"...don't be stuck in the every day reality, allow yourself to dream, have faith in your wildest dreams." [AaRON]

"Ne restez pas scotchés à la réalité quotidenne. Permettez-vous de rêver. Croyez en vos rêves les plus fous..." [AaRON]

mardi 28 septembre 2010

James Blunt - Goodbye My Lover [OFFICIAL VIDEO]



James BLUNT - Goodbye My Lover.

SUR FRANCE INTER THOMAS LEGRAND ANALYSE LE DISCOURS DE GRENOBLE DE N. SARKOZY


J'ai entendu l'édito politique de Thomas Legrand dans le 7/9 de France Inter, lundi 27 septembre 2010 et j'ai trouvé ses propos si intéressants que j'ai voulu vous les faire partager.

"D’abord, c’est un exercice instructif que de commenter et analyser un discours événement, deux mois après. Dégagé de l’atmosphère du moment... Ce qui frappe à la relecture, c’est de constater à quel point ce discours est un discours de réaction. « Réaction » dans tous les sens du terme. Et c’est vrai qu’il fallait bien réagir, après de tels événements. La question est toujours de savoir d’abord à quel niveau de l’Etat doit se manifester cette réaction ? Le président a choisi de réagir lui-même et à chaud, ce qui donne à ce discours le ton, l’intensité mais aussi la faiblesse d’un réflexe. C’est un discours exécutif, un discours de capitaine, sabre au clair, voire de général d’armée avant la bataille, pas très présidentielle. Ce n’est pas un discours fait pour apaiser. Le mot « guerre » y est prononcé six fois. Un chef d’Etat qui parle de "guerre intérieure", voilà qui nous amène à l’autre acception du mot « réaction ». « Réaction » au sens réactionnaire. On qualifiait de "réactionnaires" les périodes, sous Louis XVIII ou Charles X, pendant lesquelles l’avancée du droit, la marche de la démocratisation marquaient des arrêts ou des reculs. Certes, le discours de Grenoble n’est qu’un discours, il affirme des choses qui ne se feront pas, qui ne tiennent pas au-delà du discours (comme la déchéance de nationalité) mais toutes les propositions avancées par le chef de l’Etat sont des durcissements du droit. On y retrouve quelques truismes habituels du discours qui entend parler le peuple : « la France ne peut accueillir toute la misère du monde » emprunté à Michel Rocard… sauf que la suite de la phrase de Michel Rocard, que le président oublie toujours de citer c’est « mais elle doit en prendre fidèlement sa part ». Il y a aussi cette phrase… « Être Français, ça se mérite ». Oui, c’est une affirmation classique, or être Français, pour 99% des Français, est le fruit du hasard, et si être Français devait se mériter, alors ceux qui ont traversé les mers et pris tous les risques pour venir ici mériteraient certainement plus d’être Français que ceux qui se sont contentés d’y naître. Le président aurait pu dire, pour marquer une nécessaire fermeté, tout en restant dans les clous des principes républicains « que devenir Français nécessite une adhésion et une volonté d’intégration plus manifeste ». Mais c’est surtout le lien direct établi entre immigration et insécurité qui est la marque du discours réactionnaire. C’est une affirmation ni fausse ni vraie mais qui ne se suffit pas à elle-même. On pourrait dire, sans doute avec plus de pertinence, s’agissant de la situation de nombreux quartiers périphériques de grandes villes en France, que « l’insécurité est directement liée à l’urbanisme et à la ghettoïsation ». Bien que dire ça, serait sans doute aussi une affirmation incomplète… la vision simpliste mais symétrique à gauche, qui consiste à surestimer le contexte et la condition sociale pour expliquer la violence et donc commencer à l’excuser. Et c’est là que réside la principale critique que l’on peut faire au discours de Grenoble. Il est binaire. Il dénonce les angéliques de tous poils comme si le président voulait récréer cette bipolarité, cette vision manichéenne qui tend pourtant à disparaître : d’un côté les sécuritaires, les répressifs, les réalistes… de l’autre les angéliques, les irresponsables, les faibles. Cette vision très vingtième siècle du débat sur la sécurité, très politiquement pratique, ne correspond plus du tout à la réalité mais donne à ce discours une odeur bien caractéristique, celle d’une stratégie, d’une tactique, d’une communication politique, un peu aux abois."

jeudi 16 septembre 2010

EU's Reding proposes legal action against France over Roma deportations



Je souscris entièrement à chacun des mots du discours de Viviane Reding au sujet de la politique actuelle du gouvernement français envers les Roms, violant en cela les traités européens. Je souhaite qu'elle ne se laisse pas intimider par les rodomontades du détestable personnage qui représente, hélas, actuellement notre pays.

