Lions et agneaux (de et avec Robert Redford, Tom Cruise, Meryl Streep)
Une remarque préliminaire : le titre français peut induire en erreur. Le titre original « Lions for lambs » aurait dû être traduit par « Des lions pour les agneaux», ce qui n’a pas tout à fait le même sens, on le comprendra en voyant le film ! C'est une phrase qui fait référence à la Bible, sans doute à l’Apocalypse de Jean ?)
Ce film est sorti en France fin novembre 2007. Je ne crois pas qu’il ait eu beaucoup de succès, malgré la renommée des acteurs à l’affiche (Robert Redford, Tom Cruise et Meryl Streep). C’est en effet un film tellement atypique qu’il désarçonne le spectateur. Je l’ai vu récemment et je l’ai trouvé remarquable, bien qu’un peu court (1.30 H) – à mon avis ½ H de plus n’aurait pas été de reste ! (c'est plutôt rare que j'en redemande !!!) Il est certain que ce n’est pas la longueur qui fait la qualité d’un film mais, là, on reste un peu sur sa faim tant le générique de fin tombe au moment où on ne s’y attend pas. Bien qu’on ait toutes les cartes en main pour comprendre les tenants et les aboutissants, le spectateur (moi en tout cas, et d’après la tête des autres spectateurs, peu nombreux, hélas… je n’étais pas le seul à penser cela), j’ai été surpris.
Atypique, il l’est aussi par le duo Redford/Tom Cruise. On connaît Redford pour son engagement politique à gauche et ses prises de position antiBush. On sait par ailleurs à quel point Tom Cruise est impliqué dans la Scientologie dont il est même devenu l’un des plus éminents porte-flambeaux. C’est même la raison pour laquelle il se serait fait remercier par la Paramount après 14 ans de « bons et loyaux services » et une série de succès commerciaux au box-office. Cruise est aussi coproducteur de ce film par le biais de United Artists qu’après son éviction de la Paramount, il a racheté. Etonnant, non ?
Revenons-en au film qui présente le destin parallèle de plusieurs personnalités hors-norme :
- Robert Redford, (le professeur Stephen Malley) est un enseignant idéaliste et contestataire dans une université de la côte Ouest. Au cours du film, il tente de convaincre Todd (Andrew Garfield, un jeune acteur anglais génial dont on reparlera certainement) l’un de ses étudiants les plus doués, de prendre sa vie en main alors que ce dernier a plutôt tendance à se laisser vivre ;
- Tom Cruise (le sénateur Jasper Irving) est un jeune sénateur républicain aux dents si longues qu’elles rayent l’épaisse moquette de son bureau ;
- Meryl Streep (Janine Roth), journaliste de haut vol qui a aussi été engagée à gauche mais qui, depuis le rachat de sa chaîne par une chaîne commerciale, s’est « rangée » et ne fait plus de journalisme d’investigation (je l'ai trouvée un peu palote dans le film);
- Deux anciens étudiants (un black et un hispano, très bons eux aussi) du professeur Malley, engagés volontaires dans les troupes d’intervention en Afghanistan et qui y laisseront leur peau. Le professeur Malley se sent responsable de leur engagement dans les marines et le ressent comme un échec personnel. Il ne voudrait pas que cela arrive à Todd mais, à la fin du film, on n’est pas sûr qu’au fond, après l’entretien qu’il a eu avec son prof, celui-ci ne décide pas, justement, de s’engager dans l’armée.
Seul le spectateur a toutes les cartes en main pour juger du parcours de ces personnages.
Je suis ressorti de ce film un peu interloqué car, visiblement, s’il est un pamphlet contre la politique sécuritaire de Bush en Irak, en Afghanistan et en Iran, il pose avant tout le problème de l’engagement personnel et de la remise en question de chacun et de sa place dans une société ultra-formatée.
Si les prestations de Redford et de Cruise, je suis un peu resté sur ma faim quant à celle de Meryl Streep, que j’avais trouvée autrement plus convaincante dans « Le diable s’habille en Prada ». Là, elle est en retrait, éteinte, même si le rôle veut ça, on est un peu déçu.
Quant au jeune Andrew Garfield, c’est pour moi une révélation et je pense qu’il ira loin. Je le lui souhaite en tout cas, car c’est un acteur remarquable.
Bande annonce sur Première : http://www.premiere.fr/premiere/cinema/films-et-seances/bandes-annonces/video/lions-et-agneaux-vf
Même si j'ai aimé ce film, je suis assez d'accord cependant avec l'analyse de Matthieu Carratier (dans "Première") :
"Après "Le royaume", Matthew Michael Carnahan livre son deuxième scénario de l'année autour de la présence américaine au Moyen-Orient. Un film qui ne parle pas de l'Irak, juré, mais plus du rapport qu'entretiennent les citoyens et les médias avec leurs institutions. Le message, adressé à la jeunesse de tous les pays, est limpide : si tu ne t'engages pas, d'autres le feront pour toi, et il y a de grandes chances qu'ils prennent les mauvaises décisions. Ce message plein d'idéal, Redford l'assène avec le dynamisme d'un koala à l'heure de la sieste. A l'image, on ne verra rien d'autre que des gens qui parlent dans une pièce. Le plus gros rebondissement du film consiste un peu à voir Tom Cruise passer du salon à son bureau... Un refus de cinéma d'autant plus regrettable que les premières minutes de "Lions et Agneaux" promettaient un thriller politique seventies autrement plus mouvementé. Même le face-à-face Streep-Cruise, qu'on s'imaginait bouillant, s'avère d'une tiédeur et d'une politesse absolue. Peut-être avait-on placé nos attentes un peu trop haut... Mais quand un film s'achève en demandant au spectateur s'il compte enfin agir pour changer le monde, la moindre des choses serait de le faire autrement qu'avec un discours d'amphithéâtre mou de la thèse."
Dur, dur... mais finalement assez juste !
Pour plus de commentaires, voir mon blog cinéma : http://cinerock07.blogspot.fr
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