"...don't be stuck in the every day reality, allow yourself to dream, have faith in your wildest dreams." [AaRON]

"Ne restez pas scotchés à la réalité quotidenne. Permettez-vous de rêver. Croyez en vos rêves les plus fous..." [AaRON]

jeudi 11 novembre 2010

LITTERATURE : MARTIN SUTER


De Martin SUTER, auteur suisse-alémanique, je viens de lire Le diable de Milan, un des livres que m'a prêtés Maryse2Rivières.

De cet auteur, j'avais déjà lu (et fait lire) son tout premier roman Small world (1998), que j'avais trouvé excellent. Il y a eu ensuite La face cachée de la lune (2000), que j'avais trouvé un cran au-dessous, puis Un ami parfait (2002) - adapté au cinéma en 2006 - et Lila, Lila (2004).

Depuis, il en a publié deux autres, Le dernier des Weinfeld (2008) et Le cuisinier (2010), que je n'ai pas encore lus.

Dans Small world, le héros, Conrad Lang, est un enfant du mensonge, puisqu'il est le bâtard d'un riche industriel suisse et d'une servante, élevé avec le fils légitime de la famille Koch, Thomas (Tomi). L'histoire est celle d'une usurpation d'identité qui se complique de pertes de mémoire, à moins que les pertes de mémoire ne soient une conséquence de l'usurpation d'identité. C'est en tout cas par cette maladie qui atteint Conrad que s'explique la formule "small world" qui donne son titre au roman.

En effet, "small world" (abréviation de "It's a small world", que l'on pourrait traduire par "Que le monde est petit") est la formule polie, adoptée dans le grand monde comme un réflexe, chaque fois que l'on croise une personne que l'on est censé connaître mais dont on a oublié le nom. C'est celle qu'utilise Conrad pour aborder  interlocuteurs dont le nom lui échappe.

Ce livre est un chef d'oeuvre d'ambiguïté et de cruauté bien élevée envers ce "parent éloigné" qui fait un peu honte. Conrad est pathétique mais il l'est moins que ses richissimes "parents" et les terribles mensonges avec lesquels ils tentent de vivre.

Les romans de Martin Suter sont tous un peu de cette eau-là. Dans Un ami parfait, son héros, un jeune journaliste d'origine italienne, a aussi été victime d'une amnésie qui a effacé cinquante journées de sa mémoire. Dans Lila, Lila, son héros trouve, oublié dans le tiroir d'un meuble qu'il a acheté dans une brocante, un manuscrit qui semble y avoir été abandonné par son propriétaire avant de se suicider.

Tous les romans de Martin Suter sont bâtis autour d'une énigme, de faits mystérieux qui s'expliquent peu à peu et enferment ses héros dans une expèce de cercle infernal diabolique.

Diabolique est bien le terme qui convient à l'intrigue du Diable de Milan. L'héroïne, Sonia, fuit la ville et un divorce dramatique où elle a failli perdre la vie, pour se réfugier dans un hôtel de luxe situé dans un village de montagne où elle va se remettre à exercer sa profession de physiothérapeute. Mais, d'entrée de jeu, l'atmosphère du village et celle de l'hôtel sont étouffantes. L'écrivain écrit son récit en utilisant le vocabulaire du peintre : il s'en dégage un univers confiné et menaçant où l'âme torturée des habitants se reflète dans le vert sombre de la forêt, le noir des orages de neige et le bleu foncé des montagnes enserrant le village. Cela donne un thriller à la Hitchcock où on frôle la folie.   

Tous ses ouvrages sont publiés par Christian Bourgois et les éditions de poche par Point Seuil.

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