Selon un article de Jean-Jacques Courtine, professeur à l'université de la Sorbonne-Nouvelle (Paris-III) et Claudine Haroche, directeur de recherches au CNRS, paru dans le journal Le Monde du 1er novembre dernier, l'enseignement du français a été supprimé des programmes de l'Université d'Albany, dans l'Etat de New-York (SUNY). Il y a quelque temps, les sept professeurs titulaires de cet enseignement ont eu la stupeur de recevoir de leur présidence une lettre mettant fin à leur engagement. Aucune faute professionnelle ne leur est reprochée. Simplement, l'enseignement du français n'est plus considéré comme "bankable" (rentable) pour l'université.
Selon le professeur Courtine "Ce qui vient de se produire à Albany, au-delà de conséquences humaines auxquelles personne ne peut rester insensible, révèle des tendances générales extrêmement préoccupantes qui aujourd'hui affectent en profondeur l'enseignement supérieur aux Etats-Unis. Il existe à cet égard, en France, de tenaces illusions d'optique : on ne perçoit que la vitrine surexposée des établissements d'excellence des classements de Shanghaï, tandis qu'on ignore la face plus sombre d'une multitude d'universités anonymes qui prennent pourtant en charge la très grande majorité de la population étudiante.Ce secteur est aujourd'hui gravement menacé par une restructuration économique et intellectuelle brutale : les "désactivations" pratiquées à SUNY témoignent de la sévérité de coupes budgétaires qui liquident les domaines jugés les moins rentables (outre les programmes de français, ceux d'italien, de russe, de théâtre et de lettres classiques ont été simultanément rayés de la carte), tandis que l'emploi se précarise massivement. Il n'y a plus que 35 % d'enseignants titulaires ou en passe de l'être dans les universités américaines, alors que se développe un corps d'enseignants auxiliaires (adjuncts), précaires et nomades, dont l'existence se déroule, pour l'essentiel, sur les autoroutes qui les conduisent d'une université et d'une salle de classe à une autre. C'est ainsi qu'il faut entendre littéralement le sens véritable du conseil dispensé par la direction de SUNY Albany : "Aller poursuivre sa carrière ailleurs" c'est-à-dire derrière un volant. L'université, aux Etats-Unis, a été remodelée au lendemain de la seconde guerre mondiale selon les normes de l'entreprise américaine, conservant cependant deux "anomalies" historiques, étrangère à la culture d'entreprise, qu'elle avait héritées de la tradition universitaire européenne : la sécurité d'emploi (la tenure) et un secteur important d'activités intellectuelles qui n'était pas directement orientées vers le profit (les humanités). Ces deux "anomalies" sont en passe d'être "rectifiées" sous nos yeux. La sécurité d'emploi est lentement, mais sûrement, en train de disparaître de l'université américaine, avec l'érosion généralisée des protections individuelles qu'exige aujourd'hui le néo-libéralisme. Quant au sort des humanités, la brutalité des mesures adoptées par la présidence de SUNY Albany a, paradoxalement, un grand mérite : celui d'avoir démontré ce qui pourrait devenir une réalité banale pour des universités où, un beau jour, les humanités cesseraient d'être enseignées. Et où, avec elles, les fictions imaginées par Orwell tomberaient dans l'oubli…"
Inquiétant et inadmissible...
Autres liens : Université de l'Etat de New-York sur Wikipédia (en anglais)
Un titre énigmatique pour un blog qui me ressemble. Avec ces textes, ces images, ces musiques, je voudrais vous faire voyager en ma compagnie et vous faire partager mes goûts, mes heurs, mes douleurs, mes couleurs, mes coups de coeur...
"...don't be stuck in the every day reality, allow yourself to dream, have faith in your wildest dreams." [AaRON]
"Ne restez pas scotchés à la réalité quotidenne. Permettez-vous de rêver. Croyez en vos rêves les plus fous..." [AaRON]
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