"...don't be stuck in the every day reality, allow yourself to dream, have faith in your wildest dreams." [AaRON]

"Ne restez pas scotchés à la réalité quotidenne. Permettez-vous de rêver. Croyez en vos rêves les plus fous..." [AaRON]

dimanche 15 janvier 2023

POESIE : LA NUIT, JE RÊVE

 


 La nuit, je rêve (Hommage à Alain Bashung)

 

La nuit, je rêve

Je rêve que je vole

Je rêve que je suis un oiseau

Je sens le vent faire vibrer mes ailes immenses

Je vais jusqu’aux étoiles et je m’élève  

Je vois la terre en dessous, microscopique et bleue

Et le ciel au-dessus, aussi noir que la nuit

 

D’un coup, je tombe, mais au dernier moment

D’un coup d’ailes puissantes,

Je regagne le bleu, je redescends,

Survolant plaines et montagnes

les lacs et les champs à l’infini

Suivant le cours des fleuves et remontant jusqu’à leur source

Je plane au-dessus de lacs gelés et de mers inconnues

Au-dessus de montagnes glacées et couvertes de neige

 

La nuit, je rêve

Je rêve que je rêve

Et, dans le rêve… je me dis que je rêve

La nuit, je prends le train et je pars

J’arrive dans des villes inconnues, connues et reconnues

Je cherche des adresses, des choses et des noms

Et je me perds aussi

 

La nuit, je cherche

 

La nuit, je rêve

Des vies que j’ai déjà vécues

Que je vivrai peut-être…

 

La nuit, le temps n’existe pas

Est-ce dans le passé ?

Est-ce dans l’avenir ?

Comment savoir ? Je n’ai aucun repère…

 

La nuit, je meurs

et je revis

La nuit, je rencontre des dieux

Et je tremble sous leur regard glacé

et leur puissance sans limite

Je les ai même entendus rire

J’ai froid, seul dans le ciel, ou perdu dans la mer

Errant dans l’inconnu

 

La nuit, je rêve

Je reconnais des paysages, des chemins qui hésitent,

Je hais les carrefours

Il fait parfois si noir

et si froid

 

Je bondis de jardins en jardins,

Je saute de hauts murs

ou des murets de pierre sèche

Je me cache dans les oliviers

ou derrière un bosquet,

Il y a des dangers qui menacent,

 

Je surprends des secrets

Des êtres sans visage  

Armés de lances de lumière

Qui passent sans me voir

Et je tremble

car je sais que là n’est pas ma place

 

Des maisons toutes blanches

S’agrippant en balcons suspendus sur la mer

Je connais ce village

J’y viens depuis longtemps

J’y retourne souvent…

 

Au bas de la falaise, il y a une crique

Où je nage au milieu des dauphins

Et nous parlons ensemble

L’eau est profonde et transparente

Et froide aussi, mais elle vivifie

 

La nuit, je marche dans les rues

D’une ville inconnue, connue et reconnue

Il y a des ruelles

D’immenses places vides, tout bordées de colonnes

 

La nuit, je rêve…

La nuit, je vole…

La nuit, je meurs…

La nuit, je vis    

2023

Extrait du recueil inédit de Roland Comte "Paroles du vent"

 



samedi 14 janvier 2023

EXTRAIT DU FILM MALENA DE Giuseppe TORNATORE (2000)

Royale Monicca Bellucci dans le film Malèna de Giuseppe Tornatore. 

 

La Petite Fille De La Mer ( Vangelis )

ALEX BEAUPAIN - LA BASTILLE (Extrait du film de Christophe HONORE : Les chansons d'amour)

Extrait du film Les Chansons d’amour de Christophe Honoré (2007) – BO composée par Alex Beaupain, réalisée et arrangée par Frédéric Lo et enregistrée par Jonathan “Jonn9000” Masterson au studio Melodium Paris. L'idée et la construction du scénario du film par Christophe Honoré se sont faites autour de quatre titres de l'album "Garçon d'honneur" de Beaupain, publié en 2005. Alex Beaupain a remporté le César de la meilleure musique écrite pour un film avec cette bande originale. La chanson La Bastille est interprétée (dans l’ordre d’apparition à l’image) par Ludivine Sagnier, Jean-Marie Winling, Alice Butaud, Chiara Mastroianni, Brigitte Roüan.

La Bastille

ll pleut des cordes sur le génie

de la place de la Bastille

nous marchons sous un ciel gris

Percé par des milliers d'aiguilles

Il pleut des cordes sur le génie

les nuages trop lourds s'abandonnent

de l'eau pour les gens de Paris

pour l'ange nu sur la colonne

 

à l'horizon de nos fenêtres

plus rien ne bouge plus rien ne vit

comme Paris semble disparaitre

dilué dans de l'eau de pluie

à l'horizon le ciel défait

l'ange ruisselant se dessine

on voudrait s'aimer a jamais

sous cette pluie que rien ne termine

 

Il pleut encore sur le génie

de la place de la Bastille

boire du thé tout l'après-midi

de ces dimanches de camomille

il pleut des cordes sur le génie

qui aurait cru que si peu d'eau

ferait fuir les gens de Paris

laissant l'ange trop seul et trop haut

  

à l'horizon de nos fenêtres

plus rien ne bouge plus rien ne vit

comme Paris semble disparaitre

dilué dans de l'eau de pluie

à l'horizon le ciel défait

l'ange ruisselant se dessine

on voudrait s'aimer a jamais

sous cette pluie que rien ne termine

hum hu hu hum hu hu hum

 

Il pleut toujours sur le génie

de la place de la Bastille

nous nous couchons avant minuit

dans des draps chauds qu'on éparpille

il pleut toujours sur le génie

on sort des repas de famille

l'ange ruisselant dans la nuit

déploie ses ailes sur la Bastille

mardi 10 janvier 2023

DANSE : EXTRAIT DU FILM "HIGH STRUNG"


Scène de danse finale du film High Strung (2016) de Michael Damian avec Nicholas Galitzine (violon) et Keenan Kampa (danse). Je parlerai prochainement de ce film qui mélange musique et danse classique et contemporaine et hip-pop sur mon blog cinéma Cinérock07.   

