"...don't be stuck in the every day reality, allow yourself to dream, have faith in your wildest dreams." [AaRON]

"Ne restez pas scotchés à la réalité quotidenne. Permettez-vous de rêver. Croyez en vos rêves les plus fous..." [AaRON]

dimanche 3 mai 2020

HOMMAGE A IDIR



Je viens d’apprendre que le chanteur kabyle Idir (de son vrai nom Hamid Cheriet) est mort hier à Paris à l’âge de 70 ans. Comme Leonard Cohen, Georges MoustakiGraeme Allwright ou Joan Baez (et quelques - nombreux - autres...), il avait accompagné mes années de fac à Grenoble où, mes copains et moi, nous nous prêtions et nous passions leurs disques en boucle. 

C’est, bien sûr sa chanson Ava Inouva qu’il interpréta pour la première fois, presque par hasard, sur Radio Alger en 1973, en duo avec la chanteuse Mila, qui me reste en mémoire. 

Je n’ai jamais trop su - ni cherché à savoir, d’ailleurs - de quoi parlait cette chanson interprétée en langue kabyle. C’est maintenant que je me pose la question. Grâce à Wikipedia, je découvre que le titre signifie « Papa Inouva ».

 

Il s’agit d’une berceuse qui évoque l'atmosphère des veillées dans les villages de Kabylie (où j’ai fait un court séjour avec mon frère Yvon pendant l'été 1970, la même année où nous avons résidé à la trappe de Tibharine.

Nous avions été reçus avec un merveilleux sens de l’hospitalité dans ce village kabyle perché dans la montagne (et dont j’ai oublié le nom) par un jeune instituteur rencontré à Alger et sa jeune femme dans leur petite maison aux murs en pisé peints de dessins berbères. C’est en partie ce séjour qui m’a conduit à étudier la civilisation berbère dans le cadre de ma thèse à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales et m’a permis de rencontrer une femme exceptionnelle, GermaineTillion

Le refrain de la chanson est une allusion à un conte (une jeune fille sauvant son père prisonnier d'une forêt peuplée d'ogres et de fauves) illustrant succinctement ces récits traditionnels transmis oralement. Les deux couplets dressent deux tableaux de la maisonnée. Un des tableaux décrit l'intérieur du foyer, chaque membre ayant pris place autour du feu. Le fils préoccupé par la nécessité de subvenir aux besoins de la famille. Son épouse, la bru, qui, bien qu'affairée derrière son métier à tisser, écoute discrètement les récits et les enseignements qu'elle aura à transmettre à son tour plus tard. La doyenne et grand-mère, qui transmet le savoir et les contes aux petits enfants. Le doyen qui écoute lui aussi, drapé dans son burnous. Le second tableau dresse un panorama de cette agora, avec ces portes bloquées par la neige (la région du Djurdjura d’où était originaire Idir, est formée de hauts plateaux qui culminent à plus de 2300 mètres), cette maisonnée qui rêve du printemps, de ces étoiles et de cette lune qui se sont retirées derrière les nuages.

Le succès de cette première chanson conduira Idir à Paris, en 1975, où Pathé Marconi lui propose de  produire son premier album. Le titre A Vava Inouva devenu un tube planétaire, diffusé dans 77 pays et traduit en 15 langues, fut aussi adopté par le peuple kabyle comme hymne non officiel dans son combat éternel contre le pouvoir algérien ce qui, par contre-coup fit du chanteur un exilé, indésirable dans son propre pays, où il ne revint chanter qu’en octobre 2017, après 38 ans d’absence.     

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