mercredi 1 septembre 2010

SERGE PORTELLI, MAGISTRAT, APPELLE A UNE REACTION DEMOCRATIQUE CONTRE LES DERIVES DU POUVOIR

Serge Portelli est magistrat et Vice-Président du Tribunal de Paris 

"Le sarkozysme, la droite-extrême et l’extrême-droite


Qu’il est réconfortant ce premier tollé contre les derniers projets du pouvoir! Premier, puisqu’il faudra nécessairement que nos voix se fassent entendre plus fortement encore pour défendre les valeurs de la République, le 4 septembre prochain. Mais quelle naïveté chez ceux qui y voient un “dérapage”, une “outrance”, une pure opération électoraliste, une manoeuvre de diversion destinée à conquérir des voix du Front National. À croire qu’ils n’ont jamais vraiment lu ni écouté les discours nous sommes pourtant abreuvés depuis quelques années. Aucune des mesures qui nous font frémir ou nous soulèvent le coeur n’est le fait des circonstances. Il n’y a ni exagération ni infléchissement, ni même durcissement d’une ligne politique. Nous sommes dans le droit fil de l’idéologie sarkozyste dont beaucoup s’obstinent encore à nier l’existence et dont l’actuel président de la République n’est jamais que le principal, mais provisoire porte-parole.


Nous assistons à l’une de ses dernières et inévitables évolutions: la confusion, dans une France qui glisse lentement vers la droite, entre cette droite-extrême qu’est le sarkozysme et l’extrême-droite classique. Dans le dernier programme en vente à ce jour (car le catalogue varie de jour en jour) nous trouvons donc - la déchéance de leur nationalité française de certains Français “d’origine étrangère” qui auraient volontairement porté atteinte à la vie d’un membre des forces de l’ordre (première version présidentielle) ou (seconde version ministérielle) contre les coupables de polygamie, d’excision, d’appel au travail illégal , voire d’actes de délinquance grave (sic) - la fin de l’acquisition automatique de la nationalité française au moment de la majorité pour des mineurs étrangers s’ils ont commis des actes de délinquance - la dénonciation explicite de l’immigration comme facteur de délinquance - des mesures censées mettre fin au “comportement” de “certains parmi les gens du voyage et les Roms”, dont “la reconduite quasi immédiate des Roms qui auraient commis des atteintes à l’ordre public ou à des fraudes en direction de la Roumanie et de la Bulgarie” et des expulsions des campements illégaux. - des peines de prison pour les parents de mineurs délinquants en cas de défaillance caractérisée (deux ans d’après l’honorable parlementaire, Eric Ciotti, qui dit mieux?) - l’extension du système des peines planchers en cas de violence - une peine de 30 ans de réclusion pour les auteurs de crime contre un représentant des forces de l’ordre...


Ce déluge de réformes n’a que l’apparence d’une énumération à la Prévert. Il faut être aveugle pour ne pas voir, derrière chacune de ces mesures ou de ces déclarations, une conception très précise et singulière de l’homme, de la société et des libertés, un dessein parfaitement réfléchi, extrêmement cohérent et inlassablement répété. Bref, une “idéologie”, terme que le sarkozysme réfute toujours pour en affubler ses adversaires puisque, pour lui, l’idéologie c’est toujours l’autre.


Au fond de cette idéologie, il y a le fantasme archaïque d’une humanité simplifiée, sans le moindre degré de complexité. Avec d’un côté les bons, de l’autre les mauvais. D’un côté, ceux qui respectent des valeurs fondamentales que le candidat à l’élection présidentielle énumérait dans un de ses discours de campagne, à Marseille, le 19 avril 2007: “la famille, la patrie, la religion, la société, le travail, la politesse, l’ordre, la morale”. De l’autre, tous ceux qui, d’une façon ou d’une autre ne les respectent pas et qui, selon l’une des expressions favorites du régime, ramassée sur le zinc d’un comptoir et à nouveau ressassée ces derniers jours, “empoisonnent la vie des honnêtes gens”. À partir de cette vision manichéenne du monde, se bâtit l’autre fantasme, plus récent, d’une société sans risque, aseptisée, obsédée par une sécurité absolue, dans laquelle les principes de précaution puis d’exclusion s’appliquent à tout ce qui peut représenter un danger. Le ressort idéologique secondaire est donc la peur. Peur, minutieusement entretenue, de tous les fauteurs de trouble de ce nouvel ordre moral et sécuritaire. Dans cette société violente, on préférera stigmatiser, déchoir, humilier, expulser, enfermer que d’affronter les vrais problèmes. Contrairement au credo affiché, il ne s’agit pas d’être efficace, mais de frapper fort, devant les médias, et d’impressionner l’opinion publique.


