Eh oui, nous sommes toujours les parents adoptifs de deux bébés martinets. Oh, pas pour longtemps, deux ou trois jours car nous ne pouvons pas leur faire manquer la migration. Ils doivent encore prendre quelques grammes pour affronter la "liberté" et tous les périls qui les attendent. Imaginez que ces petites bêtes de moins de 40 grammes doivent apprendre à se nourrir seuls, puis suivre leurs congénères et traverser toute la Méditerranée et la moitié de l'Afrique sans se poser. Ils passeront tout l'hiver au-delà de l'Equateur et, si le sort leur est favorable, ils reviendront d'où ils sont partis au mois d'avril prochain. Cette année, à cause des conditions climatiques défavorables (froid prolongé en juin) la nidification a été décalée de 15 jours. Les femelles doivent attendre 3 à 4 ans pour pondre 3 oeufs qu'elles couvent 21 jours. les bébés mettent ensuite 42 jours à être autonomes (s'ils ne tombent pas du nid avant). Le froid ayant cette année été suivi d'une forte canicule, beaucoup d'oisillons, littéralement cuits par la chaleur sous les tuiles où sont installés les nids, s'approchent du bord pour avoir moins chaud et tombent. Une fois qu'ils sont au sol, ils sont perdus car les parents ne peuvent se poser pour les nourrir. En effet, cette espèce, exclusivement prévue pour le vol en plein ciel (un martinet peut voler jusqu'à 4000 mètres d'altitude et atteindre les 150 km/h !), est totalement incapable de décoller depuis le sol à cause de ses pattes extrêmement courtes et de ses ailes démesurées pour le corps de l'animal. Les parents sachant que, s'ils se posent, ils sont perdus, doivent se résoudre à abandonner leurs petits. C'est terrible, mais c'est ainsi. Cette année, donc, suite aux mauvaises conditions météo en Europe, les oiseaux migrateurs paieront un lourd tribut au réchauffement climatique (dont nous, les humains, entre autres choses, sommes en grande partie responsables) : entre 40 % et 60 % de pertes. Les martinets ne seront touchés qu'à hauteur de 50 % mais d'autres espèces seront encore plus gravement touchées. Ces statistiques ne tiennent pas compte des conditions du retour et de tous les pièges qui les attendent.
Une fois encore, on peut se féliciter, nous les humains, d'être les plus terribles nuisibles qui soient pour la faune sauvage.
Si vous voulez en savoir plus sur cette espèce menacée, je vous renvoie à l'article martinet noir sur Wikipedia. S'il vous arrive d'en trouver - ce que je ne vous souhaite pas car c'est un sacerdoce que de sauver un martinet - vous pouvez consulter les sites de La Hulotte et le site suisse de Birdlife et, à l'occasion, m'interroger.
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