Visiter la
fondation Maeght[1] est toujours pour moi un enchantement. C'est
toujours avec une joie immense que je retourne dans cet endroit magique que
j'ai découvert dans les années 70-80, grâce à mon amie Denise Bonjour, de Nice.
L'architecture de la fondation s’intègre parfaitement au site, ombragé de
majestueux pins parasols dont la verticalité forme un contrepoint à
l’horizontalité des bâtiments de l’architecte catalan Josep Lluίs Sert[2]. L’environnement, à
l’écart de la folie de la Côte d’Azur en été, est unique.
J’y suis
allé, cette année avec Maman et Arthur, notre petit pigeon handicapé, qui est,
depuis deux ans, de toutes nos visites et de nos voyages, ce qui en fait le
pigeon le plus cultivé du monde ! Et il est bien accepté partout, sauf
dans un seul musée, à Gênes, en Italie, où on nous refusa l’entrée.
Le parc, avec
ses étranges sculptures (Miró, Calder), plait à tous, et particulièrement aux
enfants. Cette année, la Fondation fêtait ses 50 ans (elle a été inaugurée le
28 juillet 1964). Après avoir traversé la pelouse, où se dressent les œuvres de
Calder et de Mirò, nous
allons revoir avec émotion l’Homme qui marche de Giacometti, qui orne le patio,
et caresser avec tendresse le marbre poli de l’Oiseau lunaire de Mirò.
Giacometti sculpta ses premiers « hommes qui marchent » en 1947, au lendemain de la 2ème guerre mondiale qui a certainement encore plus bouleversé les artistes de cette époque, à la sensibilité exacerbée, que le reste de l’humanité. L’Homme qui marche de St. Paul a été réalisé en 1960 et installé à la Fondation dès son ouverture, en 1964 : on a des photos montrant Giacometti, qui, comme Bonnard, Braque et Miró, faisait partie du 1er cercle d’amis d’Aimé et de Marguerite Maeght, mettre la dernière main à ses sculptures dans le patio, en 1963. Les premières lithographies de Mirò, grand ami des Maeght, furent tirées, dès 1964, sur les presses de l’imprimerie Arte créée par Aimé Maeght.
Après être passés devant le bassin aux
poissons en mosaïque du bassin de Georges Braque, où se reflètent les
impluviums immaculés, évoquant des ailes d’oiseau marin, conçus par l’architecte
visionnaire pour récupérer l’eau de pluie, rare sur cette colline aride, nous
entrons dans les vastes salles lumineuses où le calme rappelle celle d’un monastère. On y flâne en toute tranquillité
dans une ambiance décontractée et sereine. Je revois avec plaisir les œuvres de
Miró, de Chagall, de Kandinsky dont on a du mal à croire que certaines ont plus
d’un demi-siècle, tant elles sont toujours aussi actuelles, joyeuses et
colorées.
Je ne me lasse
pas des perspectives que l’on découvre, depuis les salles vers l’extérieur,
mais aussi de l’extérieur vers l’intérieur. J’ai eu la chance, cette année, de
pouvoir monter sur les terrasses d’où l’on découvre le patio, les fontaines et
le labyrinthe de Miró, qui lui aussi date des premières années de la Fondation.
La Fondation est accrochée en balcon et, à travers les arbres, on devine
en-dessous le village de Saint Paul et au-delà, la Méditerranée.
Pendant que
nous attendions qu’une table se libère dans la cafeteria, le minuscule Café F,
nous avons attendu sur la pelouse, Arthur contemplant avec étonnement, le
majestueux stabile de Calder.
Si vous devez visiter un seul musée, visitez la Fondation Maeght, qui est
bien plus qu’un musée, une œuvre vivante, fruit de l’amour d’un couple de
mécènes extraordinaires pour l’art contemporain, en constante évolution et qui,
malgré son demi-siècle d’existence, n’a jamais été aussi jeune, aussi
dynamique.
En conclusion,
je voudrais citer un extrait du discours d’André Malraux, ministre de la
Culture du général de Gaulle, qu’il prononça pour l’inauguration de la
Fondation, le 28 juillet 1964, car il me semble bien résumer, avec la
flamboyance visionnaire du grand homme, ce que voulurent réaliser Marguerite et
Aimé Maeght en construisant leur fondation :
« Madame, Monsieur,
« Vous venez de tenter
ici, par le fait que vous avez tenté de résumer probablement la suite des
amours d’une vie, par le fait que les peintres qui sont là se trouvent être
tous à quelque degré ou bien des poètes ou bien des hommes qui expriment
puissamment la poésie de notre temps, vous avez tenté de faire quelque chose
qui n’est en aucune façon un palais, en aucune façon un lieu de décor et,
disons-le tout de suite parce que le malentendu va croître et embellir, en
aucune façon un musée.
« Ceci n’est pas un musée
[…] Mais ici est tenté, avec un résultat que nous n’avons pas à juger et qui
appartient à la postérité, est tenté quelque chose qui n’a jamais été tenté :
créer l’univers, créer instinctivement et par l’amour, l’univers dans lequel
l’Art Moderne pourrait trouver à la fois sa place et cet arrière-monde qui
s’est appelé autrefois le surnaturel. »
Roland Comte (Juillet 2014, texte revu en octobre 2023)
Notes
[1] Se prononce [mag].
[2] Architecte du Pavillon de l'Espagne à l'Exposition internationale de Paris (1937) où fut exposé le célèbre Guernica de Picasso. Il est aussi le concepteur de l’atelier de Joan Mirò à Palma de Majorque (1956) et de la Fondation Mirò à Barcelone (1975).
Fondation Maeght 623, chemin des Gardettes 06570 St. Paul-de-Vence (04 93 32 81 63) contact@fondation-maeght.com
c est une belle œuvre que de construire cette fondation aime serait heureux certainement si la saga maeght qui lui a succédé pouvait trouver la paix .peut être devraient ils tous retourner la ou tout a commence a la chapelle st Bernard et demander au patron du lieu la paix dans la famille .
RépondreSupprimerC'est vrai que la chapelle St. Bernard respire la paix et favorise le recueillement.
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