"...don't be stuck in the every day reality, allow yourself to dream, have faith in your wildest dreams." [AaRON]

"Ne restez pas scotchés à la réalité quotidenne. Permettez-vous de rêver. Croyez en vos rêves les plus fous..." [AaRON]

jeudi 10 août 2023

BARBARA : GÖTTINGEN (1964)

 Dussé-je recevoir ici des critiques, je dirais que je n’ai jamais été un grand fan de Barbara, ni de sa voix, ni de son interprétation maniériste. Pourtant, lors d’une interview d’elle que j’ai récemment entendue, j’ai été touché par les circonstances dans lesquelles elle a écrit Göttingen. En outre, je viens de découvrir, sur Arte, une courte vidéo où on la voit mettre les derniers mots sur les dernières notes de cette chanson et raconter elle-même les circonstances de sa création. Je voulais vous en faire part.    

Histoire de la chanson

Hans-Gunther Klein, directeur du Junges Theater de la ville allemande de Göttingen entend Barbara qui faisait alors ses débuts, au cabaret L'Écluse de Paris, et l’invite à une série de représentations dans son théâtre de Göttingen. Barbara, marquée par son enfance à Paris où elle dut se cacher avec sa famille juive pour échapper aux nazis, accepte avec réticence de se produire en Allemagne. Lorsqu’elle arrive sur scène, le 4 juillet 1964, elle est furieuse de constater qu’au lieu du piano à queue qu’on lui avait promis, elle découvre un piano droit. Des étudiants de l'université de Göttingen lui trouvent alors un piano à queue de la famille de l’un d’entre eux et l’apportent sur la scène. Le concert, qui commence avec deux heures de retard est un succès. Profondément touchée par l’accueil enthousiaste du public, Barbara prolonge son séjour d’une semaine et compose cette chanson dans les jardins du Junge Theater, dont elle présente une première version inachevée avec un important succès, le dernier soir de son séjour. Elle écrit dans son autobiographie « Il était un piano noir : Mémoires interrompus » :

« À Göttingen je découvre la maison des frères Grimm où furent écrits les contes bien connus de notre enfance. C'est dans le petit jardin contigu au théâtre que j'ai gribouillé Göttingen, le dernier midi de mon séjour. Le dernier soir, tout en m'excusant, j'en ai lu et chanté les paroles sur une musique inachevée. J'ai terminé cette chanson à Paris. Je dois donc cette chanson à l'insistance têtue de Gunther Klein, à dix étudiants, à une vieille dame compatissante, à la blondeur des petits enfants de Göttingen, à un profond désir de réconciliation, mais non d'oubli... »

De retour à Paris, elle retravaille la chanson et en fait un hymne à la paix, à l'Allemagne, et à l'amitié franco-allemande, en terminant par ces mots « Ô faites que jamais ne revienne, le temps du sang et de la haine, car il y a des gens que j'aime, à Göttingen, et lorsque sonnerait l'alarme, s'il fallait reprendre les armes, mon cœur verserait une larme, pour Göttingen, pour Göttingen... ». Elle l'enregistre à Hambourg en mai 1967, avec neuf autres titres, adaptés en allemand, pour son album Barbara singt Barbara, qu'elle revient chanter en allemand le 4 octobre de la même année à Göttingen. A partir de là, la chanson devient un succès mondial et fait partie, depuis, partie des classiques immortels de la chanson française.   

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