Daniel, le héros du roman, dans un lieu secret de Barcelone, le "Cimetière des livres oubliés", gardé par l'un de ses vieux amis, et lui fait choisir un livre, qui deviendra "son" livre". Le livre en question "La sombra del viento" (l'ombre du vent) a été écrit par un auteur méconnu dont toutes les oeuvres ont mystérieusement disparu. Daniel lit ce livre et il en devient, en quelque sorte, le "prisonnier" consentant. A partir de là, il n'a qu'une idée en tête, c'est retrouver l'auteur de ce roman, le mystérieux Julian Carax, auquel il s'identifie. Mais sa quête n'est pas sans danger car ce roman est bien plus qu'un roman, et il recouvre une histoire d'amour et de mort . C'est un livre à clés, qui rappelle, par certains côtés, "Le nom de la rose". Dès qu'on a ouvert ce livre, on en devient, comme son héros, captif. Le livre est donc "captivant", au sens propre du terme mais il est beaucoup plus qu'un thriller ou un policier car son auteur, Carlos Luis Zafon est un grand écrivain. Sa prose, émaillée de termes propres au catalan de Barcelone, est d'une incroyable richesse et on se prend, en la lisant, à imaginer une "Barcelone-miroir", qui serait le double ou le reflet de la Barcelone "normale" que l'on croit connaître, une face sombre de la Barcelone lumineuse, en quelque sorte. Ce livre m'a fait aussi penser à l'extraordinaire "Neverwhere", de Neil Gaiman, dont j'ai parlé ici, qui évoque une Londres souterraine, décalée dans le temps et l'espace, dont le héros devient, lui aussi, le prisonnier consentant.
Voici un extrait de ce livre qui vous donnera, je le pense, envie de le lire :
"En una ocasión oí comentar a un cliente habitual en la librería de mi padre que pocas cosas marcan tanto a un lector como el primer libro que realmente se abre camino hasta su corazón. Aquellas primeras imágenes, el eco de esas palabras que creemos haber dejado atrás, nos acompañan toda la vida y esconden un palacio en nuestra memoria al que, tarde o temprano —no importa cuántos libros leamos, cuántos mundos descubramos, cuánto aprendamos u olvidemos—, vamos a regresar. Para mí, esas páginas embrujadas siempre serán las que encontré entre los pasillos del Cementerio de los Libros Olvidados."
"Une fois, j'ai entendu un habitué de la librairie de mon père dire que peu de choses marquent autant un lecteur que le premier livre qui s'ouvre réellement un chemin jusqu'à son coeur. Ces premières images, l'écho de ces mots que nous croyons avoir laissés derrière nous, nous accompagnent toute la vie et cachent un palais dans nos mémoires, dans lequel tôt ou tard -peu importe le nombre de livres que nous lisons, le nombre de mondes que nous découvrons, ce que nous apprenons et ce que nous oublions-, nous reviendrons. Pour moi, ces pages ensorcelées seront toujours celles que j'ai trouvé dans les allées du Cimetière des livres oubliés"
En tant qu'ancien libraire, et toujours amoureux des livres et de la (bonne) littérature, cette phrase ne me laisse pas indifférent. Les livres qui marquent le lecteur en ouvrant "un chemin jusqu'à son coeur", sont, en effet, suffisamment rares pour qu'on ait envie d'en parler. Je ne peux donc que vous conseiller, si vous ne le connaissez pas encore, de lire ce roman de Carlos Luis Zafon.
Site officiel en espagnol : http://www.lasombradelviento.net/
Sur Wikipedia (en français) : http://fr.wikipedia.org/wiki/L'Ombre_du_vent
Sur l'auteur : http://fr.wikipedia.org/wiki/Carlos_Ruiz_Zaf%C3%B3n
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