Rejoignant les thèmes fondamentaux de l’extrême droite, le sarkozysme met au premier rang de ces peurs l’étranger ou l’immigré qu’il assimile constamment au délinquant, fustigeant les “cinquante ans d'immigration insuffisamment régulée” (y compris donc de 2002 à 2004 et de 2005 à 2007...), martelant que “la question des étrangers est un problème majeur dans notre pays” (Frédéric Lefebvre, le 5 août dernier). Si le mot xénophobie a un sens, il faut donc admettre, après tant d’années de démonstration acharnée, que le sarkozysme est xénophobe. Qui a oublié les propos de Nicolas Sarkozy, le 22 avril 2006,: “si certains n'aiment pas la France, qu'ils ne se gênent pas pour la quitter”, calqués sur le slogan de Philippe de Villiers, rallié depuis lors: “la France, aime-là ou quitte-là”, et directement inspirés de la vulgate lepéniste. Qui ne voit pas la politique inhumaine et féroce de reconduite à la frontière qui brise chaque jour des familles et des vies? Tout ceci sous la houlette d’un calamiteux ministère de “l’identité nationale”. Qui a oublié voici à peine deux mois, la condamnation en première instance à 750 euros de notre jovial ministre de l’intérieur pour injures raciales pour avoir dit, à propos des personnes d’origine arabe: “Quand il y en a un, ça va. C’est quand il y en a beaucoup qu’il y a des problèmes”? Nous sommes face à une xénophobie populiste qui s’inscrit dans le nationalisme le plus obscur, le plus rétrograde qui soit.


Le projet actuel concernant la déchéance de nationalité s’inscrit dans le droit fil de cette idéologie. Il s’appuie sur des notions héritées de notre histoire la plus sombre. L’expression de “Français d’origine étrangère” estampille définitivement le projet. La stigmatisation des Roms et de leur “comportement” est très exactement de la même veine. D’autant qu’il confond intentionnellement dans la même opprobre ces citoyens de l’Union Européenne (Bulgares et Roumains) avec les “gens du voyage”, dont l’immense majorité est française. Tout ceci devient insupportable. Nous sommes aux antipodes d’une société républicaine où l’égalité, la liberté, le respect de l’autre, la tolérance, la solidarité, le partage sont à la base de la paix civile et du progrès social. Les Français sont tous égaux devant la loi. Pourquoi ce principe fondamental est-il inscrit à l’article premier de la Constitution? Parce que la France ne veut plus revivre les abominations d’une politique raciste et xénophobe. Parce que les fondateurs de notre République ont voulu interdire à tous les gouvernants de distinguer selon l’origine. Parce qu’ils ont voulu faire de notre pays une terre d’accueil, de solidarité et d’asile. Oui, ces projets sont anticonstitutionnels. Pire, ils sont indignes.


Les autres mesures sur la délinquance et les mineurs tentent, eux, de nous persuader que nous sommes dans un monde en guerre. Cette énième déclaration des hostilités attire heureusement autant de sourires que les hardiesses d’un général boum-boum dans une opérette d’Offenbach. Selon la recette usée jusqu’à la corde du sarkozysme triomphant, il s’agit de faire voter une nouvelle loi qui, cette fois-ci, on vous le jure, anéantira l’ennemi. Dans cette conception affligeante de la loi, il suffit d’aggraver une peine pour stopper la criminalité. On imagine les délinquants, attentifs, eux, aux éditions de septembre du journal officiel, tourner fébrilement les pages de la rubrique “textes législatifs” et déposer subitement les armes en voyant l’imparable sévérité de ce gouvernement. Arrêtons de plaisanter et de se moquer du peuple. Les peines plancher sont un effroyable échec malgré les statistiques joyeuses du ministère de la justice. On croyait que la récidive avait épuisé jusqu’aux ultimes ressources de la démagogie. Le président de la République a relevé le défi. Lui qui avait promis de régler définitivement le problème de la récidive avant la fin de l’été. 2007. La dernière loi sur le sujet date du mois de mars dernier. Les parents des mineurs récidivistes seraient donc sanctionnés pénalement. Si jamais ce projet lumineux était adopté peut-être se trouvera-t-il un juge - constitutionnel par exemple - pour rappeler que, dans une démocratie, toute responsabilité pénale est individuelle. Personne ne peut être puni pour une infraction commise par un autre, même son frère, même ses parents, même ses enfants. Il fut un temps, fort lointain, bien bien avant la Révolution française, où la responsabilité était familiale. C’était le temps des huttes, des peaux de bêtes, des clans et des vendettas. Le progrès, la civilisation sont passés par là. Le droit aussi. Mais la “performance de la sécurité intérieure”, on peut le comprendre, a ses exigences. Supérieures aux avancées de l’humanité. Il nous fallait, jusque présent, pour tenter de raisonner ce gouvernement, nous arc-bouter sur les principes de la convention européenne des droits de l’homme. Il a fallu se replier sur le programme du conseil national de la résistance. Puis s’arrimer aux acquis de la Révolution. Nous voici rejetés, avec ce projet fou, aux premiers temps de l’humanité.


