"...don't be stuck in the every day reality, allow yourself to dream, have faith in your wildest dreams." [AaRON]

"Ne restez pas scotchés à la réalité quotidenne. Permettez-vous de rêver. Croyez en vos rêves les plus fous..." [AaRON]

vendredi 16 septembre 2011

NOUVELLE : "UN HOMME ORDINAIRE"


Dessin de Roland Comte (d'après photo)

Cela fait longtemps que je n'avais pas écrit de nouvelle. En voici une, écrite presque d'un trait, fin août. J'espère qu'elle vous plaira.

Un homme ordinaire 

J’étais dans la rue et, soudain, il était là. Je ne sais pas d’où il est arrivé. Je ne l’ai pas vu venir.

Il n’avait rien de particulier : un homme ordinaire. Son âge ? Je dirais… entre deux âges, ni jeune ni vieux… Si, plutôt jeune en fait…

Comment il était habillé ? Je n’en sais rien, je n’y ai pas fait attention.

Ses cheveux, son visage ? Je ne sais pas… Ses yeux, si. Il avait des yeux… Comment dire ? Etranges, oui, étranges. Son regard était étrange. Mais pour le reste, non.

Il m’a dit bonjour. Ou, est-ce moi ? Je ne me rappelle lequel des deux a dit bonjour à l’autre ou si seulement nous nous sommes dit bonjour. Peut-être, après tout, que nous ne nous sommes pas salués.

Il a sorti un papier de sa poche. Il y avait une adresse. C’était dans le coin, à deux pas d’ici. Je lui ai indiqué la direction : vous repartez par là, puis vous tournez à gauche… Non, attendez, vous prenez cette rue, non, pas la première, la suivante. Oui, c’est cela, la suivante. C’est par là. Vous demanderez quand vous y serez… On vous dira…

Il a remis le papier dans sa poche. Il a fait un signe de la main, ça oui, je me le rappelle. Un signe… bizarre… Comme celui que font les saints sur les vitraux des églises ; comme ses yeux qui regardaient au loin…

J’ai d’ailleurs eu envie de me retourner pour voir s’il y avait quelqu’un derrière moi à qui ce regard et ce signe se seraient adressés. Mais non, je ne l’ai pas fait. Je n’ai pas eu le temps.

Il m’a tourné le dos, il a fait quelques pas et il a disparu, comme s’il n’avait jamais été là, comme il était apparu, là, devant moi.

Et c’est là que je me suis aperçu que, lorsqu’il s’était retourné, il n’y avait pas d’ombre... 


Il aurait dû y avoir une ombre, non ?

Mais, à part ça, je vous dis, c’était un homme ordinaire.


Roland Comte, nouvelle, (Aubenas, 23/08/2011) 

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