La nuit, je
rêve
Je rêve que je
vole
Je rêve que
je suis un oiseau
Je sens le
vent faire vibrer mes ailes immenses
Je vais
jusqu’aux étoiles et je m’élève
Je vois la
terre en dessous, microscopique et bleue
Et le ciel
au-dessus, aussi noir que la nuit
D’un coup, je
tombe, mais au dernier moment
D’un coup
d’ailes puissantes,
Je regagne le
bleu, je redescends,
Survolant plaines
et montagnes
les lacs et
les champs à l’infini
Suivant le
cours des fleuves et remontant jusqu’à leur source
Je plane au-dessus
de lacs gelés et de mers inconnues
Au-dessus de
montagnes glacées et couvertes de neige
La nuit, je
rêve
Je rêve que
je rêve
Et, dans le
rêve… je me dis que je rêve
La nuit, je
prends le train et je pars
J’arrive dans
des villes inconnues, connues et reconnues
Je cherche
des adresses, des choses et des noms
Et je me
perds aussi
La nuit, je
cherche
La nuit, je
rêve
Des vies que
j’ai déjà vécues
Que je vivrai
peut-être…
La nuit, le
temps n’existe pas
Est-ce dans
le passé ?
Est-ce dans
l’avenir ?
Comment
savoir ? Je n’ai aucun repère…
La nuit, je
meurs
et je revis
La nuit, je
rencontre des dieux
Et je tremble
sous leur regard glacé
et leur
puissance sans limite
Je les ai
même entendus rire
J’ai froid,
seul dans le ciel, ou perdu dans la mer
Errant dans
l’inconnu
La nuit, je
rêve
Je reconnais
des paysages, des chemins qui hésitent,
Je hais les
carrefours
Il fait
parfois si noir
et si froid
Je bondis de
jardins en jardins,
Je saute de
hauts murs
ou des murets
de pierre sèche
Je me cache
dans les oliviers
ou derrière
un bosquet,
Il y a des
dangers qui menacent,
Je surprends
des secrets
Des êtres
sans visage
Armés de
lances de lumière
Qui passent
sans me voir
Et je tremble
car je sais que
là n’est pas ma place
Des maisons
toutes blanches
S’agrippant
en balcons suspendus sur la mer
Je connais ce
village
J’y viens
depuis longtemps
J’y retourne
souvent…
Au bas de la
falaise, il y a une crique
Où je nage au
milieu des dauphins
Et nous
parlons ensemble
L’eau est
profonde et transparente
Et froide
aussi, mais elle vivifie
La nuit, je
marche dans les rues
D’une ville inconnue,
connue et reconnue
Il y a des ruelles
D’immenses places
vides, tout bordées de colonnes
La nuit, je
rêve…
La nuit, je
vole…
La nuit, je
meurs…
La nuit, je
vis
2023
Extrait du recueil inédit de Roland Comte "Paroles du vent"