Certains parlent de Vichy, d’autres même de nazisme. Il faut garder raison. Nous quittons la démocratie - le constat est déjà assez rude - pour nous engager dans un Etat-limite où le mot d’ordre est à la répression, aux expulsions, aux enfermements, à la surveillance. Ce qu’il reste de la police est jeté, en pure perte, aux avant-postes d’une bataille purement idéologique. On assiste parallèlement à une mainmise de la police (d’une certaine police en tout cas) sur les institutions de la République. Pas simplement par la nomination de super-policiers comme préfets. Le Figaro nous apprend ainsi que “ce plan de bataille [a été ]soigneusement mis au point par l’Elysée, à coup de réunions secrètes avec la haute hiérarchie policière, sous la houlette sur secrétaire général de l’l’Elysée, Claude Guéant”. On ose à peine rappeler que ce dernier fut nommé directeur général de la police nationale par Charles Pasqua en 1994. Quel bonheur de voir ainsi la police, aux plus hautes marches de l’Etat, veiller au bon fonctionnement de nos institutions! Quelle chance pour nos libertés, surveillées avec autant de sollicitude par la maréchaussée!


Toute cette agitation, à moins de deux ans des élections présidentielles, précipite une évolution ancienne et lourde de dangers pour la société française: le renforcement et la banalisation des idées du Front National. Elle traduit la confusion tragique de deux discours: celui du sarkozysme et celui de l’extrême-droite. Il est encore trop tôt pour savoir qui, dans les urnes, profitera de cette gémellisation des extrêmes si ce n’est que le Front National a l’avantage de l’ancienneté et que l’électorat, sur toute l’étendue de l’échiquier politique, a toujours préféré l’original à la copie. Le sarkozysme s’était jusqu’à présent préservé de ce danger en usant et abusant du discours paradoxal, en citant parfois Jaures ou Blum, en grappillant quelques idées de l’opposition ou en séduisant quelques figures usées de la gauche. Ce temps est passé. Il n’y a plus aucun lien possible entre la gauche et le sarkozysme. Comment ne pas éprouver une sincère compassion pour Jean-Marie Bockel, toujours secrétaire d’Etat auprès de la ministre de la Justice - et des Libertés! - qui vient de se voir confier une mission de réflexion et de proposition sur la prévention de la délinquance des jeunes? Un autre rapport aurait été bienvenu sur la future triple peine qu’instaure le projet de déchéance de la nationalité.

Il va donc falloir s’habituer à ce discours commun, à ces propositions croisées, à cette surenchère permanente du sarkozysme et de l’extrême droite. Nous n’en sommes qu’aux prémisses. Le pire est à venir car cet électorat va vouloir des actes: c’est précisément là que nos compères seront départagés. Attendons-nous à la démagogie la plus épaisse. À d’autres mesures vengeresses. Tous les préjugés, toutes les peurs vont être exploités jusqu’à la lie. Il n’est pas étonnant que, dans un premier temps, ces mesures, habilement présentées, recueillent l’assentiment d’une majorité de la population. Elles sont minutieusement étudiées pour, dans un premier temps, flatter ce qu’il y a de plus bas, de plus vil, de plus vulgaire en nous tous. Mais il suffit d’un peu de réflexion, d’un peu de temps pour que la raison reprenne ses droits."


Il appartient à tous les démocrates, où qu’ils soient, qui refusent ces extrêmes, de se mobiliser. De choisir, comme d’habitude, la voie difficile, longue, risquée de la réflexion, de la mesure, de la responsabilité pour rappeler quelles sont les vraies valeurs de la République.

http://chroniquedelhumaniteordinaire.blogs.nouvelobs.com/archive/2010/08/07/le-sarkozysme-la-droite-extreme-et-l-extreme-droite.html

Merci à Jacqueline F. pour m'avoir fait connaître ce texte.