MUSIQUE : NINA SIMONE "MY FATHER"

ANDRE MALRAUX : "LA CULTURE EST L'HERITAGE DE LA NOBLESSE DU MONDE...



Dans un post de mars 2021, je citais cette phrase d'André Malraux, reprise tous les jours lors de la chronique culturelle d'Ambre Chalumeau sur Quotidien (TMC) que j'écoute et regarde aussi souvent que je le peux. 

Un correspondant anonyme avait émis un doute sur le fait que ce soit bien la voix de Malraux qu'on entend dans cet enregistrement. Je ne m'étais pas posé la question tant cela me semblait évident. Je ne savais pas non plus dans quelles circonstances cette phrase avait été prononcée. 

Après une recherche assez longue sur Internet, je suis désormais en mesure de le faire.  

Ode à la culture

En octobre 1963, invité par son homologue québécois, André Malraux, alors ministre d'État chargé des Affaires culturelles du général de Gaulle entre 1959 et 1969, se rend au Québec où il fait prononce la phrase "La culture est l'héritage de la noblesse du monde".

Entre le 7 et le 15 octobre 1963, il se rend en visite officielle au Canada. Lors de son voyage qui le mènera d’Ottawa à Montréal, il prononcera plusieurs allocutions en public et abordera les thèmes qui lui sont chers, autour des enjeux de civilisations, d'éducation et de culture.

Le samedi 12 octobre 1963, en France, l’antenne d’Inter actualités de 07h15 diffuse un morceau de l’un de ces discours qui commence par la phrase “la culture est l’héritage de la noblesse du monde”. Cet extrait est conservé dans les fonds d’archives de l’INA. Voici le texte de ce discours :

"La culture est l'héritage de la noblesse du monde. La seule force que nous ayons en face de l'élément de la nuit, c'est précisément tout ce qui, en nous, échappe à la mort. Et en définitive, la définition de l'œuvre d'art, c'est ce qui a échappé à la mort. Comprenez bien, jeunesse canadienne, que le destin de l'esprit dans le monde entier va se jouer maintenant, dans les vingt ou les trente prochaines années : ou bien, la civilisation acceptera de n'être pas autre chose que stimulus réflexe. Avec l'idée que ce qui fut loisir de la société bourgeoise, sera loisir de la société prolétarienne. Auquel cas, ce par quoi l'homme est homme, peut parfaitement disparaître ou s'amenuiser de telle façon que la civilisation change de nature. Ou bien, au contraire, ceux qui ont devant l'esprit la responsabilité qui est la vôtre, puisque vous êtes dans cette maison. Ceux-là auront compris qu'ils sont garants et témoins de la grandeur humaine et que c'est dans leurs pauvres mains que se trouve le destin du monde." 

Ce discours fut prononcé très probablement pendant la journée du vendredi 11 octobre, dans un propos plus général visant à motiver la jeunesse et à rapprocher les deux côtés de l’Atlantique. Si l’origine précise ne peut être établie avec certitude, les éléments apportés par les écrits de l’universitaire Claude Corbo - auteur de Malraux au Québec : propos et discours, 1963 -, l’INA, et les quotidiens de presse retiennent cette date du 11 octobre, lors de l’inauguration de l’exposition industrielle française ou bien durant le dîner d’Etat qui a suivi. De fait, il est possible que certains propos d’André Malraux à l’occasion de l’inauguration de l’exposition aient pu être enregistrés puis diffusés le lendemain à la radio sans être consignés dans les journaux écrits.

Plus tôt dans la même journée, le ministre avait déjà prononcé une allocution définissant la culture et retranscrite dans les pages du quotidien Le Devoir le 15 octobre, avec des éléments de langage annonçant les thèmes du passage diffusé à l’antenne : "La civilisation moderne ne sait pas pourquoi elle existe. La machine amène l'homme à ne jamais se penser lui-même mais à penser à ce qu'il fait. [...] Être un homme, ce n'est pas penser à ce qu'on fait, mais penser à ce qu'on est [...]. Pour simplifier, ou bien l'ensemble des usines de rêve (cinéma, radio, littérature, etc.) rendra l'humanité asservie aux puissances qui sont derrière ces rêves, ou bien l'humanité choisira dans ce qui a survécu sa part la plus haute, parce que, si la culture a un sens, c'est très simplement la noblesse du monde."

Ces propos seront repris jusqu'à la fin de son séjour au Québec, puisque le 15 octobre 1963, lors d'une conférence à l'Université de Montréal, il en reprend des éléments devant une salle comble d'étudiants et de professeurs, réaffirmant ses croyances sur l'importance capitale de l'art qui, dans ses mots, représente "quelque chose qui a survécu, et qui se situe dans une sorte de présent éternel. [...] L'art en définitive, c'est tout ce qui en nous échappe à la mort."

Ce post est largement inspiré de l’article signé Zohra Vignais publié le jeudi 10 novembre 2022 sur le site de Radio France.