Au collège où je travaille, avec mes collègues Line et Bérangère, nous avons entrepris de monter dans le cadre de l'Atelier théâtre la belle pièce d'Anouilh "Antigone". C'est une pièce qui fut écrite et jouée en 1944 en plein Paris occupé. Elle représente l'inflexibilité de la jeunesse devant les compromissions du pouvoir.
Ce week-end, j'ai cherché dans ma discothèque personnelle des musiques qui pourraient servir à composer la bande son du spectacle que nous comptons présenter en juin. J'ai évidemment pensé à Mikis Théodorakis et à ses musiques et j'ai réécouté plusieurs de ses enregistrements.
Cela m'a rappelé des souvenirs car, alors que j'étais encore étudiant, nous avions formé le projet fou, avec mon amie Noëlle, la maman de ma filleule Carla, de monter un spectacle de danse basé sur une musique contemporaine de Theodorakis, "Axion esti". A cette époque là, j'ai eu la chance exceptionnelle de le rencontrer personnellement et de partager le repas avec lui et son équipe à la Maison de la Culture d'Annecy. Il était accompagné de Maria Farandouri, dont j'admire particulièrement la voix. Je l'ai ensuite revu à Colombes, en février 1975, alors que j'effectuais mon service militaire et ce fut encore un grand moment.
En réécoutant un de ses disques "Grand final de concert" [Le chant du monde/Harmonia Mundi" LDX 274889-CM 211], je suis retombé sur une de ses chansons, qu'il interprète lui-même : "Eimaste Dyo" (Nous sommes deux). Cette chanson très émouvante a été composée en l'honneur du résistant Andreas Lentakis, universitaire grec, dont l'engagement politique lui valut, dès le coup d'état des colonels, d'être arrêté, torturé et déporté pendant 4 ans dans certaines îles, transformées en véritables camps de concentration, comme le fut lui-même Mikis Theodorakis. C'est pendant ces années que Theodorakis raconte dans un livre bouleversant, qu'il écrivit le recueil "Chansons pour Andreas" dont fait partie "Eimaste Dyo".
En lisant le texte français de cette chanson, je me suis aperçu qu'elle avait dû beaucoup inluencer mon propre poème "Les hommes gris".
En lisant le texte français de cette chanson, je me suis aperçu qu'elle avait dû beaucoup inluencer mon propre poème "Les hommes gris".
Voici le texte de cette chanson dans les grec et en français (la version française a été interprétée par Serge Moustaki) :
Είμαστε δυο, είμαστε δυο,
η ώρα σήμανε οχτώ
κλείσε το φως, έμπα φρουρός,
το βράδυ θά ‘ρθουνε ξανά
έμπα μπροστά, έμπα μπροστά
και οι άλλοι πίσω ακολουθούν
μετά σιωπή και ακολουθεί
το ίδιο τροπάρι το γνωστό
Βαράνε δυο, βαράνε τρεις,
βαράνε χίλιοι δεκατρείς
Πονάς εσύ, πονάω εγώ,
μα ποιος πονάει πιο πολύ
θά ‘ρθει καιρός να μας το πει
Είμαστε δυο, είμαστε τρεις,
είμαστε χίλιοι δεκατρείς
Καβάλα πάμε στον καιρό
με τον καιρό με την βροχή
το αίμα πήζει στην πληγή
ο πόνος γίνεται καρφί
Είμαστε δυο, είμαστε τρεις,
είμαστε χίλιοι δεκατρείς
Καβάλα πάμε στον καιρό
με τον καιρό με την βροχή
το αίμα πήζει στην πληγή
ο πόνος γίνεται καρφί
Ο εκδικητής ο λυτρωτής
είμαστε δυο, είμαστε τρεις
είμαστε χίλιοι δεκατρείς
En français
"Nous sommes deux,
huit heures viennent de sonner -
éteins la lumière, le gardien frappe
Ils reviendront ce soir.
L'un va devant
et d'autres suivent.
Puis le silence -
Toujours le même refrain.
Ils en frappent deux
ils en frappent trois
ils frappent mille vingt et trois
qui de nous deux a le plus mal
c'est le temps seul qui le dira
Nous sommes deux
nous sommes trois
nous sommes mille vingt et trois
à compter les jours et les heures
perdus dans le temps
perdus dans la pluie
dans le sang séché de nos plaies
Transpercés par le clou de la douleur
l'image du Justicier, du Libérateur
Nous sommes deux, nous sommes trois, nous sommes mille vingt et trois."
Voir aussi mes posts des 13/02/08, 14/02/08 et 17/02/08.
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