"...don't be stuck in the every day reality, allow yourself to dream, have faith in your wildest dreams." [AaRON]

"Ne restez pas scotchés à la réalité quotidenne. Permettez-vous de rêver. Croyez en vos rêves les plus fous..." [AaRON]

jeudi 25 février 2010

POESIE ET PEINTURE : RILKE ET NICOLAS DE STAEL

Nicolas de Staël - Le fort d'Antibes (musée d'Antibes) 

J'ai connu Rilke grâce à Sylf dans les années 70-80. Sylf était peintre et écrivain. Nous nous étions rencontrés par une amie commune, Iris et, comme elle habitait Saint-Montan, j'étais allé la voir. Nous avions beaucoup de points en commun. Elle m'encouragea à écrire. Je lui dois aussi d'avoir découvert Rainer-Maria Rilke. Elle m'avait conseillé de lire "Les cahiers de Malte Laurids-Bridge", ce que je n'ai fait que beaucoup plus tard sans vraiment pouvoir "entrer dedans", en tout cas pas comme je l'ai fait pour sa poésie. Les "Cahiers de Malte" sont inclassables, confus. Ce n'est ni un roman, ni de la poésie, des réflexions plutôt, assez décousues et ce n'est pas ce que je conseillerai en premier à quelqu'un qui voudrait connaître Rilke. En tout cas, pour moi, cela n'a pas marché. Par contre, Rilke, oui, je l'ai découvert avec passion à travers les "Elegies de Duino" que je n'ai vraiment appréciées (sinon comprises) qu'à travers sa correspondance avec la Princesse Von Turn und Taxis, la propriétaire du château de Duino, chez qui il a habité. Je citerai néanmoins ici un extrait des Cahiers de Malte Laurids Bridge (notés dans mon "Carnet bleu") :

"Pour écrire un seul vers, il faut avoir vu beaucoup de villes, d'hommes et de choses... Il faut pouvoir repenser à des chemins dans des pays inconnus, à des départs que l'on voyait depuis longtemps approcher, à des jours d'enfance dont le mystère ne s'est pas encore éclairci, à des mers, à des nuits de voyage... Et il ne suffit même pas d'avoir des souvenirs, il faut savoir les oublier quand ils sont nombreux, et il faut avoir la grande patience d'attendre qu'ils reviennent. Car les souvenirs eux-mêmes ne sont pas encore cela. Ce n'est que lorsqu'ils deviennent en nous sang, regard, geste, lorsqu'ils n'ont plus de nom et ne se distinguent plus de nous, ce n'est qu'alors qu'il peut arriver qu'en une heure très rare se lève le premier mot d'un vers." 

Puisque je suis encore tout imprégné de notre visite au Musée d'Antibes, j'illustre ce post d'une peinture du fort d'Antibes de Nicolas de Staël qu'il voyait depuis son atelier. Rilke et Staël ont tous deux beaucoup voyagé et leur œuvre est marquée par une recherche permanente de l'ailleurs. Nicolas en est mort. Rilke s'est éteint, consumé par la poésie.

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