"...don't be stuck in the every day reality, allow yourself to dream, have faith in your wildest dreams." [AaRON]

"Ne restez pas scotchés à la réalité quotidenne. Permettez-vous de rêver. Croyez en vos rêves les plus fous..." [AaRON]

lundi 4 août 2014

VISITES DE L'ETE : FONDATION MAEGHT A ST. PAUL-DE-VENCE


Visiter la fondation Maeght[1]  est toujours pour moi un enchantement. C'est toujours avec une joie immense que je retourne dans cet endroit magique que j'ai découvert dans les années 70-80, grâce à mon amie Denise Bonjour, de Nice. L'architecture de la fondation s’intègre parfaitement au site, ombragé de majestueux pins parasols dont la verticalité forme un contrepoint à l’horizontalité des bâtiments de l’architecte catalan Josep Lluίs Sert[2]. L’environnement, à l’écart de la folie de la Côte d’Azur en été, est unique.

J’y suis allé, cette année avec Maman et Arthur, notre petit pigeon handicapé, qui est, depuis deux ans, de toutes nos visites et de nos voyages, ce qui en fait le pigeon le plus cultivé du monde ! Et il est bien accepté partout, sauf dans un seul musée, à Gênes, en Italie, où on nous refusa l’entrée.   

Le parc, avec ses étranges sculptures (Miró, Calder), plait à tous, et particulièrement aux enfants. Cette année, la Fondation fêtait ses 50 ans (elle a été inaugurée le 28 juillet 1964). Après avoir traversé la pelouse, où se dressent les œuvres de Calder et de Mirò, nous allons revoir avec émotion l’Homme qui marche de Giacometti, qui orne le patio, et caresser avec tendresse le marbre poli de l’Oiseau lunaire de Mirò.

        Giacometti sculpta ses premiers « hommes qui marchent » en 1947, au lendemain de la 2ème guerre mondiale qui a certainement encore plus bouleversé les artistes de cette époque, à la sensibilité exacerbée, que le reste de l’humanité. L’Homme qui marche de St. Paul a été réalisé en 1960 et installé à la Fondation dès son ouverture, en 1964 : on a des photos montrant Giacometti, qui, comme Bonnard, Braque et Miró, faisait partie du 1er cercle d’amis d’Aimé et de Marguerite Maeght, mettre la dernière main à ses sculptures dans le patio, en 1963. Les premières lithographies de Mirò, grand ami des Maeght, furent tirées, dès 1964, sur les presses de l’imprimerie Arte créée par Aimé Maeght.



Après être passés devant le bassin aux poissons en mosaïque du bassin de Georges Braque, où se reflètent les impluviums immaculés, évoquant des ailes d’oiseau marin, conçus par l’architecte visionnaire pour récupérer l’eau de pluie, rare sur cette colline aride, nous entrons dans les vastes salles lumineuses où le calme rappelle celle d’un monastère. On y flâne en toute tranquillité dans une ambiance décontractée et sereine. Je revois avec plaisir les œuvres de Miró, de Chagall, de Kandinsky dont on a du mal à croire que certaines ont plus d’un demi-siècle, tant elles sont toujours aussi actuelles, joyeuses et colorées. 


Je ne me lasse pas des perspectives que l’on découvre, depuis les salles vers l’extérieur, mais aussi de l’extérieur vers l’intérieur. J’ai eu la chance, cette année, de pouvoir monter sur les terrasses d’où l’on découvre le patio, les fontaines et le labyrinthe de Miró, qui lui aussi date des premières années de la Fondation. La Fondation est accrochée en balcon et, à travers les arbres, on devine en-dessous le village de Saint Paul et au-delà, la Méditerranée.


Pendant que nous attendions qu’une table se libère dans la cafeteria, le minuscule Café F, nous avons attendu sur la pelouse, Arthur contemplant avec étonnement, le majestueux stabile de Calder.

Puis, nous sommes allés passer un long moment de recueillement dans la pénombre de la petite chapelle Saint Bernard, décorée d’un vitrail bleu-sombre de Georges Braque.  La chapelle fut l’un des premiers éléments à être construits sur le site - ou plutôt reconstruit - car un vestige de chapelle, dédiée à saint Bernard, préexistait à cet emplacement. Or, Aimé et Marguerite, lorsqu’ils décidèrent de la construction de la Fondation qui porte leur nom, venaient de perdre leur fils de 11 ans, Bernard, d’une leucémie. Ils étaient dévastés lorsque leur ami, peintre Bonnard, leur conseilla de « se lancer, de faire quelque chose pour dépasser leur peine ». Sans doute virent-ils, dans l’existence de cette chapelle, un signe ? La Fondation Maeght que nous connaissons, si gaie, si chaleureuse, n’aurait peut-être jamais existé sans ce terrible drame…   

Si vous devez visiter un seul musée, visitez la Fondation Maeght, qui est bien plus qu’un musée, une œuvre vivante, fruit de l’amour d’un couple de mécènes extraordinaires pour l’art contemporain, en constante évolution et qui, malgré son demi-siècle d’existence, n’a jamais été aussi jeune, aussi dynamique.

En conclusion, je voudrais citer un extrait du discours d’André Malraux, ministre de la Culture du général de Gaulle, qu’il prononça pour l’inauguration de la Fondation, le 28 juillet 1964, car il me semble bien résumer, avec la flamboyance visionnaire du grand homme, ce que voulurent réaliser Marguerite et Aimé Maeght en construisant leur fondation :

« Madame, Monsieur,

« Vous venez de tenter ici, par le fait que vous avez tenté de résumer probablement la suite des amours d’une vie, par le fait que les peintres qui sont là se trouvent être tous à quelque degré ou bien des poètes ou bien des hommes qui expriment puissamment la poésie de notre temps, vous avez tenté de faire quelque chose qui n’est en aucune façon un palais, en aucune façon un lieu de décor et, disons-le tout de suite parce que le malentendu va croître et embellir, en aucune façon un musée.

« Ceci n’est pas un musée […] Mais ici est tenté, avec un résultat que nous n’avons pas à juger et qui appartient à la postérité, est tenté quelque chose qui n’a jamais été tenté : créer l’univers, créer instinctivement et par l’amour, l’univers dans lequel l’Art Moderne pourrait trouver à la fois sa place et cet arrière-monde qui s’est appelé autrefois le surnaturel. »

Roland Comte (Juillet 2014, texte revu en octobre 2023)

Notes 

[1] Se prononce [mag].

[2] Architecte du Pavillon de l'Espagne à l'Exposition internationale de Paris (1937) où fut exposé le célèbre Guernica de Picasso. Il est aussi le concepteur de l’atelier de Joan Mirò à Palma de Majorque (1956) et de la Fondation Mirò à Barcelone (1975). 

Fondation Maeght 623, chemin des Gardettes 06570 St. Paul-de-Vence (04 93 32 81 63) contact@fondation-maeght.com 

2 commentaires:

  1. c est une belle œuvre que de construire cette fondation aime serait heureux certainement si la saga maeght qui lui a succédé pouvait trouver la paix .peut être devraient ils tous retourner la ou tout a commence a la chapelle st Bernard et demander au patron du lieu la paix dans la famille .

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    1. C'est vrai que la chapelle St. Bernard respire la paix et favorise le recueillement.

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