Nicolas de Staël - Le fort d'Antibes (musée d'Antibes)
"Pour écrire un seul vers, il faut avoir vu beaucoup de villes, d'hommes et de choses... Il faut pouvoir repenser à des chemins dans des pays inconnus, à des départs que l'on voyait depuis longtemps approcher, à des jours d'enfance dont le mystère ne s'est pas encore éclairci, à des mers, à des nuits de voyage... Et il ne suffit même pas d'avoir des souvenirs, il faut savoir les oublier quand ils sont nombreux, et il faut avoir la grande patience d'attendre qu'ils reviennent. Car les souvenirs eux-mêmes ne sont pas encore cela. Ce n'est que lorsqu'ils deviennent en nous sang, regard, geste, lorsqu'ils n'ont plus de nom et ne se distinguent plus de nous, ce n'est qu'alors qu'il peut arriver qu'en une heure très rare se lève le premier mot d'un vers."
Puisque je suis encore tout imprégné de notre visite au Musée d'Antibes, j'illustre ce post d'une peinture du fort d'Antibes de Nicolas de Staël qu'il voyait depuis son atelier. Rilke et Staël ont tous deux beaucoup voyagé et leur œuvre est marquée par une recherche permanente de l'ailleurs. Nicolas en est mort. Rilke s'est éteint, consumé par la poésie.
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