"Quelqu'un" sculpture de Folon (parc du château de Seneffe, Belgique)
Le souvenir, c'est ce qui fait mal mais c'est aussi ce qui fait vivre. Dans les rêves, les souvenirs de personnes que nous avons connues, des personnes décédées, est aussi vivant que celui des personnes que nous côtoyons chaque jour. Ils sont même parfois plus vrais, plus jeunes que dans la réalité.
Il y a peu, j'ai rêvé de ma grand-mère paternelle. Nous parlions naturellement, de choses et d'autres. Nous parlions plus librement que nous n'avions pu le faire de son vivant bien que, vers la fin de sa vie, nous ayons été plus complices que nous ne l'avions jamais été. Il n'y avait, dans ce dialogue, nul regret, nulle nostalgie. La nostalgie, ce fut pour le réveil...
Il m'est aussi arrivé de rêver de personnes que je n'ai jamais rencontrées comme Pablo Neruda ou Helen Mirren. Bien sûr, je les connues à travers leurs œuvres, pour Neruda, que j'ai beaucoup lu dans la langue originale, les traductions que j'ai pu me procurer étant toutes plus décevantes les unes que les autres; quant à Helen Mirren, j'ai beaucoup admiré son interprétation de la reine Elizabeth dans le film The Queen de Stephen Frears, un chef-d'oeuvre.
J'avais fait un rêve dans lequel je rencontrais Pablo Neruda dans une petite épicerie espagnole et nous échangions quelques mots à bâtons-rompus.
En rêve, j'ai aussi rencontré Daniel Radcliffe, l'interprète de Harry Potter au cinéma. Je l'ai tout de même suivi pendant toute la durée de la saga, soit pendant 10 ans : au départ, c'était un gamin qui avait le même âge que le héros (10 ou 11 ans). C'est désormais un homme. Combien d'amitiés durent plus de dix ans ? Dans mon rêve, il n'y avait pas, comme cela se produirait dans la réalité, la barrière de la langue, même si, à présent, après que je me sois remis à l'anglais grâce à mon copain Pierre-Philippe Fraisse, lors de mes cinq années au collège de Largentière, je me débrouille assez bien en anglais et serais tout-à-fait susceptible de tenir une conversation.
Le souvenir est fait aussi de choses tristes, d’événements douloureux, qui restent enfoncés en nous comme une écharde. Cela fait mal, mais la douleur est supportable et on finit par vivre avec, mais on ne l'oublie jamais. C'est ce qui s'est passé avec la mort de mon ancien élève, Matthieu Mouraret. Je ne me le rappelle pas autrement qu'heureux, plein de vie et d'enthousiasme, plein de potentialités formidables qui auraient fait de lui, s'il avait choisi de vivre, un homme merveilleux car, non seulement, il était très doué, mais il était gentil et attentionné envers les autres.
Cela fait mal de se dire qu'un jour cela s'est arrêté, brusquement, sans raison (certes, lui devait en avoir, mais moi je ne les connais pas et je n'ai jamais cherché à les connaître car c'était son choix et sa décision).
Nous faisons constamment référence à ce que nous avons vécu, nos joies, nos blessures nous donnent des racines. Sans les souvenirs heureux ou malheureux, quelle serait notre raison de vivre et comment pourrions-nous aller de l'avant ?
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